Chapitre XXVIII

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L'imprimante termina de sortir la capture d'écran de la caméra de surveillance sous le regard attentif de Alexei. Il la saisit et en fit une copie pour que Christian aille l'apporter à la police s'il n'arrivait pas à régler le problème lui-même. Parce que c'était bien ce qu'il avait décidé de faire, régler le problème lui-même. Comme son dom lui avait si bien dit ce week-end, il était un tigre. Et il avait véritablement décidé de laisser sortir le fauve.

Cela commençait par rendre visite à ses grands-parents maternels et leur dire leur quatre vérités. Il n'allait plus les laisser lui gâcher la vie. Il avait vingt-sept ans, désormais, il n'était plus un enfant et il ne voulait plus avoir peur d'eux. Il attrapa les dernières lettres qui avaient été postées et quitta la maison, déterminé. Il allait obtenir sa liberté, coûte que coûte.

Une vingtaine de minutes plus tard, il gara sa voiture devant la maison des parents de sa mère. Il descendit du véhicule et ne marqua pas une hésitation en se dirigeant vers la porte. Il bouillait de rage. Il voulait qu'on le laisse vivre sa vie tranquille. Il allait tout détruire. Absolument tout.

Il enfonça la sonnette, encore et encore, jusqu'à ce qu'enfin sa grand-mère lui ouvre. Il lut la surprise sur son visage quand elle le reconnut. Évidemment, elle ne s'attendait pas à sa visite aujourd'hui, d'autant plus qu'il était seul. Ce n'était pas habituel. Le blond ne fit rien pour masquer sa colère, adressant un regard froid et sombre à la vieille femme. Il balança les lettres à ses pieds.

— Je viens discuter de ça.

— A-Alexei, de quoi tu parles, bafouilla-t-elle en jetant un œil vers les photos, qu'est-ce que c'est que ça ?

— À vous de me le dire, puisque c'est vous qui déposez ça dans ma boîte aux lettres.

Il tendit la capture d'écran devant son visage avant de la bousculer pour entrer dans la maison. Il avança d'un pas déterminé vers le salon, faisant au passage tomber les photos de ses parents accrochées dans le couloir. Il n'était sur aucune d'entre elles, comme s'il n'avait jamais existé. Quand il entra dans la pièce, il regarda son grand-père qui s'était levé en entendant les cadres se briser dans le couloir. Pour la première fois de sa vie, il ne prit pas peur en croisant les mêmes yeux que sa mère, et c'est son grand-père qui devint effrayé en rencontrant les iris vairons brûlants de colère. Sa grand-mère arriva derrière lui en tenant les photos qu'il avait lancées à ses pieds dans l'entrée, complètement affolée.

Un immense sourire cruel apparut sur ses lèvres. Il jubilait. C'était eux qui avaient la trouille. Ceux qui l'avaient méprisé, rabaissé, allant même jusqu'à nier son existence, c'était à eux d'avoir peur.

— Hé bah quoi ? Ce n'est pas pour me parler que vous avez envoyé tout ça ? Je vous écoute. Allez-y.

— Alexei. On... On ne voit pas de quoi...

— Arrêtez de faire semblant, putain ! Je sais que c'est vous ! On a installé une caméra et on vous a vu déposer les lettres ! Alors qu'est-ce que vous voulez, bordel de merde ?! Qu'est-ce que vous me voulez ?!

Ses grands-parents se regardèrent, paniqués. Le blond les observa en attendant leur réponse, les bras croisés. Il se sentait si fort, si puissant. L'adrénaline pulsait dans ses veines, emballant son cœur et accélérant sa respiration.

— Nous... nous voulons... que tu quittes ton mari... p-pour Nicolas, bafouilla son grand-père.

Alexei pencha la tête, amusé. Dire qu'il l'avait craint pendant tellement d'années, dire qu'il l'avait impressionné. Maintenant, il était là, complètement effrayé par sa colère, à le supplier du regard de ne pas détruire toute la maison.

— Je pensais pourtant que c'était clair. Je ne quitterais pas Christian. Jamais. Même quand je risquais la mort pour être avec lui, je n'ai pas voulu le lâcher. Alors vos petites lettres, vous pouvez vous les foutre là où je pense, parce que ça ne me fait pas peur. Vous ne me faîtes plus peur.

— Tu... Tu es fou...

— À qui la faute ? Vous m'avez traité comme un monstre toute mon enfance. Vous avez fermé les yeux sur les traitements que m'infligeaient mes parents. Vous les avez même aidés et encouragés. Vous ne m'enlèverez pas mon bonheur ! Si vous ne voulez pas qu'on aille au bout de nos poursuites judiciaires et qu'on vous empêche de voir Nicolas, arrêtez immédiatement de me pourrir la vie.

— On a fait un effort, on t'a donné la tutelle de ton frère, on... on veut vraiment se faire par-

— Non. C'est du chantage affectif ! Vous êtes toxiques ! Vous avez failli me gâcher la vie ! Je ne vous laisserai pas recommencer ! Vous ne gâcherez ni la mienne, ni celle de mon mari, ni celle de mon petit-frère ! Maintenant, vous arrêtez ! VOUS ARRÊTEZ !

Il haleta après son cri. Ses grands-parents s'étaient encore plus ratatinés devant lui. Ils échangèrent un regard, semblant enfin comprendre tout le mal qu'ils avaient fait au jeune homme qui se dressait devant eux. À trop vouloir faire de lui un monstre, la bête était enfin sortie de sa tanière. Mais c'était loin de celui qu'il moquait. C'était un fauve, un tigre, un tigre majestueux qui rugissait sa colère, prêt à les dévorer s'ils continuaient à le blesser.

— On... C'est compris, Alexei... tu... tu peux partir... ?

— Recommencez encore une fois à nous faire du mal, et je vous le ferai payer. Je vous le ferai payer très cher, les avertit une dernière fois le mannequin avant de se détourner, je vous laisse les photos, vous pourrez en rajouter une dans votre couloir comme ça.

Il ne prit pas le temps d'écouter leur réponse. Il emprunta le même chemin qu'à son arrivée et quitta la maison, rejoignant sa voiture. Il était enfin libéré de ses chaînes.

~~~

Alexei soupira longuement en rentrant chez lui. Maintenant que l'adrénaline l'avait quitté, il se sentait épuisé. Pourtant, il devait se reprendre. Dans moins de deux heures, il devrait aller chercher son frère à l'école. Il ferma les yeux en s'appuyant contre la porte d'entrée. Il avait envie de s'effondrer, pleurer, crier. Il se sentit légèrement défaillir, pourtant un bras le rattrapa. Il ouvrit ses paupières, regardant avec surprise Christian, qui l'avait rattrapé et le maintenait fermement contre lui. Depuis quand était-il ici ? Il n'était pas là quand il était parti et il ne l'avait pas prévenu de ce qu'il allait faire, alors comment aurait-il pu...

— Je te connais, éluda son dominant comme s'il avait lu dans les pensées, je te connais.

— Menteur, tu ne m'avais jamais vu comme ça.

— Alexei, tu as beau dire, tu as foncé vers la mort pour me sauver. Ce n'était qu'une question de temps avant que tu ailles les affronter. Mon courageux petit tigre...

Le blond rougit légèrement. Cette comparaison le flattait autant qu'elle le gênait. Christian embrassa son front et l'aida à aller jusque dans le canapé. Ils s'assirent ensemble dessus et il se lova contre son torse en fermant les yeux. Il soupira de bonheur quand la main de son mari passa sur sa nuque, la massant pour le détendre.

— Le tigre est calmé, maintenant, chuchota-t-il, alors laisse-moi redevenir ton chaton.

— Peu importe le félin que tu es, Alexei. Tu resteras toujours, mon Kitty.

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant