Demoiselles

CHAPITRE 27 | Arpège.

C'est en sortant de mon studio le lendemain matin que je reçus le message d'Edouard. Cela n'avait rien d'extraordinaire si l'on prenait en compte la cinquantaine de messages échangés depuis mon départ, la veille. Mais ce message en particulier n'était pas anodin : il était accompagné de trois appels manqués et de caractères majuscules : RAPPELLE MOI.

Edouard était rarement dans l'urgence, ce message m'étonnait donc.

"Violette !" S'exclama t-il dès qu'il décrocha.

"Il se passe quoi ? Tu me fais peur mec...

- Truc improbable, mais Nora est revenue lécher les bottes de mon père hier soir au téléphone.

- Hein ?

- Plus je la connais plus j'ai envie de l'encastrer mais c'est ok, tout va bien. Elle arrive dans moins d'une heure au haras avec Demy car apparemment elle n'est pas satisfaite du travail que tu as fait avec elle."

Je me retenais de réagir avec agacement, cela étant inutile, Edouard n'y pouvait rien.

"Elle a dit quoi à ton père ?

- Je cite "je suis désolée de vous avoir mis en colère l'autre jour mais je dois vous avouer que depuis que Demy est partie du haras je n'ai pas trouvé une écurie qui me correspondait et j'aimerais revenir, si bien sur, vous acceptez de corriger les mauvaises habitudes que ma jument a prise cet été avec celle qui l'a travaillé."

- Sympa. Elle parle de moi, clairement.

- Pas de doute possible.

- Louis a réagi comment ?

- Il lui a simplement dit de venir aujourd'hui pour parler en face à face et voir la jument au travail pour voir ce qui ne va pas."

Reparler de Demoiselle me fit l'effet d'un terrible flashback. Elle était devenue mon deuxième Shamrock et je n'avais aucun moyen de changer la donne.

"Edouard...je peux faire quoi depuis là où je suis ?

- Toi rien. Moi je peux tester des trucs. Je suis assez persuasif parfois tu sais.

- Hum oui. Ton fameux charme lui fera peut être de l'effet, dis-je amusée.

- Fous-toi de ma gueule...on verra si je ne sais pas négocier.

- Quel businessman tu es. Allez, je suis désolée mais je dois te laisser, Andrew m'attend pour me présenter les écuries et les chevaux.

- Ca marche Vi', je te tiens au courant.

- Cool."

Je laissais passer un silence et repris :

"Tu gères. Vraiment, t'es parfait. "

Edouard sembla pris de cours et répondit quelques instants après :

"Je te l'ai promis, je suis là pour toi."

Malgré la nouvelle qu'il venait de m'annoncer, j'étais heureuse d'avoir quelqu'un de fiable à mes côtés.

Je pris la direction de la maison d'Andrew qui prenait un café sur sa terrasse, au soleil.

"Salut Violette ! Prête pour ta journée de l'enfer ?

- Ready pour souffrir ! Répondis-je en souriant

- Parfait...je vais déjà te présenter aux chevaux que tu auras à travailler régulièrement. Pour le moment tu en as trois. Si tout se passe bien avec eux tu en auras deux autres à travailler par intermittence dans la semaine. Et puis potentiellement sept si tu en as la possibilité avec un groom.