Partie 36 ♥️

61 1 0
                                    

Nous logions dans une sorte d'hôtelAuberge. Nous étions 5 par chambres.
J'étais dans l'une d'elles avec 4 filles de ma classe avec lesquelles je m'entendait plutôt bien.
Anais ne faisait pas le voyage, mais Tom si.

Revenons-en à ce voyage. Dès le premier jour j'ai su que j'allais en baver et je commençai déjà à regretter.
Ce fus très dur pour moi car c'est à ce moment là que ma passion violente revint, petit à petit certes, mais plus que jamais.
Je le voyais toute la journée, de tôt le matin jusqu'à tard le soir.
Je le voyais parler, marcher, bouger, me regarder...
Doucement, la flamme se ralluma en moi et tout le travail que j'avais effectué sur moi même ces derniers étaient partis en fumée. C'était comme si tout ce que j'avais vécu depuis notre rupture avait été brûlé et qu'il ne restait plus qu'un tas de cendres insignifiant.
Mes moments de « détente » avec Tom ne voulaient plus rien dire pour moi, ils n'avaient pas existé.
Je ne voyais plus que lui, et je me focalisais sur mon envie de passer outre ce manque. Mais en me focalisant sur mon manque, je ramenais toute mon attention sur lui, ce qui était pour moi fatal.
Ses coups d'œil et ses regards qui arrivaient en moi comme un ras de marée débordant mon âme, j'étais la seule à les percevoir, mais ils étaient là ce qui rendait la tache d'autant plus difficile.
Le soir, seule dans mon lit, je repensais aux vacances passées avec Tom, qui me semblaient lointaine et presque imaginées. Je repensais à ce mur, ce couloir, cette piscine, cette chambre... et j'arrivai presque à me persuader que c'était faux, car pour moi ça n'avais pas pu avoir lieu.
Il était d'autant plus facile pour moi de faire comme si tout était faux, car  reprendre aussi rapidement contacte avec ma vie d'amoureuse et passionnée  m'avait d'un coté ouvert les yeux.

Je m'explique.

D'une part, comme l'amour rend aveugle mais surtout idiot, je n'avais donc plus toutes mes capacités mentales.
Je pensais et voyais que par lui, ce qui me torturait intérieurement et la flamme de désir c'était embrasée de façon bien plus importante, encouragée par l'envie, comblée et le remord.
D'autre part, je m'étais rendu compte qu'avant, je n'étais rien. Tous mes actes, tout ce que j'étais ne signifiait rien car je n'existais que par l'amour que je lui portais. C'est cet amour qui me façonnait, et sans lui je n'étais rien, je n'existai pas.
Vous me demanderez peut être pourquoi je développe cette idée pendant tant de lignes, je vous répondrait que pour moi c'est important, car avant je savait que j'avais besoin de lui, mais c'est à partir de ce voyage que j'ai su que c'est par lui que j'existais. Et je tiens à ce détail.
Après avoir trouvé la réponse à la question de l'origine et du but de mon existence, question à laquelle certains cherchent à répondre durant toute notre vie, une nouvelle question se posait à moi : Comment devais-je faire pour supporter la torture, de l'avoir devant moi, mais surtout de le voir si complice avec Mme Bertrand?

Le neuvième jour, dans l'après midi, j'avais déjà réussi à prendre sur moi pendant tout le séjour et nous touchions à la fin, ce qui était vraiment pas mal.
J'avais supporté cette ex sortie de nulle part tournant autour de la raison de mon existence, mais j'étais au bord de l'explosion.
Elle le regardai, que dis-je, elle le dévorai des yeux en se mordant la lèvre inférieur. Elle le dévisageai, elle détaillait son corps, je voyais tout ça, toutes ses mimiques et tous ses regards, et j'étais désespérée.
Je l'avais observé sans rien dire, pendant neufs jours entiers, en train de le coller, de se rapprocher de lui (physiquement) à chaque fois qu'elle en avait l'occasion.
Elle lui faisait du pied sous les tables, elle lui frôlait la main pendant qu'il nous parlait, pensant qu'il aurait une réaction troublée.
En réalité, il me semblait gêné et confus. J'avais supporté, mais j'étais plus qu'heureuse de terminer ce voyage, cette torture, car c'était devenu trop pesant.

En cette dernière après-midi, nous nous baladions tranquillement au bord de la mer pour profiter de nos derniers instants ici, tous ensemble.
Je me trouvai à l'arrière du groupe lorsque un élève, devant, s'arrêta et demanda aux deux professeurs de prendre une photo ensemble.
Ils étaient donc devant moi, de dos. Juste avant que l'élève n'appuie sur le bouton, j'ai vu la main de Mme Bertrand dans leur dos, venir prendre la main de Pierre, et entrelacer ses doigt avec les siens.
Il y a eut une explosion géante à l'intérieur de mon corps.

En l'espace d'une demie seconde, je revis cet instant où je l'avait aperçu pour la première fois, notre premier cours ensemble, la première fois qu'on s'est embrassés, la première fois que l'on s'est retrouvés dans mon lit, la première fois qu'il a décidé d'arrêter la relation, le moment où il a assommé mon agresseur derrière le club *****, la première fois que nous avions fait l'amour, notre week-end à Deauville, notre peur de se quitter dans le square, notre séparation...
Puis dans une deuxième demie-seconde je repensais à tous ces gestes qu'elles avaient forcé entre eux, à toutes ces mains caressées... Et dans ma tête une voix cria NON ! Non , je n'avais pas vécu tout ça pour qu'au final il soit avec une autre.
Je n'avais pas traversé toutes ces épreuves pour renoncer à lui.
Je préférais disparaître. 

Un frisson de folie, d'hallucinations me parcoura, et je sortis de mes gonds. Tous ce que j'avais pu contenir de mon corps se réveilla d'un coup, et je jetai mon sac à mes pieds pour courir. Je courrai de toutes mes forces en pleurant, me dirigeant vers la mer. Une fois au bord de l'eau je ne m'arrêtai pas. Tous les regards étaient à présent sur moi mais je m'en fichais royalement. Je continuai d'avancer dans l'eau, elle montais maintenant jusqu'à mes genoux. Au fur et à mesure que j'avançai, l'eau montai, maintenant en haut de mes cuisses. Je ne pensais plus à rien, et pour la première fois de toute ma vie, ma tête était vide. Je ne voulais pas me suicider, je ne savais pas ce que je recherchais, je voulais juste partir.

-Narrateur : Pierre-

Quand il eu fini de prendre sa photo il s'éloigna et je me tournai vers mon ex, et avec un regard réprobateur je lui dit :

Pierre: Mais à quoi tu joue ? ».

J'allais me lancer dans un long monologue pour lui faire comprendre qu'elle me répugnait, que toutes les femmes me répugnaient désormais, depuis que j'avais connu le paradis, quand j'entendis une agitation chez les élèves, je me retournai et je la vis entrer dans l'eau toute habillée.

Oh mon Dieu , Elle avait sûrement tout vu. Elle marchait, s'essuyait les yeux de temps en temps, et continuai d'avancer. C'était allé trop loin. Pourquoi se faire du mal, se malmener, tout ça pour garder un travail ?

L'amour valait bien plus que toutes les richesses du monde, ELLE valait bien plus que tout au monde.
Je n'allais pas gâcher ça.
Les autres n'avaient qu'à penser ce qu'ils voulaient, je courus de toute mes forces pour la rattraper.
J'étais tremper, mais je m'en fichais. Je lui saisi le bras gauche, elle se retourna et d'un coup je l'embrassais.

-Narrateur : Moi-

C'était comme si je renaissait à nouveau.
La terre tourna autour de moi, tout aurait pu s'effondrer, cela n'aurait rien changer.
Je savourais ses lèvres comme une morte de faim aurait savourer un morceau de chocolat.
Les élèves et Mme Bertrand assistaient tous à la scène, bouches bées, sans pouvoir dire quoi que ce soi à cause de la surprise gigantesque qui les saisissaient.
Je me foutais du reste du monde, il était contre moi, ses mains autour de moi, et moi ça me suffisait.
Pour moi nous étions seuls.
Seuls au milieu de la mer.

Au bout de 5 Minutes, Mme Bertrand décida d'emmener les élèves au fast food du coin, histoire je pense de les occuper.
Pendant qu'ils partaient, quant à nous, nous marchions vers les terres.
Il s'arrêta tout près du bord, me regarda, et nous tombions dans les bras l'un de l'autre, par terre.

Nous restions environ 15 minutes sur le sable, les vagues nous submergeant de temps en temps, à profiter l'un de l'autre sans se soucier de ce qu'il se passait autour. Mme Bertrand s'occupa ensuite du groupe pour tout l'après midi, seule.

Moi et Pierre nous allions à notre hôtel, dans sa chambre individuelle, trempés jusqu'aux os.
Le lendemain nous devions prendre le car pour rentrer.

Et si nous prenions le risque de nous aimer? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant