Through Your Soul

3.

Je sors en trombe des toilettes, son téléphone toujours dans ma main. Je le cherche des yeux parmi la foule qui n'a pas cessé de danser, en vain. Je rejoins le bar en pensant qu'il y serait en train de parler avec son ami, mais personne. C'est à ce moment-là que je le vois à travers une fenêtre, en train de fumer une cigarette. J'avance dans sa direction d'un pas saccadé et je me poste devant lui, les bras croisées. Il m'accueille avec un grand sourire mais change vite d'expression.

- Tu comptais me le dire quand ? Je demande en observant son visage.

Un doute passe sur son visage, il fronce les sourcils mais sourit à nouveau.

- De quoi tu parles, Lola ?

- De ta relation avec Stella, tu comptais m'en parler ou juste me faire passer pour une conne ?

- Hein ?

Je lui tends alors son téléphone et son visage se décompose. Il ouvre ses messages, les lit, revient dessus. Mon cœur se brise en voyant l'intérêt qu'il porte à ses messages, je n'ose pas imaginer quand il est près d'elle. Et voilà que mes yeux son rempli de larmes, je me mords l'intérieur de la lèvre pour ne pas pleurer. Comme il ne répond toujours rien, je n'y tiens plus.

- Tu pourras lui dire de ne pas s'inquiéter, ça n'arrivera plus.

Et avant qu'il pose les yeux sur moi, je tourne les talons et je descends la rue hâtivement. J'aperçois la petite place avec sa fontaine quand je l'entends crier mon nom. Ses pas raisonnent contre les façades des maisons quand il court pour me rattraper pour de bon.

- Attends s'il te plaît.

- Pousse toi de mon chemin, Sam.

- Non.

Je lève un sourcil. J'attends qu'il parle mais il me regarde, essoufflé, mais il ne dit toujours rien. Je lève les yeux au ciel et me concentre sur le groupe d'adultes qui sort, ivre, sur ma gauche. Je ne peux m'empêcher de voir Stella quand je regarde Sam. Il pose une main sur mon bras mais je recule d'un pas.

- Lola, je t'assure qu'il n'y a rien entre elle est moi. Je ne sais pas pourquoi elle m'a envoyé ces messages.

- Fous-toi de moi encore plus. Ça ne suffit pas de m'humilier, il faut que tu en rajoutes une couche.

Je sens mes joues chauffer, je dois être rouge comme une tomate, et l'alcool ne doit pas aider.

- Non, c'est vrai. Écoute, on est sorti ensemble il y a quelques années et je l'ai quitté avant de repartir en France.

- Oui, c'est pour ça qu'elle t'envoie tous ces messages.

Il soupire soudain, laissant tomber sa tête et ses épaules. Je remarque seulement maintenant qu'il n'a plus sa cigarette à la main. Quand il se redresse, il plante son regard dans le mien et j'ai l'impression d'y voir de la tristesse.

- Je pensais que je n'aurais pas à te raconter ça, mais je me suis trompé, se défend-il. On va marcher ?

Je ne réponds rien mais je me contente de le suivre avec une certaine distance. Nous longeons une route pendant plusieurs minutes avant de la traverser. Nous arrivons sur une grande avenue piétonne qui fait face à la mer. Sam me désigne un banc et nous nous installons. Il sort son paquet de cigarettes, s'en prend une avant de me tendre le paquet. Je lève les yeux au ciel mais j'en prends une.

Une fois celle-ci allumée, j'attends qu'il parle mais il ne le fait pas. Il regarde la mer tout en soufflant sa fumée.

- Bon Sam, tu vas m'expliquer ? Sinon, je peux toujours en tirer mes propres conclusions.

Il me lance un regard en coin, il paraît amusé. Je fronce les sourcils, il ne prend pas ça comme un jeu, j'espère. Il finit par se mettre debout, face à moi.

- Stella est moi sommes sortis ensemble il y a quelques années. Je devais avoir dix-huit ans je pense, elle un peu moins. Mes parents avaient déjà divorcé et mon père m'avait fait comprendre de profiter un maximum de ces vacances parce que ça serait sûrement les dernières.

Il n'arrive pas à rester immobile, il se dirige vers la mer et appuie ses coudes à la rambarde. Je le rejoins, sans vraiment comprendre pourquoi il bouge autant. On souffle notre fumée en même temps, sans faire exprès.

- À l'époque, Stella était un peu plus gentille, même si elle a toujours été matérialiste. Tout le monde s'entendait super bien dans le groupe. Je leur ai dit que c'était peut-être la dernière fois que je venais, je ne voulais pas leur cacher ça. Et, sous ce prétexte, Stella s'est rapprochée de moi, elle m'invitait souvent chez elle.

Il me lance un bref regard, mal à l'aise. Décidément, je vais avoir du mal à voir Stella sous son bon côté.

- Je vais pas te faire un dessin, il est arrivé ce qu'il devait arriver. On était deux ados, seuls dans une grande maison. Pour moi, elle voulait juste en profiter, elle savait qu'on ne se reverrait pas. Mais j'avais tort. Quand je suis revenu en France, elle n'a pas arrêté de me harceler, d'abord au téléphone. C'était un enfer, elle ne me laissait pas tranquille, à la fin j'ai dû changer de numéro de téléphone.

- Quoi ? Dis-je sans le vouloir.

- Attends, elle ne s'est pas arrêtée là. Je ne sais pas comment elle a fait mais elle a trouvé mon adresse en France, je soupçonne qu'elle ait fouillé dans les affaires de mon père, à l'époque. Enfin bref, mon père à reçu plein de lettres à mon nom, toutes écrites par Stella.

- Et tu lui as répondu ?

- Quoi ? Bien sûr que non. Dans ses lettres, elle me traitait de tous les noms parce que je l'avais soit disant laissé sans nouvelles. Elle savait très bien qu'une fois rentré, on ne se reparlerait pas, on en avait parlé. Je voulais me concentrer sur mes études et elle aussi.

Je ne réponds rien. Je déteste encore plus Stella maintenant, et toute cette histoire me confirme ce que je pensais déjà : cette fille à un grain ! Mais je bous de rage à l'imaginer dans les bras de Samuel. C'est pour ça qu'elle s'en prend à moi depuis qu'on est arrivé, elle devait être si heureuse d'enfin le revoir. Alors quand il est arrivé avec moi, elle a dû me voir comme une menace. J'inhale plusieurs fois la fumée avant de la recracher.

- Décidément, elle est problématique, je remarque. C'est surprenant que tes amis ne l'aient pas déjà viré du groupe.

- Je n'en sais rien, j'avoue que ça m'a surpris aussi. Mais j'ai parlé avec Kaz, apparemment ils se sont déjà disputé avec elle, mais elle revient toujours. Et puis, on pense que Luca est amoureux d'elle.

Je fais semblant de vomir par-dessus la rambarde et Sam me pousse gentiment, un sourire sur ses lèvres. Il tend une main vers moi, ses yeux m'interrogent. Je ne peux pas rester fâchée contre lui, j'ai envie d'être avec lui. Je lui prends la main et je me blottis contre lui. Il m'embrasse délicatement le front avant de poser sa tête contre la mienne.

- J'ai de la peine pour Livia, je lâche doucement. On dirait que Stella l'a manipule.

Il hausse les épaules.

- Je n'en sais rien, mais ça ne serait pas impossible. Je lui parlerais demain matin, ne t'en fais pas. On rentre au bateau ?

- D'accord.

On longe l'avenue piétonne, son bras sur mon épaule, et au bout de quelques minutes, on aperçoit les lumières dorées du port.