Maudit - Tome II

Chapitre 22

Nuage de Flamme partait à droite, à gauche, trouvant tous les remèdes qu'elle cherchait ; graines de pavot, feuilles de bourrache, joncs, cousoude et toiles d'araignée. Elle fut tout d'abord du mal à tout transporter en même temps puis réussit finalement à se déplacer avec au bout de quelques minutes. Renonçant à la chasse, elle rentra aussitôt. Lorsqu'elle arriva, elle remarqua que Petit Vent s'était endormie. Elle pouffa et partit ranger les remèdes.

La journée passa, Nuage de Flamme préférant monter la garde au lieu de repartir. Elle n'en avait pas parlé lors de la discussion avec Petite Rafale et Petit Vent, mais depuis que cette dernière était revenue de la Forêt Sombre avec les pattes arrière brisées, elle avait essayé plusieurs fois de l'envoyer de nouveau là-bas en sa compagnie mais sans succès. Elle se retrouvait toujours toute seule sur le territoire de leurs ancêtres. Donc, mais si Petit Vent pouvait être guérie en étant au Clan des Étoiles, ce n'était pas sûr qu'elle puisse y aller. Elle chassa ses mauvaises pensées en secouant la tête de droite à gauche et finit de ranger.
Une fois fait, elle monta la garde, comme prévu. Le temps défila à toute vitesse, Nuage de Flamme se demandait combien de proies Petite Rafale allait rapporter mais elle s'inquiétait aussi qu'il soit seul dans la forêt au beau milieu de la nuit. Mais il fallait lui faire confiance, il savait se débrouiller.
Au bout d'un long moment, lorsque le crépuscule commença à apparaître, la fille de Pétale de Laurier bailla à s'en décrocher la mâchoire. Petite Rafale n'était toujours pas revenu et Nuage de Flamme pensa qu'il ne deviendrait pas avant un long moment, attendant sûrement que les proies sortent de leur trou pour les surprendre.

J'espère qu'il va pouvoir attraper quelque chose, je commence à avoir faim et il nous faudra des forces avant de partir, songea la meilleur amie de Petit Vent.

Après un long, très long moment, Petite Rafale arriva enfin, tenant trois rongeurs et une mésange par la queue.

- Ouah, belles prises ! le félicita la femelle. Nous les mangerons tout à l'heure, il faut se retenir encore un bon bout de temps.

Le mâle noir hocha la tête et partit enterrer les proies au fond de la tanière, de sorte à ne pas sentir l'odeur et donc à ne pas saliver à cause de la faim.

- Moi, je vais dormir, je suis fatiguée, déclara Nuage de Flamme.

- D'accord, je monte la garde.

- Tu es sûr ? Tu peux dormir aussi si tu veux. Personne n'est déjà venu, et ça m'étonnerait que ça arrive un jour.

- Je monte quand même la garde, insista-t-il.

- Comme tu veux alors, soupira la rousse et blanche avant de regagner son nid dans lequel elle se roula en boule.

Épuisée, elle rejoignit aussitôt le pays des rêves. Un long bout de temps plus tard, elle ouvrit doucement les yeux, sortant d'un profond sommeil. La femelle remarqua que Petit Vent était elle aussi réveillée et qu'elle mangeait en compagnie de Petite Rafale qui avait quitté son poste.

- Il en reste pour moi ? bailla la fille de Pétale de Laurier en se levant.

La tigrée sursauta et se retourna tandis que le plus jeune hocha la tête sans détourner le regard de son repas.

- Au fond de la tanière, dans la trous que j'ai creusé, indiqua-t-il.

- Merci.

Elle alla prendre la proie qui restait et sourit lorsqu'elle remarqua que c'était la mésange. Elle adorait les oiseaux. C'était ses proies préférées. La prenant par une aile, Nuage de Flamme la sortit du trou et rejoignit ses amis pour manger.

- Alors, maintenant que Nuage de Flamme est reveillée, est ce que tu peux nous dire si tu seras toujours blessée lorsque tu seras au Clan des Etoiles ? demanda Petite Rafale.

- Ah oui, c'est vrai ! sourit Petit Vent en essayant, temps bien que mal de s'assoir. Et bien Nuage de Charbon m'a dit que pour cette nuit, elle serait capable de supprimer mes blessures mais qu'une seule fois, car c'est plus difficile sur le territoire de la Forêt Sombre et sur celui du Clan des Étoiles.

- Attends, attends, intervint Nuage de Flamme, je viens de penser à quelque chose : où est-ce que tu te trouves lorsque que tu es avec Nuage de Charbon ?

- Heu... hésita son amie, je ne peux pas te le dire pour l'instant, elle ne veux pas.

- On verra ça plus tard, miaula joyeusement Petite Rafale, mettant fin à l'atmosphère gênante qui s'était installée. On pourra aller au Clan des Étoiles tous ensemble ce soir.

- Je n'en suis pas sûr, soupira la fille de Pétale de Laurier, j'ai oublié de vous le dire hier mais ce n'est pas possible d'emmener Petit Vent.

- Hein, pourquoi ? s'étonna le mâle noir.

- Aucune idée. Mais depuis l'accident dans la Forêt Sombre, je n'y arrive plus.

- Ah, pouffa Petit Vent, ayant eu un peu peur au début, c'est normal, Nuage de Charbon à fait en sorte que tu ne puisses pas utiliser ton pouvoir sur moi porque je suis avec elle. Donc maintenant, ça devrait marcher.

Nuage de Flamme souffla de soulagement.

- Alors on s'y met ce soir, déclara-t-elle avant de commencer son repas.

- Dans quelques heures ? demanda Petite Rafale.

- Sûrement, répondit Nuage de Flamme entre de deux bouchées, en remarquant que plus de la moitié de la journée était passée.

Le calme régnait, seulement brisé par le bruit des os que la femelle rousse cassait avec ses crocs. Après avoir fini, elle partit se dégourdir les pattes avant que la nuit de ne tombe.

Ensuite, Nuage de Flamme utilisa son pouvoir et les emmena dans la Forêt Sombre. Après avoir vérifié qu'ils étaient tous là, et après que Petite Rafale eut regardé autour de lui d'un air timide, ils se mirent en route. Et marchèrent longtemps.

Alors qu'ils commençaient à désespérer, ils virent une lueur apparaître entre les arbres.

- C'est la fin du territoire de la Forêt Sombre ? s'étonna Petit Vent.

- Je n'entends et ne sens rien, allons voir, déclara Nuage de Flamme.

Arrivés à quelques mètres de la lueur, ils s'arrêtèrent et inspirèrent le bon air frais qui venait à eux en fermant les yeux. Ce fut sûrement une grosse coïncidence, car ils rouvrirent tous les trois les yeux en même temps.
Mais, lorsqu'ils retrouvèrent la vue, ils se rendirent compte que les arbres sombres et menaçants qui les entouraient un peu plus tôt avaient disparu, comme volatilisés. Il y avait bien quelques arbres dans les alentours, mais ceux-ci étaient recouvert de belles feuilles vertes de la nouvelle saison.
Les pattes des trois félins se faisait caresser par les brins d'herbe verdoyants se balançant doucement au gré du vent. À plusieurs queues de renard en face d'eux, se trouvait un lac dans la surface était parsemée de petits remous à cause de la brise. Le chant des oiseaux résonnait, doux et chaleureux, le soleil réchauffait le pelage des félins sans que rien ne l'empêche. Cet endroit si agréable fit inconsciemment sourire les trois félins.
Il n'y avait qu'un seul problème, c'etait qu'ils n'avaient aucune idée de l'endroit où ils se trouvaient.