Nous nous sommes embrassés pour la première fois dans la cour du lycée, sur un banc ; isolés de la foule et de nos amis communs. Nous avions eu une longue conversation, la veille. Tu t'amusais de mon incompréhension sans vraiment deviner que je n'osais tout simplement pas le dire à haute voix. Parce que si je te l'avais dit, ça voulait dire que c'était vrai, et j'avais bien trop peur. Peur du rejet, de l'abandon, du regard des autres... J'avais peur qu'un mot, un geste, te fasse fuir.
"Je dois t'avouer que... ça fait quelque temps que je t'apprécie beaucoup."
Quand j'ai reçu ce message, j'étais déjà dans mon lit depuis plusieurs heures. En lisant ses mots, j'ai senti que mon cœur battait plus vite. Quatre mois que j'espérais recevoir un message comme ça de sa part et voilà que je ne voulais pas y croire. J'ai mis plusieurs minutes à te répondre, espérant secrètement que tu te sois endormis sur ton téléphone.
"Moi aussi, je t'apprécie beaucoup depuis quelque temps."
"Ah"
Ah? Je me doutais à l'époque que tu jouais avec moi, tu aimais bien mes réactions, ça tu me l'avais dit. Mais la peur a prit toute la place, malgré ton message explicite, je n'étais pas sûre, et ça me rendait dingue. J'ai alors décidé de prendre - maladroitement - les devants.
"Donc, on peut en tirer une conclusion ?"
Une conclusion ? Les cours m'étaient monté à la tête, il faut croire. Moi qui voulais l'impressionner, c'était raté.
"Oui, je crois qu'on peut."
Rien d'autre. C'en devenait une torture mentale, je voulais croire qu'il y avait un sens caché à tous ces messages, alors qu'ils n'y en avaient pas. j'étais en train de réfléchir à la réponse quand un autre message de lui est arrivé :
"On en reparlera demain, avant les cours. Je préfère qu'on se voit pour parler de ça."
"D'accord. À demain alors."
"Bonne nuit"
Ma chambre était à nouveau plongée dans la pénombre, mais mon esprit n'était pas prêt de s'arrêter. J'étais partagée entre l'excitation de la possible concrétisation et la peur d'être tombée à côté de la plaque. Je ne me rappelle pas vraiment à quelle heure je me suis endormie. Mais je me rappelle du lendemain. De ton câlin spontané qui avait remplacé nos bises habituelles, des regards d'admirations de nos amis et des chuchotements qui ont suivit.
Et puis nous nous sommes retrouvés sur ce banc. Et tu as commencé à parler:
"Ça fait un petit moment que mes sentiments pour toi ont changés. J'aime les moments qu'on passe en groupe, mais la plupart du temps j'ai juste envie d'être avec toi. Je sais pas comment le dire autrement alors, je le dis: je crois que je suis tombé amoureux de toi. De ton caractère, de ta façon de penser. Tu es capable de me montrer une autre facette des choses, alors que je ne vois pas ce qui est évident. Alors, est-ce que tu veux sortir avec moi ?"
Je n'aurais pas su comment expliquer la vague d'émotions qui m'a submergé à cet instant. J'avais rougi au contact de tes lèvres sur les miennes. Je me rappelle de ta main glissant sur ma nuque. Et je ne voulais plus que cela s'arrête. Cette impression d'être dans une bulle qui n'éclatera jamais, ce bonheur que je venais d'effleurer et dont je n'imaginais pas l'ampleur.
****
Mais il fallait bien que ça s'arrête, pas vrai ?
Tu es venu chez moi – comme tu l'as si souvent fait – à quelques jours de nos deux ans de relation. Tu tes assis sur le lit et j'ai parlé. J'étais si heureuse de te voir, je voulais te parler de ce voyage qu'on avait organisé et de tout ce qu'on aurait pu faire. Tu as toujours été honnête avec moi, mais ce jour-là j'avais l'impression que les mots avaient du mal à sortir de ta bouche.
Tu m'as coupé la parole pour me dire que t'es sentiments avaient changé, que tu ne me voyais plus de la même façon. Tu ne m'aimais plus et je ne voulais pas le croire. Quelque chose venait de s'effondrer sous mes pieds. J'étais en larmes quand tu t'es éclipsé. En entendant ta voiture partir, je suis sortie, pieds nus, la vue brouillée, avec l'envie irraisonnable de te rattraper. Je voulais qu'on en parle, je voulais croire qu'on aurait pu arranger les choses si on prenait le problème à la racine. Mais face à la réalité, on ne peut rien. Tu ne m'aimais plus et tu étais déjà loin de moi.
S'en ai suivit de longues soirées où j'ai remplacé le vide que tu as laissé par la drogue et la tristesse. L'auto-destruction. Les jours paraissaient plus longs et les nuits interminables. J'avais perdu l'envie de tout, je n'avais plus la force de rien et personne ne semblait comprendre ma douleur. Les crises s'enchaînaient et ma colère grandissait.
Mais c'est comme ça, pas vrai ?
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Aujourd'hui, tu n'es qu'un souvenir que je garde par nostalgie. Comme un bibelot que je conserve près de moi pour ne pas oublier à quoi ressemblait ma première relation.
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Through Your Soul
RomanceLola est obligée de suivre son père - qu'elle n'aime pas - et sa femme dans leur nouvelle villa pour les vacances d'été. Elle ne pensait pas que Samuel, le fils de sa belle-mère, fasse parti de l'aventure. Entre désespoir et vacances, Lola pensait s...