Chapitre XXV

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Christian tapa du poing sur son bureau. Il allait devenir fou. Voilà une semaine que Alexei et lui recevaient la même lettre, tous les jours. Son contenu ne changeait pas. Et après une enquête interne au club, il n’avait trouvé personne qui aurait pu faire ça. Son mari posa une main sur son épaule pour tenter de l’apaiser, sans grande efficacité. Comment pouvait-il rester calme, alors que quelqu’un en avait clairement après son mariage et qu’il n’arrivait pas à trouver de qui il s’agissait ? Il allait finir par retourner son bureau s’il ne trouvait pas le coupable. 

— Tu es sûr que c’est un des membres, lui demanda Jean en regardant à nouveau les photos. 

— Ce sont les seuls qui ont accès au magazine. Ou alors, quelqu’un a publié ses photos quelque part et une personne mal intentionnée serait tombée dessus ? C’est à n’y rien comprendre. 

— On a contacté tous ceux qui avaient accès au magazine, Christian. Et si quelqu’un avait quelque chose à se reprocher, tu penses vraiment qu’il te l’aurait dit, tenta de le raisonner Alexei. 

— Parfois, ça peut suffire. 

— Je n’en doute pas, chéri, mais ce ne sera pas pour cette fois.

Le châtain soupira longuement et se prit la tête entre les mains. Il détestait ça. Ce n’était pas le fait d’être menacé qui l’inquiétait. Ni le fait que les photos puissent être accessibles à d’autres, Alexei et lui n’en avaient pas honte. Non, ce qui l’inquiétait, c’était de savoir que sa famille n'était plus en sécurité, que ce soit au club ou chez eux. Et il détestait ne pas être en mesure de la protéger. 

— Vous avez prévenu la police, demanda Aiden en regardant ses messages pour savoir si une de ses connaissances avait pu trouver une quelconque information sur une potentielle fuite de photos. 

— Évidemment, mais ils ne trouvent pas que ce soit un problème urgent. Ils disent que ça finira bien par s’arrêter, à moins que l’expéditeur ne se trahisse et qu’on ait plus d’informations pour les forcer à agir, expliqua Christian en soupirant à nouveau. 

— Et vous avez essayé d’attendre de voir qui déposait le courrier ? 

À la remarque de Jean, Christian se frappa le front. Quel idiot ! Il avait pensé à tout, sauf à ça. Le second gérant du club ricana légèrement. Ce n’était pas dans les habitudes de son cousin d’oublier une chose aussi simple, mais cette histoire avait l’air de beaucoup le perturber, plus que ce qu’il voulait laisser paraître. 

— Comment on a pu ne pas y penser, rigola Alexei. 

— J’en sais rien, mais on est vraiment stupide. C’est évident que quelqu’un vient la déposer en plus, elle n’est même pas timbrée. On va mettre une caméra dès demain. 

— Et si on discutait d’autre chose, proposa le mannequin en frappant dans ses mains, votre mariage qui a lieu ce week-end, par exemple. 

Aiden soupira légèrement. Alexei avait un don quand il s’agissait de détourner les conversations qui le concernait. Il n’arrivait même pas à savoir comment il se sentait dans cette histoire. Il espérait simplement qu’il ne gardait pas tout pour lui et se confiait à Christian, même s’il avait quelques doutes. Il connaissait son meilleur ami, il était du genre cocotte-minute. Il cachait tout ce qu’il ressentait jusqu’à ce que ça explose. La dernière fois, il avait eu une impressionante crise de panique. Qui sait ce que ce serait, maintenant ? 

~~~

— Tu as quelque chose, demanda Alexei alors que Christian vérifiait les images de la caméra. 

Ils l’avaient installée dès le lendemain de leur discussion au club avec Jean et Aiden et avaient attendu deux journées pour être certains d’avoir des images de jour comme de nuit. Christian avait passé son vendredi chez eux pour pouvoir trouver quelque chose mais, pour le moment, il ne s’était rien passé d’intéressant. 

— Non, toujours rien, j’ai presque fini la journée de mercredi, répondit le châtain en buvant son café, même en accéléré c’est foutrement long. 

— L’important c’est que l’on trouve qui c’est. Elle a sûrement été déposée dans la nuit. 

— Sûrement. Il y a moins de risques de se faire remarquer à ce moment-là. 

Alexei soupira en s’asseyant près de son mari. Il était fatigué. Cette histoire l’empêchait de dormir correctement, il devenait presque paranoïaque. Tout le monde semblait avoir de mauvaises intentions. Et en plus, il fallait le cacher à Nicolas, il n’en pouvait plus de faire semblant. 

Christian passa son bras autour de sa taille et le serra contre lui, déposant un baiser sur son front. Il pouvait sentir son stress rien qu’en le regardant, mais malheureusement, il ne pouvait rien faire de plus. Il continua de regarder les images sur son ordinateur en caressant la taille du blond. C’était tellement long, mais il ne pouvait pas relâcher sa vigilance ou il risquait de manquer quelque chose d’important.  

— Tu as ouvert celle d’aujourd’hui, demanda-t-il en se rappelant que Alexei avait été chercher le courrier vers midi. 

— Non… c’est vraiment nécessaire ? 

— Son contenu a peut-être changé. On sait jamais. 

Le blond soupira à nouveau mais s’exécuta. Christian avait raison, si ça se trouve il y avait un indice dans la lettre d’aujourd’hui. Il la ramena et s’assit lourdement sur le canapé en l’ouvrant et en vidant son contenu. Et en effet, au milieu de toutes les photos du magazine, il y avait autre chose. Une photo d’eux et de Nicolas sur le chemin de l’école, prise la veille. Le visage de Christian y était à nouveau gribouillé au marqueur rouge et, en-dessous, des mots extraits d’un journal étaient collés pour former une phrase. 

— Quitte-le, pense à ton frère, lut-il en fronçant les sourcils, qu’est-ce que Nicolas vient faire là-dedans ? 

— Je crois savoir. Regarde. 

Alexei se pencha sur l’écran de l’ordinateur pour voir qui se trouvait devant la boîte aux lettres et pâlit en reconnaissant les parents de sa mère. Il aurait dû se douter qu’il avait obtenu trop facilement la tutelle de Nicolas. En fait, ces vieux cons n’avaient pas baissé les bras, ils avaient juste changé de tactique.

— Ils vont me le payer, grogna le blond en froissant la photo entre ses mains. 

— Alex’... ? 

Surpris par le ton qu’il avait employé, Christian se tourna vers lui. Il regarda le poing serré de son mari, sa mâchoire contractée par la fureur et remarqua que ses yeux s’étaient assombris. Il  se demanda s’il l’avait déjà vu dans un tel état. Il en était presque effrayé.  

Parce que le doux Alexei, son petit chaton, ressemblait maintenant à un tigre en colère prêt à en découdre avec ceux qui l’avaient si longtemps rabaissé.

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant