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La chaleur se fait de moins en moins intense et le soleil renvoie désormais une lumière orangée. Le vent s'est calmé et une traînée d'oiseaux traverse le ciel. J'ai enfilé un pull fin – brodé avec l'écusson de mon université – et j'ai glissé mes pieds dans le sable encore tiède pour finir le livre que j'ai commencé une heure plutôt.

Il est actuellement vingt-et-une heures trente, ils ont sans doute mangé depuis un moment à l'intérieur. De temps en temps j'entends Rosa rire et je me demande si elle m'en veut pour ce midi. J'espère qu'elle l'aura oublié dans quelques jours.

J'ai réfléchi longtemps après le départ de Sam, et j'ai beau y réfléchir plus il me semble clair que personne ne comprends ma colère. Je n'en parle pas, déjà mon père devrais être content parce que, si j'en parle, je ne suis pas sûre que Sonia reste avec lui.

- Toujours à la même place ?

Je tourne la tête pour constater que Sam est une nouvelle fois à quelques mètres de moi. Contrairement à toute à l'heure, il a enfilé un pull gris trop ample. On dirait qu'il n'a que des vêtements trop grand pour lui, mais ça lui va bien. Il s'avance alors vers moi et je remarque son sac-à-dos bien bombé sur ses épaules.

- Qu'est-ce que tu caches là-dedans, je lui demande.

- Lève-toi.

Il tend la main vers moi.

- Je n'aurais pas réponse à ma question ?

- Lève-toi et tu verras.

J'hésite une demi-seconde mais saisis sa main pour me mettre debout. Il empoigne ma serviette et mon sac pour les mettre sur le côté, pose le sien à ses pieds et l'ouvre. Je le regarde faire, intriguée, les bras croisés sur ma poitrine. Il sort une grande couverture carrée à frange qu'il étale à la même place que ma serviette et il y place deux coussins. Je le vois me regarder avec fierté de temps à autre, je ne sais pas ce qu'il prépare mais il a l'air content de lui. Il me fait signe de m'installer sur l'un des coussins tout en continuant de fouiller dans son sac.

Il pose une enceinte portable entre nous, puis sort deux assiettes et deux couverts suivit de deux verres et d'une bouteille de rosé. Il rigole au vu de mes sourcils froncés. Enfin, il sort un plat remplit de sandwichs coupés en triangle.

- Pourquoi ? Je l'interroge, pourquoi tout ça ?

- Il me semble pas t'avoir vu au dîner, je comprends que tu boudes ton père mais ce n'est pas une raison pour s'affamer.

Je ne sais pas bien quoi dire alors je le laisse faire. Il arrange une seconde les coussins, connecte sont téléphone à l'enceinte et m'invite à m'asseoir près de lui. Les douces notes de No Surprises de Radiohead donnent à cette mise en scène une toute autre ambiance.

La colère que je ressentais quelques heures plutôt s'est envolée et a laissé place à un sentiment de gratitude. Je doute que me savoir affamée soit la seule raison qui l'a poussé à organiser tout ça, mais je ne pas trop ce qui aurait pu le motiver. N'a-t-il pas autre chose à faire que d'être ici ?

Il rempli les deux verres de vin et s'apprête à faire de même avec les assiettes, mais il s'arrête avant.

- J'ai oublié quelque chose.

Il fouille encore dans son sac pour en sortir une lampe sans fil qu'il allume et place au milieu de la couverture. Le ciel a tourné au rose le temps qu'on s'installe, nous avons donc devant nous un mélange de couleurs magnifique qui se perd dans le reflet que renvoie l'océan.

Deux ou trois oiseaux traversent le ciel pendant que la musique rythme notre repas. Nous ne parlons pas tandis que nous avalons nos sandwich, et je me rend compte que Sam avait raison : je suis affamée.

Through Your SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant