Partie 33 ♥️

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Nous étions à l'aéroport prêt à embarquer. Symboliquement, j'éteignis mon portable. J'allais passer une semaine auprès de Tom, coupées du monde.
C'était la dernière phase dans mon plan pour aller mieux. J'étais vraiment sur la bonne voie.

Mais je le rappelle, mon but n'était pas de l'oublier, ça c'était hors de question !
En réalité, je voulais apprendre à vivre en cohabitation avec ce manque, ce vide, ce néant qui résidait dans mon corps.
Je voulais simplement supporter, c'était là mon objectif, et je l'avais presque atteint.
Il ne me restait plus qu'à m'isoler de ce qui m'entourait, avec Tom, mon pilier.

Lui aussi avait énormément souffert de sa rupture, du fait d'avoir vu de ses propres yeux la filles qu'il aimait le tromper. On s'était donc entraider et nous étions désormais deux rocks sur lequel l'autre pouvait s'appuyer.

Nous marchions dans ce couloir étrange qui mène à l'avion. Une fois assis dans l'appareil, j'attachais ma ceinture puis sortis mon Ipod de mon sac pour écouter de la musique. Tom me regarda, pris un de mes écouteurs, le mit à son oreille, puis j'installais ma tête sur son épaule. Sa main m'entoura la taille, il me serra légèrement. Je me blottis un peu plus contre lui et fermai les yeux pour profiter de la musique, qui a toujours le don de m'enivrer, ainsi que de la proximité de son corps rassurant.
Je me sentais étrangement en sécurité et en marge de tous les dangers que la vie pouvait m'apporter.
A deux nous étions plus forts, comme dans n'importe quel cas de la vie, et en quelques sortes nous étions un couple. Nous étions un couple, mais il n'y avait pas de sentiments amoureux entre nous.
Nos sentiments étaient bels et biens là, mais d'une façon particulière. C'était de l'affection, de l'attachement et de l'amitié mélés, mais pas d'amour profond car chacun de nos deux cœurs appartenaient à une autre personne, et c'était clair de mon coté comme du sien.

Un moment je sentis sa main toucher la mienne et ses doigts s'entrelacer dans les miens. Je les serrai. Nous étions très tactiles et nous nous montrions beaucoup notre affection sans aucune gène ni timidité, car je le redis, tout étais définitivement très clair, même si la nature de nos sentiments n'avait pas de nom.

L'avion atterrit, nous allions chez lui et rangions nos affaires. Il avait une chambre d'amis dans laquelle je dormais, car je devais quand même garder une certaine part d'intimité.

Nous fîmes un tour dehors puis la nuit tomba et nous allions faire la fête pour inaugurer ce premier jour.
Après avoir bien rit, bien danser, et bien profiter de cette superbe soirée, nous rentrâmes à la maison. Je mis mon pyjama puis tenta d'aller me coucher. Juste avant j'appelai ma mère avec le téléphone de Tom pour lui donner des nouvelles. Au fond je pense qu'elle s'en fichait.

Je m'allongeai, fermais les yeux et me concentrai pour m'endormir après cette folle journée. Mon cœur battais très vite et ma respiration aussi s'accéléra. Cette pièce me semblait si grande et si vide. Pourtant j'étais habituée à la solitude chez moi, mais la je la percevait de façon totalement différente. Je mis de la musique plutôt douce dans mes oreilles, histoire de me calmer, mais cela ne fonctionna pas.
J'enlevai les écouteurs.
Je pouvait entendre le bruit du vent qui soufflait dehors et qui accrut l'impression de vide, de solitude et de néant. Le vide en moi se propageait, j'avais l'impression qu'il voulait m'engloutir.
J'étais bloquée au fond de mon lit, seule et haletante. Je me sentais défaillir de plus en plus, et plus tard j'ai pu mettre un nom sur ça : une crise d'angoisse.

J'étais comme angoissée par une chose irréelle . J'avais peur, mais je ne savais pas de quoi, ce qui est d'autant plus angoissant qu'on ne sais pas d'où vient le danger.
Au bout de deux, trois ou quatre heures sans dormir, je ne sais pas car cela me parut des jours, je trouvai la force de me lever. Je fis quelques pas en direction de la salle de bain qui se trouvait au bout du couloir, mais je m'arrêtai. Le couloir me donna l'impression de s'allonger de façon indéfinie. Je vit des spirales devant mes yeux et je vacillai, puis tombai.
Assise par terre, dans un coin, je me mis à pleurer sans raison. Je ne sais pas vraiment combien de temps je restai là.
Ensuite je me levai et allais dans la chambre de Tom, le visage sans doute encore mouillé par le torrent de larmes. Je me postai devant lui, et dit tout bas :

Moi: Tom... Tom... S'il te plaît réveille toi.

Il ouvra à moitié les yeux, me regarda et dit :

Tom: Qu'est ce qu'il se passe ? Ça va pas ?

Moi: Non, dis je en reniflant pour tenter de retenir les dernières larmes.

Il pris l'extrémité de sa couverture pour l'entrouvrir et me laisser apercevoir son corps, comme pour m'inviter à venir. Sans réfléchir je m'allongeai tout contre lui. Le lit était assez grand, mais je le collai étroitement. Il mis son bras autour de moi et me serrai. Mon cœur s'apaisa au bout de quelques minutes. Son corps chaud me calma. Je mêlai mes doigts aux siens et, doucement, m'endormis contre lui. J'ai ensuite dormi toute la nuit, d'une traite, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps.

Le lendemain matin je me réveillai dans son lit. Je mis quelques secondes à me rappeler ce qui m'avait amené là. Mon malaise de la nuit me paraissait irréel. Je regardai mon portable. Il était plus de 13h. Toujours dans la position dans laquelle nous nous étions endormi, il était derrière moi, et mon dos collait son torse. Il me dit :

Tom: T'es réveillée ?

Moi: Oui.

Tom: Ça va ?

Moi: Oui.

J'étais assez gênée de ce qu'il s'était passé cette nuit, je n'avais pas vraiment envie de parler. Heureusement nous n'avions rien fait de plus que dormir.

Tom: Il t'es arrivée quoi ? T'avait l'air vraiment très mal.

Moi: Je ne sais pas.

Tom: T'es sûre ?

Moi: Je... Je n'ai pas vraiment envie d'en parler tout de suite. S'il te plaît.

Il me déposa un baiser sur l'épaule et me dit :

Tom: Ne t'inquiète pas c'est pas grave, on en parlera plus tard. L'important c'est que tu vas mieux.

Il se recoucha et me serra contre, sa tête dans mon cou et nos jambes s'entrecroisant. Nous restions ainsi environ une demie heure, dans le silence, en se câlinant et en nous montrant toute notre affection. Notre relation était vraiment spéciale. J'aimais Pierre, mais lui aussi m'étais indispensable. Bien moins, certes, et d'une toute autre façon, mais je tenais à lui.

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Nous passions l'après midi à la piscine. Tous les deux. J'ai remarqué à plusieurs reprises son regard sur moi, il me semblait qu'il avait changé. Je m'attardais à détailler son corps. Bizarrement, pendant une seconde, il me donna envie. Mais Pierre restait en moi, je ne pouvais pas m'en défaire, il n'y avait pas de place en moi pour désirer quelqu'un d'autre.

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Après avoir pris ma douche, je mis un short et un débardeur histoire de me sentir  à l'aise.
Je traversai le couloir et le vis en train de parler au téléphone avec sa mère, lui demandant quand elle allait rentrer.
Des qu'il raccrocha, j'arrivai de derrière lui et l'entourait de mes mains, en lui disant que j'avais passé une journée magnifique.
Je le remerciai.

Il se retourna et avança vers moi de telle façon à se que je me colle contre le mur. Il s'appuya sur le mur de sa main gauche, à coté de mon visage, me regarda et dit:

Tom: Moi aussi ma journée était magnifique, parce que j'étais avec toi. Mais je sais qu'elle peut être encore meilleure.

Et si nous prenions le risque de nous aimer? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant