1

9.2K 509 93
                                    

Gia

Je me réveille encore en sueur. Le brasseur d'air au plafond tourne depuis des heures.
C'était il y a six ans et je suis toujours aussi perturbée par cet événement macabre. En même temps, comment oublier qu'on se soit fait tirer dessus et presque tué par deux bikers d'un club de motards sans foi ni loi ?
Lorsque les détonations ont retenti, j'ai été touchée à l'épaule et au rein. Ils seraient venus m'achever si des passants alertés par le bruit n'étaient pas arrivés. Du moins, c'est ce qu'ont laissé entendre les inspecteurs Glass et Stevenson, chargés de l'enquête.

Six ans se sont écoulés et même si les deux criminels ne sont plus à ma poursuite - l'un est en prison, l'autre est mort, je ne suis pas tranquille. J'ai déménagé dans une autre ville, dans un autre État, et ai changé radicalement de vie. Le footing, c'est fini pour moi, la plage aussi !
Avant, j'étais infirmière. J'ai tout quitté pour le programme de protection des témoins. L'avantage, c'est que j'étais seule. Mes parents adoptifs sont morts depuis longtemps et je n'étais pas très sociable. Je n'ai jamais été très douée pour me faire des amis.
Après le procès, le programme de protection des témoins s'est arrêté. J'ai traîné dans différents États qui ne me correspondaient pas et, depuis quelques temps, je suis arrivée dans le Dakota du Sud, dans la petite ville de Sturgis. Je suis passée d'infirmière à vendeuse en prêt-à-porter, j'enchaînais les petits boulots pour pouvoir fuir dès que je le voulais.
Aujourd'hui, je suis serveuse dans un petit restaurant et je mène ma vie au jour le jour.

Je me lève en regardant le réveil qui indique huit heures du matin. Je ne veux pas être en retard. Après une longue douche, je m'habille d'un jean noir et d'une blouse fluide vert olive, je chausse mes boots en cuir noires et mon Perfecto, avant de récupérer mon sac et de quitter mon appartement.
Le restaurant où je travaille est un traditionnel diner typique du Dakota. J'ai sympathisé avec la patronne, Dolores, une dame d'une cinquantaine d'années qui n'a pas sa langue dans sa poche. Cela fait cinq mois maintenant que je travaille pour elle et j'ai appris à ne pas avoir peur des hommes qu'elle fréquente, issus eux aussi d'un club de bikers. Mais Dolores, qui s'avère être la régulière, c'est à dire la femme attitrée du Président du club, m'a assuré qu'ils faisaient partie des "gentils" même si leurs affaires sont parfois louches.

Je marche environ dix minutes pour rejoindre mon lieu de travail. Entouré à droite d'une boutique de fringues et à gauche d'une fleuristerie, le diner est au cœur du centre-ville.
Je suis sur le point d'ouvrir la porte de service du restaurant quand une voix me coupe.

- Gia, c'est bien ça ?

Je ne reconnais pas l'auteur de la voix, mais quand je me tourne, je remarque deux bikers. Je ne les connais pas vraiment, même si je les ai déjà aperçu au restaurant. C'est Dolores ou bien sa fille Juliette qui les sert habituellement.

- Oui, je finis par répondre en avisant l'un des deux bikers présents face à moi.

Il est blond. L'autre brun. Et sur leurs vestes de cuir à l'effigie du Red Dogs Bikers Club, il y a le patch de prospect.
D'après Dolores, ils seraient un peu comme des stagiaires pour devenir biker, comme s'il existait une formation diplômante pour devenir un hors-la-loi !

- Je m'appelle Tuck, ajoute le blond. Lui, c'est Bulldog.

Tuck et Bulldog... Euh, O.K. !
Je les regarde alors qu'ils me font tous les deux un sourire.

- Le restaurant est fermé pour aujourd'hui. Dolores nous envoie te chercher car elle a besoin de toi au club.

Quoi ? Non, non, non... Il n'est pas question que je mette les pieds dans cet endroit plein de bikers. Je commence à paniquer. Je ne fais pas confiance à ces deux-là.
Sentant ma méfiance, le brun... Bulldog, attrape son téléphone portable et appelle quelqu'un.

- Prés... Oui. La fille ne nous croit pas !

Il me regarde, blasé, et met le téléphone sur haut parleur. Une voix masculine en sort :

- Mademoiselle Marshall, je m'appelle Rick Turner. Je suis le Président du Red Dogs Bikers Club et le mari de Dolores.

Je reconnais sa voix. Il est souvent au restaurant pour déjeuner avec ma patronne.
Il ne me laisse pas le temps de réagir qu'il enchaîne :

- Dolores a eu un accident et nous ne pouvons pas l'amener aux Urgences. Je sais que vous étiez infirmière dans le passé. Elle a besoin de vous !

Quoi ? Mais...

- Mais comment vous êtes au courant ?

- Je suis le propriétaire du restaurant avec ma femme, Mademoiselle ! Elle n'embauche personne sans mon consentement...

Je réfléchis. Puis-je lui faire confiance ? Mon cerveau mouline à plein tube. C'est un biker, comme... Non, je refuse d'y penser. C'est aussi le mari de Dolores et elle a été si gentille avec moi...

- Alors ? Que décidez-vous, Georgia ?

- C'est Gia... C'est d'accord. Je veux bien aider Dolores.

Le Président me remercie et me demande de partir en voiture avec ses prospects.
Je monte donc à l'arrière d'un SUV noir, les deux jeunes hommes à l'avant et nous quittons le centre-ville aussi vite que possible.

Red Dogs Bikers Club Tome 1 Protéger c'est aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant