Red Dogs Bikers Club Tome 1 Protéger c'est aimer

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Caleb

J'enchaîne verre sur verre depuis un moment déjà.
Ça fait trois jours et on n'a toujours rien. Trois putains de jours... Bordel !

Les gars me laissent tranquille. Ils ont tous compris que je n'étais pas d'humeur et savent aussi pourquoi.

Ce qui me fout en rogne, c'est qu'on n'a pas la moindre piste. Zed a craqué toutes les caméras de vidéosurveillance de la ville, mais il n'a rien trouvé. On dirait bien que le geek soit tombé sur plus fort que lui cette fois-ci et ça a l'air de l'énerver autant que je le suis en temps normal.

Il est tard, j'ai envie de me pieuter. J'en peux plus de rester là à rien foutre. Je termine mon verre de Bourbon cul sec et me lève. Malgré le nombre de verres que je me suis enfilés, je tiens plutôt droit. Je tiens bien l'alcool en général.

Alors que je m'élance dans le couloir, j'entends Tuck, l'un des prospects, rentrer dans le club en s'agitant vivement.

- Où est le Prés ? hurle-t-il.

Ce petit merdeux va me faire vriller dans pas longtemps s'il continue à gueuler sur tout le monde.

- Bordel, où est le Prés ? s'égosille-t-il encore.

- Ferme-la, je lui ordonne.

- Je suis là, me coupe notre Président, juste derrière moi. Que t'arrive-t-il ?

Reprenant son souffle comme s'il avait couru un sprint, Tuck lui montre son téléphone.

- Un message de Shane, Prés ! Il n'a pas réussi à vous joindre directement.

- Et tu me déranges pour ça ? Ça ne pouvait pas attendre demain ?

- C'est à propos de Gia, Prés !

Quoi ?

Sans attendre, Tuck lui tend son portable et le Président lit le message. À côté de lui, je le vois aussi.

Shane :
Transmets au Prés : Gia Marshall est chez les Devil's Eagles à Keystone. Travis lui réserve un sort pire que la mort.
On doit intervenir. S'il le faut, je vais griller ma couverture. Attends instructions.

- O.K.

Le Président siffle l'attention de tous les hauts gradés du club.

- Messe d'urgence !

Il n'a pas à ajouter quoique ce soit, nous nous dirigeons tous vers la chapelle.

- Tuck, toi aussi.

- Oui, Prés !

Nous nous installons à nos places respectives et le prospect reste debout près de la porte.

J'ai la bougeotte. J'ai hâte de retrouver ces connards et leur botter leurs culs une bonne fois pour toutes.

Autant il y a une heure, j'étais bourré comme un trou, autant je suis aussi alerte qu'un lion prêt à attaquer sa proie, à l'instant.

J'écoute le Président donner ses ordres tout en pensant à elle.

Bordel, ce que Shane a dit dans son message était assez explicite. Si on ne se dépêche pas, je ne sais pas comment je vais la retrouver... ou plutôt, je ne le sais que trop !

Mon poing se serre machinalement. La réunion se termine enfin !

- Tuck, tu nous suivras avec le SUV. On part dans trente minutes, ajoute-t-il en frappant la fin de la séance au marteau.

Il est exactement vingt-deux heures. Le Président a formé deux groupes : le premier qu'il dirigera et dont je fais partie, sera en tête en direction de Keystone. Le second suivra en gardant ses distances pour ne pas éveiller les soupçons des flics et risquer d'être emmerdés si l'on est nombreux sur la route.

Deacon, en tant que road captain, a étudié les plans trouvés par Zed dans la dernière demi-heure.

Quarante-neuf miles soit soixante-dix-neuf kilomètres me séparent de Gia. Le trajet jusqu'à Keystone est sensé durer une heure et même si je suis tenté de foncer jusque là-bas en brûlant les limitations de vitesse, je me dois d'obéir aux ordres de mon Président qui ne veut pas de vagues sur notre route.

Le Président en première ligne, notre groupe composé de Deacon, Scoot, Zed, Fox et moi-même, file par l'autoroute I90 vers le Sud-Est.

Après avoir traversé les villes de Tilford, Piedmont, Summerset et Blackhawk, nous prenons la sortie cinquante-sept et nous poursuivons par l'autoroute I190 en direction du Mont Rushmore. Après un passage sur Reed Street et Franklin Street, nous arrivons à Keystone un peu après vingt-trois heures.

Le quartier général des Devil's Eagles se trouve dans une zone reculée de la ville. Nous nous arrêtons dans un bois, cachés à environ mille mètres des lieux qui nous intéressent.

Moins de dix minutes plus tard, le deuxième groupe commandé par notre V.P., Digger, prend position à l'opposé du nôtre, afin de les prendre en tenaille.

- En place, Prés, annonce Digger grâce au mode conférence via nos oreillettes.

- Très bien, répond notre Président. Je lance le décompte : dix, neuf, huit...

Mon sang s'échauffe dans mes veines.

- Sept, six, cinq...

- Prés, je veux m'occuper personnellement de cet enfoiré de Travis !

Le Président ne me répond pas, poursuivant son décompte :

- Quatre, trois, deux... Entendu, ajoute-t-il à mon intention, ce que tous les autres entendent. Un ! Messieurs, la chasse est ouverte !