CHAPITRE 15 | Les émotions en chaîne.

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La journée avait été éprouvante. Déjà la sortie de Demoiselle, puis la déclaration que m'avait faite Édouard et enfin l'appel de Léon.

Pour Édouard, je n'avais pas accepté de sortir avec lui. Peut-être car la seule fille au tempérament potable de cette écurie l'aimait encore et que je ne voulais pas me la mettre à dos. Peut-être aussi parce que je ne me sentais pas d'annoncer à mes parents que je sortais avec le fils de leurs meilleurs amis. Ou alors simplement que je n'étais pas sûre de mes sentiments envers lui.

Pour le dernier point, Léon m'avait appelé en fin d'après midi, en panique totale. Son jeune cheval avait cabré et s'était retourné dans son pré. Il hésitait à le signaler à Louis et m'avait fait venir en urgence pour que je vérifie si il n'y avait aucune blessure qu'il n'aurait pas remarqué.

"Non tout va bien. Il n'a rien de déplacé, dis-je en examinant le dos du cheval

- Je peux te poser une question ?

- Bien sûr !

- Tu veux bien accepter mon invitation au resto ce soir ? Demanda t-il en hésitant

- Quelle invitation ?

- Celle que je vais te faire."

Je rigolais amusée par la manière dont Léon amenait les choses :

"J'aimerais t'inviter à manger en ville.

- Je prends ça comme une invitation amicale ou une invitation d'un autre genre ?

- Amicale ! Avec moi toutes les invitations que je te ferai seront entièrement amicales. Je sais pas si tu le sais, mais je suis gay. Alors je peux pas t'inviter de manière amoureuse puisque tu es une fille, mais moi je suis un gars qui aime les autres gars et....

- C'est bon Léon. Pas besoin de te justifier ! Dis-je en riant devant le discours hésitant de mon ami

- Tu m'en veux pas ? D'être gay ? De ne pas t'inviter de manière plus qu'amicale ?

- Bien sûr que non ! Je m'en fous que tu sois gay, bi, hétéro, que tu aimes l'automne plus que le printemps, que tu mettes du ketchup dans tes pâtes ou non, que tu préfères la tartiflette à la raclette...

- Quel rapport avec la tartiflette ? Demanda Léon en riant

- Aucune idée. À partir d'un certain moment de la journée, c'est mon ventre qui parle à la place de ma tête. Et oui, j'accepte ton invitation."

Léon semblait ravi que j'accepte et me pris dans ses bras :

"Ce câlin est purement amical ! Dit-il en rigolant

- T'es con ! Répondis-je amusée

- En vrai, je suis content que ça ne change rien pour toi."

La soirée au restaurant avait été super, Léon avait choisi un lieu très chaleureux où la cuisine était délicieuse. Je pu lui parler de mes histoires avec Julia, Édouard et Anaïs. Il me fit part à son tour des problèmes qu'il avait eu au début avec les cavaliers des écuries, en particulier avec Pauline et Anaïs qui avaient été apparemment pires que Julia il y a quelques années auparavant. J'étais heureuse d'avoir trouvé une personne à qui parler de manière neutre, et lui aussi semblait ravi.

Je passais la soirée à l'appartement du jeune homme et dormis sur le canapé. Le lendemain, nous arrivâmes ensemble au haras. J'avais convenu la séance de saut avec Lucille dans l'après-midi tandis que je prévoyais un trotting avec Solista en compagnie de Léon et son jeune cheval dans la matinée.

Mais dès mon arrivée je sentis que les choses n'allaient pas se passer comme prévu.

Un camion rouge, le gyrophare bleu sur le toit me fit l'effet d'un poids sur le cœur. Il était garé près de la carrière de saut du centre équestre. Il ne pouvait pas s'agir d'un élève du cours de Lucille puisqu'il n'y en avait pas le mardi matin. Peut-être un autre cavalier que je ne connaissais pas ?

DemoisellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant