CHAPITRE 8 | Réveil difficile.

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Le réveil du lendemain fut particulièrement difficile.

Un rayon de soleil frappait mon visage, j'avais du oublier de fermer les volets la veille.
Un mal de crâne tout particulier me rappela la soirée un peu trop arrosée qui avait eu lieu.

Édouard avait profité de l'absence de ses parents pour inviter des amis, et par un élan de folie, d'envie de tout oublier pendant quelques heures, j'avais sans doute un peu trop bu.

Cette chambre ne ressemblait étrangement pas à la mienne, la disposition était différente, la fenêtre s'était transformée en baie vitrée donnant sur un balcon et le bureau ordonné était devenu un ramassis de bout de papier et de t-shirts en vrac.

"Bien dormi ?"

Je sursaute en entendant la voix près de moi.

"Qu...qu'est-ce que je fais là ?

- Disons que ta chambre a été occupée par des amis hier soir, j'ai préféré par sécurité que tu viennes dans la mienne. M'expliqua Édouard qui devait déjà être réveillé depuis longtemps.

- Pardon ? M'écriai je, sous le choc

- Je te promet, il s'est rien passé. On a juste dormi."

Je me frotte les yeux et me redresse dans le lit :

"Écoute, je comprends rien, je ne me souviens même pas d'hier. Dis-je en baillant, à moitié réveillée

- Tu avais beaucoup trop bu, tu étais aussi réactive qu'une éponge. Mes amis aussi étaient complètement saouls et quand ils sont dans cet état je ne leur fait pas totalement confiance...enfin tu vois ce que je veux dire."

Je soupire, balançant ma tête d'avant en arrière :

"Je vois parfaitement, je suis donc censée te remercier de ta charité de m'avoir hébergé dans ton lit ?

- Pas forcément me remercier. Mais au moins me promettre que tu ne diras rien à personne dans ces écuries. Si ça remonte à mes parents, autant te dire que je suis mort...et c'était purement amical," Répondit Édouard avec un sourire sincère.

Il était déjà dix heures, Lucille et Louis avaient prévu de rentrer vers onze heures.
En retournant dans ma chambre, je vis effectivement qu'elle servait d'accueil à trois personnes.

"Eh les gars, réveillez-vous !" M'exclamai je avec autant de conviction que mon mal de cheveux me le permettait

Une demi-heure plus tard, l'intégralité du salon était rangé et nettoyé et les amis d'Édouard étaient partis.

Mon mal de tête était terrible, j'avais vidé une bouteille à moi seule, moi qui avait toujours refusé de boire à l'excès.
De plus, l'état dans lequel je m'étais réveillée m'avait totalement perturbé et j'étais gênée à chaque fois que je croisais Édouard.

Pour me changer la tête, je pris la direction des écuries, pour rendre visite à Demoiselle.
La soirée m'avait presque fait oublier sa blessure, mais celle-ci me revint de plein fouet lorsque je vis le bandage blanc refait par María le matin même.

La jument mangeait tranquillement son foin. Elle releva la tête brusquement lorsqu'elle m'entendit :

"Salut Demy..." chuchotai-je en m'approchant.

Demoiselle passa sa tête à travers la porte du box avec curiosité.
Durant plus d'une heure, je restais devant son box à l'observer manger. Je pensais à Shamrock, à l'heure qu'il était il devait être installé confortablement dans sa nouvelle écurie, ou en plein entraînement.
Je me souvenais encore de sa propulsion extraordinaire pendant l'appel de chaque obstacle, sa capacité à refuser à chaque fois que j'avais le malheur de le précéder, ses foulées de galop souples et rebondies, son encolure haute et fière dès qu'on lui accrochait un flot aux montants de son filet. Je me souvenais de sa vivacité, de la violence des chutes que j'avais eu avec lui, mais aussi des tours d'honneur où il me semblait que le temps s'arrêtait, que le public applaudissait, les foulées s'allongeaient, je pouvais alors ressentir dans ces moments là, cet étrange sentiment d'éternité.

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