Chapitre VI

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— Alors, comment ça se passe ?

Alexei leva la tête des magazines de décoration qu'il était en train de feuilleter et regarda son meilleur ami. Assis nonchalamment près de lui, Aiden regardait Jean et Christian discuter avec le photographe et les mannequins. Il faisait mine de ne pas être attentif à sa réponse mais le blond savait que c'était loin d'être le cas. Il utilisait juste cette technique pour ne pas lui mettre la pression.

— On est arrivé hier, Aiden. Il n'y aucune raison que ça se passe mal pour le moment. Juste... mes parents et leurs idées sont passés par là.

Le brun renifla dédaigneusement et Alexei ricana. Décidément, tout le monde détestait ses parents. Surtout Aiden. En même temps, il en avait vu des choses quand il venait chez lui. Sa mère ne se retenait pas de l'insulter devant son meilleur ami, ni même de le punir.

— Tu penses que ça va poser problème ?

— Non, Christian s'en est apparemment occupé cette nuit.

— Christian ? Sérieusement ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

— Oh, du grand art. Nicolas l'a réveillé parce qu'il avait fait un cauchemar, quand il est allé le recoucher il a demandé si Historia pouvait dormir avec lui et Chris lui a répondu quelque chose comme seulement si tu arrêtes d'être homophobe, expliqua Alexei en tentant d'imiter Christian.

Aiden explosa de rire. Son ami était très mauvais imitateur mais le voir faire de l'humour le rassurait un peu. Il était inquiet de le savoir de retour dans cette maison. En soit, il savait qu'il pourrait élever son frère sans problème mais pas là-bas. Même lui, qui n'y avait pas vécu comme son meilleur ami, détestait cet endroit. Il dégageait des ondes négatives et il craignait qu'elles ternissent de nouveau le beau sourire de son ami.

— Vous allez rester dans la maison ?

— Oui. Je ne peux pas perturber plus Nicolas. Il est déjà angoissé par la mort de nos parents et vivre avec deux inconnus n'aide pas. Je vais juste la remettre un peu plus à notre goût, répondit le mannequin en entourant un canapé dans le magazine.

— Et votre appartement ?

— On le garde pour Aaron et Hugo quand ils viennent le week-end. Et pour que Chris puisse travailler tranquille, j'ai pas envie de le forcer à aller dans les bureaux de mes parents.

— Et... pour toi ?

— Pour moi ?

Alexei releva la tête en fronçant les sourcils. Il ne comprenait pas le sens de la question. Le brun soupira et détacha enfin son regard du shooting photo pour se tourner vers lui.

— Tu veux rester dans la maison pour Nicolas. Tu gardes l'appartement pour Aaron et Hugo. Tu ne veux pas que Christian ait à être dans le bureau de tes parents. Tu ne penses qu'aux autres. Mais toi, dans tout ça ?

— Je vais bien. Je t'assure. Je ne suis pas tout seul en plus.

— Non. Mais Christian ne sait pas tout.

— Il en sait bien assez... Mes parents ne voulaient pas de moi, me considéraient comme un monstre, ma maladie et mon homosexualité n'ont pas arrangé les choses. C'est tout ce qu'il y a à dire de toute façon.

Aiden soupira. C'était très résumé mais c'était vrai. À part des détails horrifiants, il n'y avait rien à ajouter. Mais Alexei n'avait sûrement pas envie d'y repenser. Pourtant, il aurait aimé qu'il se confie un peu plus à son dominant. Sûrement parce qu'il savait que le blond cachait beaucoup de choses douloureuses que cet endroit devait lui rappeler jour et nuit.

Une main se posant sur sa joue sorti le manager de ses pensées. Il releva les yeux vers Jean, qui était venu les rejoindre, suivi de son cousin. Il s'efforça de faire disparaître le pli soucieux sur son front et de sourire. Cette inquiétude était sûrement infondée, alors autant ne pas causer du souci à son dominant.

— Nicolas va bientôt terminer l'école, il faut que j'aille le chercher, annonça Alexei en fermant ses magazines quand son mari arriva à son niveau.

— Je viens avec toi, je lui ai promis qu'on irait trouver quelque chose pour ses cauchemars. Je peux vous laisser vous charger du reste ?

— Évidemment, répondit Jean, à demain.

Ils se saluèrent et le petit couple les abandonna dans le studio que Christian avait aménagé pour prendre des photos. Aiden blottit sa joue contre la main de Jean en fermant les yeux. Quelque chose lui nouait le ventre, ce sentiment horrible d'inquiétude, et il n'arrivait pas à le chasser.

— Tu es toujours inquiet...

— De quoi ?

— Pour Alexei. Vous avez pourtant l'air d'avoir parlé mais tu es toujours inquiet.

— Il a vécu des atrocités là-bas. Quand il est parti et que je l'ai récupéré, il était détruit. Et je ne veux pas... J'ai peur de le retrouver encore comme ça.

— Quoiqu'il arrive Christian restera avec lui. Et nous sommes là, nous aussi. Il a des amis. Il n'est plus seul, chéri.

— Oui... tu as sûrement raison.

— Juste sûrement ? J'ai toujours raison, mon Loup.

— Oh tu crois ? Tu veux que je te rappelle toutes les fois où tu as eu tort ?

Jean laissa échapper un rire et son amant se détendit aussitôt en entendant ce son. Il était apaisant, rassurant. Après tout, son fiancé avait raison, Alexei n'était plus seul. Il ne serait plus jamais seul.

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant