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Caleb

Douze heures plus tôt...

Assis au bar avec mes frères, on boit une bonne bière bien fraîche tout en discutant quand Lila, une brebis, s'approche et s'adresse à moi :

- Tu veux te faire du bien, mon Lapin ?

- Sans façon. Dégage !

Ces derniers temps, je n'ai plus envie de m'amuser avec aucune d'entre elles. Surtout qu'elles tournent entre les mecs et, même si ce sont mes frères, il y a des choses qu'on ne partage pas.

- T'es sûr, Killer ? Je peux te faire tout ce que tu voudras...

- J'ai dit : "Dégage". Si je dois le répéter une troisième fois, on va avoir un problème, toi et moi !

La pute aux seins siliconés se casse vite fait bien fait, probablement à la recherche d'un queutard. C'est pas ce qu'il manque ici. Quant à moi, je reprends la dégustation de ma bière.

- Qu'est-ce qui te tracasse, mon frère ? me demande Deacon, mon meilleur ami, et accessoirement le road captain du club.

- Rien.

Je mens. Évidemment. Et il le sait. Cela fait exactement cinq mois que je ne suis plus égal à moi-même.

Je sais pourquoi. Il le sait aussi mais à la décence de ne pas aborder le sujet avec moi. Et pourtant je ne devrais pas ressentir ce que je ressens. Je suis marié. Le visage de ma femme me hante tous les jours et toutes les nuits et même si elle n'est plus là, dans mes bras, je l'aime comme au premier jour.

Le problème est que, depuis ces cinq mois, je n'arrête pas de penser à l'autre, celle qui se fait appeler "Gia". Mais ça aussi c'est un mensonge.

Pourquoi, bordel ? Je me pose mille et une questions à propos d'elle. Elle m'intrigue et je ne sais plus quoi penser. Que dirait Mélissa si elle était là ?
Bordel, j'ai besoin d'air !

Je laisse Deacon au bar et file droit vers la porte principale en prenant une clope et mon Zippo de la poche intérieure de mon cut.

J'ai besoin de m'aérer l'esprit avant le dîner. Je suis trop sur les nerfs, ces temps-ci. À fleur de peau, comme disait ma femme !

Nous nous sommes rencontrés au lycée, je n'étais pas très doué et elle me donnait des cours de rattrapage. À Phoenix, en Arizona, où j'habitais dans un quartier pauvre, avec un père alcoolique et une mère qui cumulait deux emplois pour nous élever, ma sœur et moi.

Je n'étais pas un mauvais gars, à l'époque, juste un mec issu du mauvais quartier de la ville qui essayait de s'en sortir.

Pendant toute notre scolarité, ses parents désapprouvaient notre relation. Mais on s'en fichait. Ce n'est que quand ils ont essayé de la présenter à un fils à papa gosse de riche que l'on s'est inquiété.

Alors, lorsqu'elle a eu dix-huit ans, on s'est marié. J'ai pris un boulot dans un garage et elle a poursuivi ses études. On s'en sortait bien, même si on habitait un petit deux pièces tout crasseux et qu'on était pauvre. Mais on était heureux.

Quand elle a eu son diplôme d'enseignante, quatre ans plus tard, elle m'a annoncé la meilleure des nouvelles : j'allais devenir papa !

Au début, tout allait bien. Puis, elle est tombée à l'école où elle bossait à trois mois de grossesse et, bien que le bébé se soit accroché, elle a dû rester alitée pour les mois suivants jusqu'au grand jour.

Un soir, alors qu'il lui restait environ deux semaines avant le terme, j'avais été invité à la soirée de départ en retraite de son patron. Je ne voulais pas y aller mais elle a insisté. Je suis rentré à peine quatre heures plus tard et j'ai trouvé ma voisine qui m'attendait sur mon palier. Elle m'a annoncé que ma femme avait été conduite aux Urgences. Tout content, car j'allais rencontrer mon bébé, je suis donc allé à l'hôpital aussi vite que possible...

J'ai à peine eu le temps d'entrer dans le hall que mes beaux-parents me hurlaient des horreurs et pleuraient.
Mélissa était morte en mettant notre fille au monde...

Je suis interrompu de mes pensées sombres par l'arrivée des régulières en voiture. Elles reviennent avec des paquets de courses de la supérette du coin.
Abby, la régulière de Fox, et Jodie, celle de Scoot, deux lieutenants de notre chapitre, rentrent pendant que Dolores referme le coffre de sa vieille guimbarde avec un dernier paquet sous le bras. Je m'apprête à aller l'aider et, alors qu'elle se dirige vers moi également, un moteur spécifique attire mon attention. Une moto déboule de nulle part et un biker d'un club ennemi dégaine un flingue et tire sur moi. Sauf que c'est Dolores qui se prend la balle à ma place... Bordel de merde !!!

Je suis dans un état second quand tous mes frères débarquent de partout sur la propriété, armés jusqu'aux dents et gueulant à tout va !

Je reprends conscience de la situation en supportant le poids de notre Première Dame sur moi.

- Merde, Dolores !

- Caleb...

- Dolores, hurle notre Président en nous rejoignant. Qu'est-ce qu'il s'est passé, bordel ?

- Je... Je... Un mec des Devils Eagles... Bordel, Dolores, je suis désolé... C'est moi qui était visé !

- Ce n'est pas ta faute... Caleb, regarde-moi, me demande-t-elle.

J'obtempère.

- Tu n'y es pour rien !

Le Président ordonne qu'on l'installe dans l'infirmerie et je le suis en portant Dolores. Je ne veux pas la quitter tant qu'elle ne sera pas soignée. Je ne veux plus perdre quelqu'un que j'aime !

Red Dogs Bikers Club Tome 1 Protéger c'est aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant