Kitty

Chapitre XIV

— Nous sommes arrivés, Monsieur.

Sortant de ses pensées, Christian tourna la tête vers l'extérieur de la voiture. La maison d'enfance de Alexei se dressait au bout de l'allée devant laquelle le véhicule était garé. Qu'est-ce qu'il trouvait cet endroit sinistre. Sûrement parce qu'il savait que son soumis y avait été martyrisé… et aussi parce qu'elle lui rappelait celle de ses parents. 
Il soupira et posa la main sur la portière. Après avoir salué Basile, il quitta la voiture et traversa l'allée. Il se fit la remarque qu'il allait devoir engager quelqu'un pour l'entretenir, ainsi que le jardin. Il n'arriverait sûrement pas à la vendre s'il laissait les mauvaises herbes pousser. En entrant dans la maison, il se demanda si Alexei avait réussi à parler du déménagement à son frère… même s'il se doutait qu'il était sûrement un peu trop anxieux en ce moment pour le faire seul.
Alors qu'il allait vers la cuisine, des éclats de voix lui parvinrent. Apparemment, il s'était trompé, son mari était en train de parler du déménagement à Nicolas. Il se mit derrière la porte de la cuisine pour les écouter sans être vu, un léger sourire aux lèvres. Il était fier que son soumis ait réussi.

— C'est… c'est très important, Nicolas. Et puis, on ira pas loin, tu continueras à aller à la même école et à voir tes amis…
— C'est la maison de papa et maman ! Je veux pas partir ! Puis d'abord, Christian il est pas de ma famille ! Je l'aime pas !

Christian se crispa. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Comment un enfant pouvait-il l'exclure en une seule phrase de la famille que lui et Alexei essayaient de construire depuis presque un mois. Il dû se mordre la main pour ne pas pleurer et essayer de se concentrer sur ce qui passait dans la cuisine, prêt à intervenir s'il sentait que son soumis perdait le contrôle. Il entendit Nicolas accuser Alexei d'être parti parce qu'il aimait les hommes et ses dents s'enfoncèrent plus profondément dans sa peau. Il devait intervenir, Alexei n'y arriverait pas, Alexei ne… 

— Je suis parti parce que nos parents étaient atroces, je suis parti parce que papa et maman me faisaient vivre un enfer ! Tu es trop jeune pour comprendre ça, Nicolas, et je ne veux pas te le raconter, mais papa et maman étaient des monstres ! Mes pires cauchemars ! Je suis parti pour être heureux !

Le châtain se figea. À nouveau, il semblait avoir sous-estimé son mari. Mais il ne savait pas si c'était parce qu'il avait accumulé trop de rage ou s'il était en train de craquer. Il tenta de ravaler toutes ses émotions pour intervenir et aider Alexei, mais il fut de nouveau stoppé dans son élan en voyant Nicolas sortir de la cuisine. Ce dernier se tourna vers lui et lui tira la langue avant de partir en courant vers sa chambre. Christian se retint de crier après lui, tentant de juguler les larmes qui montaient. Pourquoi était-il aussi triste que ce gamin ne l'accepte pas ? Il n'avait besoin que de Alexei, il se fichait bien de Nicolas. 
Il serra le poing et effaça l'image du jeune garçon de son image. Oui, tout ce qui comptait c'était Alexei. Il entra dans la cuisine et tira une chaise pour s'asseoir près de son mari. Ce dernier fixait les larmes qui tombaient sur sa main, marquée par des traces d'ongles. Il posa la main dans son dos, le caressant doucement. 

— Tu… Tu as tout entendu ?
— Oui, murmura Christian en tirant son soumis contre son torse.
— Je les déteste. Nicolas était… C'était un bébé adorable. Pourquoi ils ont fait ça, demanda le blond en se blottissant contre, pleurant sur sa chemise.
— Je ne sais pas. Des gens sont mauvais, et ils font le mal autour d'eux… ton frère s'est adapté à eux et toi non. Mais on va y arriver, Kitty. 
— Il t'aime pas, Chris'. Comment je vais faire ? S'il dit qu'il ne veut pas vivre avec toi, on va m'obliger à…
— Non. Les services sociaux vont avoir leur mot à dire aussi, il n'y a pas que le conseil de famille. Et puis s'il le faut on fera appel à Aaron et son père, ce sont de bons avocats, ils nous aideront. 
— Tu veux vraiment aider Nicolas ?