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Après plus d'une heure de vol plutôt silencieux – mis à part Rosa qui a râlé pendant tout le trajet – j'avais enfin mis un pied sur le sol d'Ajaccio. Entre montagne et mer, la ville se tenait là, haute et belle, entourée de palmier. On aurait pu croire qu'on était en France si les paroles chantantes des Corses et les rues étroites ne venaient pas nous contredire. Au loin, on peut entendre des chants traditionnels accompagnés d'acclamations. Il fait une chaleur insoutenable et je n'ai pas perdu de temps pour enfiler mes lunettes de soleil et mon chapeau.

Ça fait bien une demi-heure qu'on traverse les rues de la ville et Samuel a toujours son casque sur les oreilles. Il y a vraiment des gens qui ne savent pas profiter.

- Par ici.

Mon père entraîne déjà Rosa et sa femme à l'opposé d'une place publique ou se tient un marché local.

- Est-ce qu'on peu passer par le marché, s'il te plaît ? Je demande.

Mon père ne m'a pas entendu – où a fait semblant de ne pas m'entendre – mais Sonia s'est tourné vers moi, un air désolé sur le visage.

- On doit d'abord aller poser les bagages à la maison, Lola. Mais si tu veux, on pourra y retourner entre filles juste après ! Il nous faut remplir le garde -manger de toutes manières.

- Super

Je me force à sourire tout en les rattrapant. Évidemment, puisqu'on vient ici en famille, autant tout faire ensemble.

On se rapproche de plus en plus de la plage, et quand je crus qu'on en verrait jamais la fin, les parents se sont fièrement tourné vers nous, des étoiles dans les yeux.

- Tadaa !

Il avait parlé d'une même voix, et ça suffit à Rosa pour être excité comme une puce. L'extérieur n'a rien d'extraordinaire, un mélange de bois et de béton blanc, qui fait tout de suite penser aux vacances au soleil. Néanmoins, elle semble un peu grande pour quatre personnes.

Sonia ouvre la porte et je les laisse se précipiter à l'intérieur.

- Maman ! Maman, ou est ma chambre ? Crie déjà Rosa.

- Par là ma puce.

J'allais entrer quand mon épaule percuta quelque chose. Avec le poids du sac, je me suis retrouvé les fesses à terre en moins de deux secondes. En relevant la tête, j'ai vu Samuel enlever son casque et me tendre la main.

- Excuse moi, cracha-t-il comme si ça lui coûtait de parler, j'ai pas fait gaffe.

J'ignore sa main et je me mets sur pied à la force de mes jambes.

- Faut dire que ton sac à l'air de peser un âne mort. T'as prévu de ne pas sortir de la villa ou quoi ?

Il souffle du nez en observant mon sac. Je secoue la tête et lève les yeux au ciel, après tout c'est lui qui a passé tout le trajet coupé de tout, pas moi. Je décide de ne pas y prêter plus attention et m'engouffre à mon tour dans la maison. Je n'ai pas pu réprimer un « waouh » de surprise. L'intérieur est immense : la cuisine, la salle à manger et le salon se retrouvent dans une même grande pièce et l'intérieur est ouvert sur l'extérieur – deux grandes portes en bois sont repliées à chaque extrémité de la terrasse. Un escalier mène à une mezzanine et donne l'illusion que la maison est plus grande encore.

Rosa a visiblement trouvé sa chambre, juste à côté de l'escalier, et veut déjà se changer en maillot de bain. Mon père disparaît dans une pièce, à côté de l'entrée, tandis que Sonia pose ses affaires sur la grande table en bois avant de se retourner vers nous.

- Vos chambres sont au premier. Sam, je compte sur toi pour lui montrer la sienne. En attendant, nous on va dormir en bas pour être plus proche de Rosa. Fais comme chez toi, Lola.

Elle m'a souri sincèrement avant de suivre son mari dans la chambre.

- Bon, tu viens, madame la touriste ?

Sam était déjà en haut de l'escalier, accoudé à la rampe en verre, avec un sourire au coin de ses lèvres. Je me demande s'il se moque de moi ou si le contexte l'amuse. Je me dépêche de monter les marches avant qu'il ne trouve une autre remarque à me dire.

Le premier étage est plus petit mais toujours aussi spacieux et ouvert. Il y a un coin lecture en face de l'escalier, avec une imposante bibliothèque à l'ancienne et un bureau remplis de dossiers. Il y a même un accès au balcon. D'ailleurs, je pensais que Sam allait sortir mais, arrivé devant, il tourne le dos à la baie vitrée et désigne une porte juste à côté.

- Voilà ta chambre, dit-il en l'ouvrant, il y a une salle de bain qui communique avec la chambre d'à côté mais comme il n'y a personne, elle est à toi.

- Merci.

Il se recule d'un pas pour me laisser entrer. La chambre est très épurée, toujours se mélange de bois et de blanc qu'on retrouve dans toute la maison. En face de mon lit se trouve une autre baie vitrée qui donne sur un balcon privé. Eh bien, je n'ai jamais vu autant de luxe de ma vie. Je me demande bien comment mon père à pu se payer tout ça.

Je remarque alors que Sam était toujours dans l'embrasure de la porte.

- Ma chambre est juste en face, précise-t-il en s'éloignant vers celle-ci, si jamais t'as besoin de quelques choses.

- Merci Samuel.

- Sam. Je préfère Sam.

Je l'ai fixé un moment – trop longtemps peut-être – avant de hocher la tête en signe d'approbation. J'ai la sensation que ce mois de juillet ne va pas être de tout repos.

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« De : Lola

À : Sandra, Mya, Charly

1 pièce jointe.

Pour vous donner envie de venir ! »

J'aurais aimé qu'on se retrouve tous les quatre dans ce marché, on aurait goûté tous ces produits ensemble. Sur la photo, je suis seule à déguster de la charcuterie et je ressemble plus à un glouton qu'autre chose. Mais je sais que ça les fera rire.

Sonia est plus amicale que ce que je croyais, peut-être était-ce la présence de mon père qui change ma manière de voir les choses. Elle a passé une robe légère couleur verte et m'a rejoint avec un chapeau de paille. Elle a passé l'heure précédente à me faire découvrir – et goûté – les spécialités du pays et elle en a acheté la plus part. Elle a déjà emporté plein de choses pour manger mais il faut croire que ce n'est pas assez.

Rosa est restée à la maison avec son père, elle est sûrement déjà dans l'eau à l'heure qu'il est. Je me sens enfin respirer, sans tout le monde autour. Bon, le marché est très fréquenté mais ça fait partie de la découverte.

- Regarde Lola ! Elle n'est pas jolie ?

Elle m'a mis une serviette de plage immense couleur bleu ciel dans les mains. Il y a, çà et là, quelques motifs flous d'oiseaux.

- Il y a une serviette pour tout le monde sauf toi à la maison, choisis-en une. C'est moi qui paye.

- Vous êtes sûre ? J'ai les sous pour la payer et ça ne me dérange pas.

- Pas de vous entre nous, Lola, s'il te plaît. Et puis ça me fait plaisir.

- D'accord. C'est très gentil.

Je lui souris avant de regarder les autres motifs. Elle semble si fière de m'acheter cette serviette, je dois avouer que ça me touche. Après quelques minutes de recherche, j'en trouve une ronde – qui fait presque deux fois ma taille -, blanche avec un mandala doré. Sonia approuve de bon cœur avant de se diriger vers le vendeur.

On rentra à la maison par la plage, les pieds dans l'eau. J'appréciais la chaleur du soleil de fin de journée mélangé à la légère brise qui fait voler mes cheveux court. Finalement, je pourrais peut-être me plaire ici.

Through Your SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant