Chapitre IX

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— Il dort enfin, annonça Alexei en descendant les escaliers. 

Assis sur le canapé, Christian ruminait encore ce qui s’était passé dans l’après-midi. Il avait du mal à avaler la “blague” du jeune garçon. Il avait même du mal à croire qu’il s’agissait d’une blague. Quand son mari s’assit près de lui et vint se coller contre son torse, il se mordit la lèvre. Il ne voulait pas passer pour le méchant de l’histoire, mais il pensait vraiment que ce gamin voulait l’évincer de la vie de Alexei. Alors il prit son courage à deux mains et lâcha sa bombe. 

— On ne va vraiment pas reparler de ce qui est arrivé ? 
— Christian, je te l’ai dit… C’était une blague. 
— J’ai du mal à croire ça. Puis même si c’était une blague comme tu dis… Il faut être sacrément tordu pour en faire une de ce genre. 
— Il a grandi avec des parents homophobes, qui l’ont conditionnés à être homophobe. Tu m’excuseras si je pense qu’il ne pensait pas à mal en disant qu’il ne te connaissait pas. Tu étais devant son école ! Il a juste eu peur ! 

Christian retint un grognement en sentant le blondinet se décoller de lui. Il sentait bien à son regard qu’il était furieux. Mais il ne pouvait pas laisser passer ce que Nicolas avait fait. Sinon c’était la porte ouverte à toutes sortes de “blagues” du même genre. 

— Alors changeons son éducation ! Alexei, il a besoin de comprendre que c’est normal qu’on soit tous les deux ensembles. Au pire, on a qu’à le changer d’éco-...
— Non, cria Alexei en l’interrompant dans sa phrase et en se levant, je ne vais pas encore lui enlever des repères ! Il est déjà traumatisé par l’accident de nos parents ! Et avoir un couple d'hommes pour veiller sur lui, c'est déjà assez bouleversant comme ça pour lui ! 
— Qu’est-ce que tu veux dire ? Que je suis de trop ici ? 
— Arrête d’être parano, Christian ! Tu n’es pas de trop ! Je dis juste que tu veux tout changer beaucoup trop vite pour lui ! 
— Parce que tu es malheureux ! Et que tu es la seule personne qui m’importe ! 
— Mais c’est ma famille ! 
— Et moi alors ?! Je suis quoi ?! J’étais ta famille jusqu’à ce qu’il arrive dans ta vie ?! Et Aiden ?! Et Jean ?! Et Hugo ?! Et Aaron ?! Ils ne sont pas de ta famille eux-aussi ?! 

Il y eut un blanc. Un très, très long silence. Mais après tous ces cris, c'était loin d'être apaisant. Il s'agissait d'un silence pesant, pleins de sous-entendus, de quiproquo et de nons-dits. Christian serra les poings. Il n'aimait pas ça. Il ne savait pas à quoi Alexei réfléchissait. Il ne savait pas à quoi il pensait. Il avait peur, incroyablement peur. 

— Hugo a dit… que tu étais comme son grand-frère, ne put-il s'empêcher d'ajouter. 
— Je… je ne vous abandonne pas… mais je ne peux pas l'abandonner lui, Christian !
— Ce n'est pas ce que je te demande, amour… je veux juste que tu penses un peu plus à toi. Cette maison est en train de bouffer. Tu as trop de souvenirs douloureux ici, ça te déprime… je suis là pour veiller sur toi avant tout, tu sais ? Je ne veux pas de séparer de lui.
— La dernière fois que j'ai pensé à moi je l'ai abandonné.
— Le contexte était différent. Tu ne pouvais pas le prendre avec toi. Maintenant tu peux…

Alexei soupira. Cependant, il ne revint pas s'asseoir à côté de son mari, ce qui fit paniquer encore plus ce dernier. Il sentait venir une nouvelle bombe. Une effrayante bombe…

— Je pense qu'il vaut mieux que j'y réfléchisse seul.
— Seul ? Tu me demandes de dégager ?
— Je te demande juste de me laisser pour ce soir. On se reverra demain au club, comme prévu. 
— Ne me fais pas ça, Alexei. On doit affronter ça ensemble, ne me laisse pas sur le côté.
— J'ai juste besoin de réfléchir à tête reposé. Et te connaissant tu vas m'influencer. Donc… juste ce soir.
— Très bien… juste ce soir. Pas un de plus. 

Le châtain se leva, les poings toujours aussi serrés. Il avait de hurler encore plus. Il avait envie de cogner quelque chose pour se calmer. Mais au lieu de ça, il choisit d'embrasser passionnément son soumis avant de quitter la maison. En espérant sincèrement qu'il n'y aurait pas un soir de plus.

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant