Through Your Soul

7.

Nous avons passé plusieurs feux rouges sans que nous nous échangions un mot. Sam est toujours énervé, je peux le voir serrer le volant à chaque fois qu'il attend que ça passe au vert. J'aimerais lui parler mais je ne l'avais jamais vu avoir un comportement aussi violent. Qu'est-ce qui lui est passé par la tête pour qu'il en vienne à le taper ?

Il faut que je pense à parler à Louis plus tard, il me doit quand même une explication. J'ai du mal à croire qu'il est dit ça. On se parle régulièrement et on s'est vu plusieurs fois, il a côté rassurant qui j'aime beaucoup. Mais j'imagine bien que, si s'était vraiment son intention, il ne comptait pas dire ça devant moi. Et l'attitude de Nell envers moi m'a blessé : elle m'a rembarré comme si elle attendait ça depuis le premier jour.

Je commence à avoir mal à la tête, et les cocktails que j'ai bus y sont sûrement pour quelque chose. Il faut que je réussisse à calmer Sam et qu'on se pose quelque part, on mérite tous les deux une pause. Un autre feu passe au vert et Sam démarre. Il prend la route qui longe la mer et, de loi, j'aperçois le centre-ville. Ça me donne une idée.

- Prends la sortie du centre-ville.

Il tourne la tête vers moi une demi-seconde, je vois de la surprise dans ses yeux. Mais il reprend son sérieux et décide de m'écouter. On trouve difficilement une place de parking, on dirait que beaucoup sont de sortis ce soir. Une fois la voiture arrêtée, Sam ne perd pas de temps à l'intérieur et sort en allumant une cigarette.

Je pousse un sortir une fois seule. Je ne sais pas si j'arriverais à apaiser sa colère, mais il faut au moins que j'essaie. Mon estomac se tord quand je vois Sam dans cet état. Et puis, je ne sais pas ce qu'il a entendu, est-ce qu'il sait que j'ai embrassé Louis ? J'espère que non. Je m'oblige tout de même à sortir de la voiture. Quand la portière se referme, Sam se tourne vers moi. Mes yeux papillonnent, j'ai du mal à le regarder. Cependant, je prends la voix la plus chaleureuse que je puisse faire.

- Tu me suis ?

Lui, par contre, n'a aucun mal à regarder au plus profond de moi. J'ai l'impression qu'on ne va jamais finir de se regarder. Même énervé, je sens qu'il pose sur moi un œil protecteur. Après ce qui me semble une éternité, il baisse le regard sur ses pieds avant de cracher la fumer de sa cigarette. Et il avance vers moi.

Je prends ça pour un oui et commence à me diriger vers le centre. Je ne sais pas exactement où chercher mais je suis persuadé qu'il n'est pas loin. On passe devant plusieurs bar plein, chacun avec son propre style musical. Je jette souvent des coups d'œil derrière moi pour voir si Sam me suit, il a l'air confus mais ne dit rien et continue de consumer sa cigarette. J'allais perdre espoir quand un restaurant à l'enseigne lumineuse – voire éblouissante – à attirer mon attention. D'une lumière blanche éclatante, le restaurant annonce « Chez Emilio ! ».

- Yes !

Je fais signe à Sam que nous sommes arrivés. Il fronce les sourcils en éteignant sa cigarette dans un cendrier posé sur une des tables du restaurant. J'avance et entre, Sam sur mes talons. J'en reste bouche bée. La salle est grande et dégage un charme presque industrielle avec ses briques rouges. Il y a trois partie bien distinctes : sur la gauche, on y a installé deux ou trois banquettes en velours bleu roi, des tables en bois et on a laissé un espace vide face à juke-box vintage. Plusieurs couples dansent sur une musique lente.

Face à nous se trouve le coin repas du restaurant, une dizaine de tables aux nappes blanches qui touchent presque le sol encerclent un piano blanc. Quelques personnes sont encore attablées même si leurs assiettes sont vides. Les lustres sortent tout droit d'un château de Disney, on croirait qu'on est retourné dans le temps.