Chapitre V

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Des pas. Sur le qui-vive, Christian ouvrit les yeux et se redressa. Son ancienne vie de chef de gang avait laissé de nombreuses traces, dont un sommeil extrêmement léger. Notamment quand le bruit qu'il entendait n'était pas habituel. Il sentait le corps de Alexei pressé dans son dos, profondément endormi, donc ça ne pouvait pas être lui. Et les pas étaient trop lourds pour que ce soit Historia qui tourne devant la porte jusqu'à ce qu'il vienne lui ouvrir. Il se leva, en faisant bien attention de ne pas réveiller son mari que leur séance avait terminé d'épuiser après cette dure journée, et il marcha vers la porte qu'il ouvrit brusquement. Il tomba nez à nez avec Nicolas, qui nouait nerveusement son haut de pyjama entre ses mains. Le jeune garçon leva ses grands yeux bleus vers lui, soulignés par de longs cils, et il manqua de s'étouffer. Mis à part qu'il n'avait pas ses yeux vairons, il était le portrait craché de Alexei à son âge.

— Tu as besoin de quelque chose, demanda le châtain en essayant d'adoucir son ton autoritaire.

Le blondinet rougit, baissa les yeux sur ses mains et déglutit. Bon, apparemment, il avait loupé l'adoucissement du ton. Pas étonnant... Il prit une profonde inspiration pour se calmer et s'accroupit pour être à la hauteur du petit garçon.

— Tu es bien ici pour une raison, non ?

De nouveau, les joues de Nicolas rougirent. Il comprit alors qu'au-délà de ne pas être à l'aise avec l'homosexualité, le petit garçon était avant tout très timide. Il allait devoir prendre sur lui, et agir patiemment. Sans Alexei, parce qu'il ne pouvait pas le laisser tout faire seul. Il avait choisi de l'accompagner dans cette aventure, alors il le ferait.

— Écoute, je sais que tu ne me connais pas, mais Alexei dort et j'ai pas très envie de le réveiller. Dis-moi de quoi tu as besoin.

— J'ai fait un cauchemar, finit par souffler Nicolas, de l'accident de papa et maman.

Christian retient une grimace. Ok. Il n'avait pas prévu de devoir gérer un cauchemar. Sur des personnes qu'il haïssait du plus profond de son cœur. Il tourna la tête vers le lit. Alexei semblait si paisible, il ne pouvait pas se résoudre à le réveiller... Il allait y arriver. Il était un ancien chef de gang et un dominant, ce n'était pas le cauchemar d'un gamin qui allait lui faire peur.

— Viens, on va aller prendre un verre d'eau dans la cuisine pour te rafraîchir un peu. Demain, je te trouverai de quoi chasser les mauvais rêves.

— Ça existe ?

— Bien sûr que ça existe ! On ira le chercher avec Alexei, tu prendras ce qui te plaira le plus.

— Comment vous connaissez des trucs qui chassent les mauvais rêves ?

— J'en utilisais quand j'étais petit...

Le visage de Christian s'assombrit. Il utilisait un attrape-rêve qu'il avait construit en cachette pour oublier ce que son père le forçait à faire. Jusqu'au jour où sa mère l'avait trouvé et mis dans le feu. Il avait crié et pleuré, ce jour-là, avant de recevoir une punition mémorable.

— Alexei il fait pas de cauchemars ?

— Tu serais pas un peu curieux toi ?

— Pardon, je ne voulais pas...

— C'est rien, rigola Christian en arrivant à la cuisine et en cherchant les verres dans les placards, ton frère est pareil alors j'ai l'habitude.

— Il est... pareil ?

— Vous avez beaucoup de points communs, oui. Où sont ces verres à la fin ?

— Dans le placard au-dessus de l'évier... et donc, il fait des cauchemars aussi ?

— Ça arrive. Mais ce n'est pas sur les mêmes choses que toi. Il... n'était pas très attaché à vos parents, le châtain lui tendit un verre d'eau, ne t'inquiète pas ça passera.

Nicolas avala de grandes gorgées et alla déposer le verre dans le lave-vaisselle.

— Vous êtes vraiment amoureux ? Comme dans les films ?

— Oh... euh... je... oui, un peu comme dans les films.

— C'est mal d'aimer un garçon. C'est maman qui me l'a dit.

Christian grimaça. Le petit était sympathique, jusqu'à ce qu'ils sortent les conneries dont ses parents lui avaient bourré le crâne. Il était cependant trop fatigué pour débattre de ce sujet maintenant, alors il se contenta de raccompagner Nicolas jusqu'à sa chambre. Quand ils passèrent dans le salon, Historia vint se frotter contre ses jambes et il attrapa sa chatte. La sévérité sur son visage disparut dès qu'elle commença à ronronner. Qu'est-ce qu'il aimait cette petite boule de poil, elle le faisait totalement fondre. Il retint de peu un sourire béat en se souvenant que le petit frère de son mari était près de lui.

— Elle est jolie.

— Oui... elle a les mêmes yeux que ton frère en plus.

— Ils sont beaux, les yeux de Alexei...

— Les plus beaux du monde, souffla Christian avec un sourire amoureux en arrivant de la porte de la chambre.

— Elle peut dormir avec moi ?

Christian leva un sourcil en le regardant. D'après ce que Alexei lui avait dit entre deux galipettes, Nicolas avait l'air de beaucoup aimer Historia. Et soudain, le châtain eu une merveilleuse idée...

— Je suis d'accord mais seulement à une condition.

— Laquelle, demanda le blondinet dont les yeux brillaient déjà d'impatience.

— Ne dis plus jamais que c'est mal pour deux hommes de s'aimer. Ça fait de la peine à ton grand-frère.

Le jeune garçon fronça les sourcils mais ne réfléchit pas bien longtemps. Ne plus dire quelque chose, il en était capable. En plus, il ne voulait pas faire de la peine à son frère. Donc il hocha la tête. Christian sourit et déposa doucement la chatte dans ses bras, lui demandant de bien en prendre soin et de laisser sa porte entrouverte pour qu'elle puisse se déplacer tranquillement vers sa litière. Nouveau hochement de tête et le petit garçon regagna son lit.

Le gérant du club soupira de soulagement et regagna la chambre de son mari. Qui ouvrit la porte au même moment, les cheveux emmêlés et les yeux encore pleins de sommeil.

— Tu n'étais plus dans le lit.

— Désolé, Kitty. Je t'expliquerai demain matin, une fois que tu seras reposé.

Alexei bailla et le châtain ne put retenir un sourire attendri. Il était amoureux de cet homme, tellement amoureux. Il se pencha sur lui et déposa un tendre baiser sur ses lèvres, avant de prendre sa main et le ramener dans le lit.

Sans se douter que par l'entrebâillement de sa porte, Nicolas avait assisté à toute la scène. Son cœur lui criait que c'était normal, que c'était de l'amour comme il n'en n'avait jamais vu. Mais son esprit était embrouillé, c'était mal. C'était mal, alors pourquoi avaient- ils l'air aussi beaux ensemble ?

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant