Kitty

Chapitre XVIII

Christian regarda les escaliers en soupirant légèrement. La salle du club commençait à être bien remplie et le trio de soumis n'était toujours pas descendu. Il se doutait qu'ils voulaient soigner leur entrée, surtout Alexei qui avait fermement refusé de lui montrer sa tenue avant la fête. Jean remarqua son impatience et s'approcha de lui en souriant.

- Impatient ?

- Mm ? Oui... et inquiet, aussi... il a l'air d'aller mieux mais...

- Oh allez ! N'y pense pas ce soir ! Amusez-vous !

Le plus vieux hocha la tête et détacha son regard des escaliers pour le poser sur l'assemblée de la piste de danse. Des robes à plumes, des costumes, des paillettes... Il sourit. Il avait l'impression d'être cent ans en arrière, dans un de ces clubs clandestins de la capitale qui abritait la communauté lgbtq+. Pour son déguisement, il avait opté pour un costume trois pièces gris foncé et une chemise oxford. Il avait agrémenté le veston avec une montre à gousset et glissé un mouchoir dans la poche de sa veste. Certes, cela ne changeait pas beaucoup de ce qu'il portait d'habitude, mais il aimait ce style.

Un changement dans la musique attira son attention. Une mélodie de cabaret, apparemment. Il fronça les sourcils et regarda en direction du DJ, qui discutait avec Aiden. Son cerveau ne fut pas long à comprendre. Si Aiden était ici, pour demander à changer la musique, alors c'était que Alexei allait arriver. Il se leva et joua des coudes pour rejoindre le pied des escaliers et être sûr de ne rien manquer.

Au même moment, Hugo apparaissait timidement, les longues plumes de son déguisement masquant totalement ce qui se trouvait dans son dos. Le châtain crut entre-apercevoir des reflets blonds derrière sans en être sûr. Aaron apparut à ses côtés, dévorant son soumis du regard.

- Décidément... tu n'en loupes pas une pour le balader à moitié nu au club, babe.

- Jamais, il est trop magnifique pour que je le cache, sourit le roux, et tu n'es pas beaucoup mieux que moi.

Christian esquissa un sourire en regardant son ami monter à la rencontre du décoloré qui s'était figé quand tous les regards s'étaient posés sur lui. Il attrapa doucement sa main et l'embrassa.

- Monsieur... me feriez-vous l'honneur d'être votre cavalier ce soir ?

Hugo rougit et serra plus fort la main de son petit ami en hochant la tête. Aaron sourit et descendit les escaliers à ses côtés, révélant peu à peu Alexei qui se cachait derrière les plumes du costume de son cadet. Le gérant du club sentit sa mâchoire se décrocher.

Les cheveux blonds de son mari accrochaient les lumières du club et attiraient le regard sur son magnifique visage. Il avait prolongé son habituel trait de liner pour donner à ses yeux un aspect plus félin et pour bien les faire ressortir. Il avait terminé son maquillage avec un gloss qui faisait briller ses lèvres, étirées dans un sourire sensuel. À son cou, il avait enfilé son collier en forme de corbeau, dont les ambres et saphirs brillaient. Et sa tenue... il était tout simplement magnifique. Quand il commença à descendre les escaliers, les talons de ses cuissardes claquèrent sur le bois des marches. Christian déglutit légèrement en levant les yeux, découvrant le string noir que portait son mari sous son corset en forme de veston blanc décoré de dentelle noire. Quand Alexei arriva à son niveau, il était trop époustouflé pour articuler quoi que ce soit.

- Vous appréciez le spectacle, Maître ?

Il toussa un peu pour se reprendre et ne pas l'emmener immédiatement dans leur chambre. Il se saisit de la main qu'il lui tendait et déposa un baiser dessus.

- J'apprécie beaucoup, Kitty. Tu es superbe.

- Merci...

Le sourire de Alexei s'agrandit. Il emboîta le pas à Christian et traversa la foule en tenant sa main, la tête haute. Les murmures admiratifs les suivaient. Il se sentait divinement bien. Beau et fier. Presque princier. Son mari s'arrêta sur la piste de danse et après l'avoir légèrement salué, attrapa sa taille de sa main libre pour commencer à valser. Ils exécutèrent quelques pas seuls, avant d'être rejoints par d'autres couples. Même si à cet instant, les yeux dans les yeux, ils se sentaient seuls au monde.