CHAPITRE 4 | Le meeting de l'équipe.

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Le soir arrivant, les cavaliers de dressage commencèrent à arriver, ils étaient trois à monter le mardi soir de seize heures à dix huit heures pendant les grandes vacances.

La première à arriver était une fille de mon âge, elle me salua surprise de voir une nouvelle cavalière dans le groupe.

"Tu montes en concours ? Je ne t'ai jamais croisé en compétition dans le coin ! Me demanda t-elle tandis que je l'accompagnais chercher la jument qu'elle montait au pré.

- Je suis cavalière de saut, je montais à l'international... Mais j'ai du arrêter. Je suis venue ici dans l'objectif de m'améliorer en dressage mais j'ai trouvé une jument que je dois entraîner.

- Oh pas mal ! Tu étais à quel niveau en saut ?

- Je montais en épreuve deux ou trois étoiles avec mes chevaux.

- Et c'est quelle jument que tu dois entraîner ?

- Demoiselle, elle est chez les propriétaires.

- Oh je vois ! Je te souhaite beaucoup de courage alors ! C'est un enfer cette jument !"

La dénommée Pauline que je venais d'accompagner était plutôt du genre comique même si un peu trop bavarde à mon goût.
En revenant aux écuries, nous rencontrâmes les deux autres cavaliers du groupe, Julia et Léon.

Ce dernier s'occupait d'un immense cheval gris et ne cessait de me questionner :

"Tu t'appelle comment ? Tu as quel âge ? Tu fais du dressage depuis quand ? Tu montes quel cheval ? Ah tu faisais du saut, à quel niveau ? Tu es là depuis quand ?"

Après avoir répondu à son interrogatoire, Julia vînt me voir tandis que j'observai le petit groupe seller leurs chevaux :

"Tu veux pas t'entraîner avec nous ?"

Je réponds par la négative et Julia me sourit gentiment. Les cavaliers de dressage me paraissaient jusque là bien plus accueillants qu'en saut d'obstacles.

J'ai eu de la chance de naître dans une famille connue du milieu et d'y être plongée dès mes plus jeunes années poneys. J'ai ainsi pu côtoyer d'autres cavaliers de mon âge promis à un avenir de professionnels sans avoir besoin d'y faire difficilement ma place.
C'est d'ailleurs un monde qui va me manquer, et je ne me suis jamais mentis, je sais pertinemment que le saut à haut niveau et moi c'est désormais de l'histoire ancienne.

Le groupe de dresseurs discutaient en attendant l'arrivée de Louis qui leur indiqua de se rendre en carrière.
Une fois les éperons fixés et les casques attachés, je suivis les cavaliers avec leur coach.

En bord de carrière, je vis Édouard qui attendait son père :

"Maria m'a dit de te signaler que Django est boiteux. Mais je l'accompagne pour le soigner."

Louis se tourna vers moi :

"Accompagne le, comme ça tu rencontreras Maria et tu verras ce phénomène de Django !"

J'acquiesce et m'approche du dénommé Édouard qui me fit signe de le suivre.
C'est alors que mon téléphone se mit à sonner, effrayant le cheval de Léon qui marchait dans la carrière.
Me confondant en excuse envers le cavalier surpris je pris l'appel :

"Oh Amélia ! Ça fait plaisir que tu m'appelle !

- Aha ! J'ai un truc de dingue à te raconter !! Devine qui j'ai vu aujourd'hui !? Me coupa mon amie

- Je...j'en sais rien. Mais dis moi vite, je suis attendue, dis-je en apercevant Édouard patienter au bout du chemin

- Ah...bon. Alors je t'appellerais plus tard." Conclut Amélia en raccrochant brusquement.

Je hausse les sourcils, surprise de la réaction de mon amie. Je la connaissais susceptible, mais pas à ce point-là ! !

Édouard ne cachait pas son impatience et m'avait largement devancé. Passer tout l'été avec pour seule compagnie humaine de mon âge un insupportable prétentieux de service, cela risquait d'être compliqué.

"Enchantée, moi c'est Maria." Dit la palefrenière lorsqu'elle me vit. Elle avait un ton froid et autoritaire mais un regard sympathique.

Elle se tourna vers Édouard et lui indiqua d'aller chercher le fameux Django dans son box.

"Alors c'est toi la fameuse crack en saut ?

- Les nouvelles vont vite !

- Je préfère te prévenir. Que tu sois une merde en équitation ou la championne du monde, je serais cash dans mes paroles. Alors si parfois ça te plaît pas, c'est la même chose."

Sympathique.
Heureusement Édouard revint rapidement pour dissiper le malaise qui s'était installé.
Django était un magnifique étalon bai brûlé assez lourd et imposant qui était tenu par une longe solide et un licol en cuir foncé.
Il boitait effectivement à son antérieur gauche et Maria approcha son chariot de soin.

Je restais légèrement à l'écart pour regarder et Édouard me rejoint rapidement. Le silence était pesant :

"Tu...tu montes à cheval ? Demandai-je en direction du jeune homme

- Non. Sûrement pas. J'aide parce que j'ai pas le choix.

- Ça t'intéresse pas ?

- Quand tu bouffes cheval, tu dors cheval, tu bois cheval, tu travailles cheval et que tu pisses cheval depuis que tu es né, non, je t'assure que c'est pas intéressant.

- Enfin, tout dépend pour qui. Dis je amusée en pensant à moi et mes amis qui vivont la même vie "cheval" depuis toujours.

- Peut-être pour toi. Mais pas pour moi."

Un silence se réinstalla mais cette fois-ci ce fut Édouard qui le brisa en chuchotant :

"Au fait, Maria est à peu près sympa comme une porte de prison avec les nouveaux cavaliers. Elle s'attendrit avec le temps...évite de la contrarier."

Je souris, amusée tandis que Maria finissait de soigner Django.

Ma première soirée avec la famille Tousset fut très intéressante, ils me montrèrent la "Golden Room" comme Lucille aimait appeler la salle des trophées où était entassés et affichés les flots, les plaques et les coupes des compétitions remportées. Une multitude de photos étaient placardées contre les murs et faisaient la fierté de Louis.

Édouard était resté silencieux jusqu'au dessert où il demanda à son père d'annuler son cours de tennis du lendemain. Cette demande sembla déranger Louis mais il finit par accepter à contre coeur.

Ma chambre était très confortable, décorée simplement mais avec goût, elle comportait un grand lit et de très jolis meubles, le tout dans une ambiance moderne et chic.

C'est seulement à deux heures du matin que je réussis à trouver le sommeil, après avoir discuté avec mes amis sur le groupe Snapchat "France CSO" des dernières infos de l'équipe nationale. Mes amis me manquaient atrocement, je ne vivrai plus ces moments de détente entre les épreuves des grands championnats, ces soirées interminables après chaque victoire, cet esprit d'équipe entre nous tous, les encouragements, les tours d'honneur sur les plus beaux terrains de concours mais aussi ce bel esprit de compétition qui nous animaient tous.

C'est en regardant sur ma table de nuit, la photo de groupe où nous étions tous attablés au restaurant VIP du jumping de la Baule avec des sourires sur chacun des visages que je m'endormis.

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