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Gia

Opérer un patient dans des conditions pareilles, ça semble de la pure folie. D'autant plus que je ne suis pas chirurgien !
Prenant un moment pour me préparer, j'en profite pour me remémorer mentalement les opérations auxquelles j'ai pu assister. Des blessures par balles, j'en ai vu, mais pas énormément.

- Vous allez vous bouger ou rester plantée là à vous tourner les pouces ? intervient le biker subitement. Vous savez ce que vous faites au moins ?

Je le regarde alors d'un air mauvais, mécontente qu'il ait interrompu le flot de mes réflexions.

- Les blessures par balles provoquent trois types de traumatismes : la pénétration c'est-à-dire la destruction de la chair par le projectile, la cavitation, ce sont les dégâts causés par l'onde de choc de la balle dans le corps, et la fragmentation causée par les éclats du projectile ou les plombs. Je dois faire attention car les dégâts internes pourraient être graves même si les points d'entrée et de sortie sont relativement petits.

Ce n'est pas vraiment le moment mais je suis contente de lui avoir bouché son clapet à cet espèce de brute...

Je reprends mes réflexions, tout en préparant la piqûre de produit anesthésiant pour Dolores.

Il faut espérer que la balle ne soit pas segmentée en plusieurs éclats.

Se faire tirer dessus, bien que très traumatisant pour le corps, n'est pas le plus grave. La perte abondante de sang, c'est ça le plus grave. La majorité des blessés par balles meurent non pas à cause de la blessure elle-même, mais principalement à cause de la perte trop abondante de sang.

- Des allergies à signaler, Dolores ?

- Non, répond-elle faiblement.

Elle ne va pas bien du tout. J'ai bien senti qu'elle s'efforçait de ne pas montrer sa douleur devant son mari.

- O.K.

La seringue préparée, je me tourne à nouveau vers elle.

- Quand vous vous réveillerez, tout sera terminé.

Elle acquiesce et j'injecte la seringue dans une intraveineuse que je lui ai installée au préalable.

- Que dois-je faire ? demanda le biker alors que la patiente s'endormait.

- Si l'on était dans une situation normale, on aurait appelé une ambulance et, en attendant, il aurait fallu appliquer l'une des deux méthodes pour arrêter les saignements. Impossible d'utiliser le garrot ici. Il ne peut être fait que sur les bras et les jambes. J'ai vu qu'on lui avait fait un point de compression. Et c'est très bien. Mais ça ne fonctionne que s'il y a un seul trou. C'est ce qui se passe dans le cas de Dolores. Vous allez donc m'aider à récupérer le projectile. Ensuite, nous nous occuperons de nettoyer la plaie et de soigner l'hémorragie.

- D'accord.

J'inspecte le matériel chirurgical à ma disposition.
Seigneur, donnez-moi la force !

Cela fait près d'une heure et demie que j'ai commencé à opérer, avec l'assistance du biker taciturne. Il obéit consciencieusement à mes ordres sans broncher et ne décroche pas un mot, sauf pour demander de quel ustensile médical j'ai besoin.

Dieu merci la balle n'a touché aucun organe vital. J'ai récupéré le projectile qui heureusement n'avait pas éclaté en plusieurs morceaux et j'ai soigné les plaies alentours.

Je viens juste de refermer et recoudre la plaie quand le Président refait son apparition.

- Ça fait une heure et demie, dites moi qu'elle est sauvée...

- On vient tout juste de terminer, Prés...

- L'anesthésie va durer encore quelques heures. J'ai fait mon possible pour lui retirer la balle mais il faut attendre pour savoir comment elle va réagir, maintenant !

- Merci, Mademoiselle Marshall.

- Je... Je voudrais rentrer chez moi maintenant...

Le Président hoche la tête, plein de gratitude.

- Caleb va vous raccompagner...

Attendez... Quoi ?

L'autre biker semble aussi surpris que moi. Pourtant, il ne dit rien et sort de la pièce tel un boulet de canon.

- Georgia ? Merci pour votre aide. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je dis bien quoi que ce soit, venez me voir, d'accord ?

Je le remercie et quitte à mon tour l'infirmerie du club à la recherche de mon chauffeur.

Je croise Tuck, l'un des prospects, dans le couloir et il m'annonce que Killer m'attend dehors.

- Killer ? Mais je croyais que c'était Caleb Porter qui allait me ramener ?

- Oui. Ici, on le surnomme Killer, mais son vrai nom, c'est Caleb Porter.

Il me raccompagne à l'extérieur et je trouve mon assistant d'un jour au volant du même SUV dans lequel les prospects m'ont conduit ce matin. Il a l'air vraiment en colère. Contre moi ?

Red Dogs Bikers Club Tome 1 Protéger c'est aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant