Through Your Soul

8.

Le soleil qui filtre à travers les stores m'empêche de dormir plus. Je rabats la couverture sur moi, mais rien à faire, on dirait qu'il traverse même le tissu. Je ne sais pas quelle heure il est mais la chaleur est déjà étouffante. Je m'arrache à mon lit à contrecœur et ouvre la baie vitrée en espérant faire rentrer un peu d'air.

Je fais quelques étirements en avançant sur le balcon. Le soleil est déjà haut. Des images de la soirée d'hier me reviennent en tête. Merde, ce n'était pas mon rêve ? Non, je me rappelle être allé chez Emilio avec Sam. Il faut que je parle à Louis, qu'il m'explique pourquoi il a dit ça. J'aimerais que ce soir faux, mais je fais confiance à Sam. Et Nell, je veux qu'elle sache que je n'ai rien à voir là-dedans. Je m'appuie sur le balcon et me passe une main sur le visage.

- Salut.

Je tourne la tête vers la gauche. Sam est dans la même position que moi, une cigarette allumée au coin de ses lèvres. Je réprime un sourire. Il est immobile, torse-nu, seuls ses cheveux bougent au rythme de la brise.

- Salut. Pas trop fatigué d'hier ?

- C'est plutôt à toi qu'il faut demander ça.

- Pourquoi ça ?

Son bras se contracte quand il retire la clope de sa bouche et laisse échapper la fumée. Je me surprends à la suivre des yeux. Il y a un côté hypnotisant à la regarder s'unir avec le ciel. Puis mes yeux redescendent et se plantent dans ceux de Sam. Un frisson me parcourt.

- Tu viens de louper le déjeuner.

- Oh, vraiment ? Je ne savais pas qu'il était si tard.

- Sonia voulait venir te réveiller mais je me suis dit que t'aurais besoin de repos.

Cette fois-ci je souris franchement. Son côté rebelle commence doucement à laisser place à un côté attentionné qui, je dois dire, me plaît beaucoup.

- Merci. Je vais descendre, au moins pour petit-déjeuner.

Il me sourit et je retourne dans ma chambre pour passer un short. En chemin jusqu'à la cuisine, mon ventre gronde. J'ai si faim que je pourrais manger n'importe quoi. Je fais une pause dans les escaliers quand je vois mon père sur le canapé, une pile de papier dans les mains. Je me demande s'il va me faire une remarque pour avoir loupé le repas de midi, mais il ne dit rien. En tout cas, rien de méchant.

- Bonjour.

- Salut.

- Tu t'es bien amusée hier ?

Je suis devant le frigo ouvert quand il me pose cette question. Par réflexe, je cherche à analyser ses paroles, je ne me souviens pas qu'il se soit préoccupé de ce que je fais – en bien, je veux dire – depuis qu'il a quitté la maison. Je lui réponds tout en restant sur la défensive.

- Oui, je suis allé voir mes amis. On a bien rigolé.

Je revois alors Louis au sol, le visage enflé. Je secoue la tête pour faire partir ces images d'horreurs. Je me concentre sur ce que je vais manger : il y a des pâtes et du bacon dans un saladier, sûrement les restes de midi. Il y a aussi un saladier plus petit avec des fruits coupé en morceaux. Je dois dire que ça fait longtemps que je n'ai pas mangé de salade de fruits. Je sors le saladier du frigo et attrape un bol.

- Samuel est venu avec toi ?

À quoi il joue ? Il est passé en mode interrogatoire ou c'est seulement pour s'assurer que je gère bien ma vie ? Je réfléchis tout en évitant son regard, je me suis rendu compte de la présence de Sam seulement quand il a pris la parole.