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Après avoir fait deux heures de route jusqu'à Paris, nous étions enfin arrivés devant la maison de mon père. Lui et sa femme nous attendaient déjà sur le pas de la porte, une petite fille blonde planté entre eux. Ma mère est sortie la première, se dirigeant vers eux avec un grand sourire. Je ne suis pas prête d'être aussi en joie qu'elle, le voir me donne déjà des frissons.

Je récupère mon sac à bout de bras et me dirige à petits pas vers eux. Mes parents sont déjà lancés dans une conversation sérieuse qui doit sûrement porter sur moi – leur seul sujet de préoccupation commun, selon eux – c'est donc Sonia qui vient m'accueillir.

- Bonjour Lola, je suis si contente de te voir enfin ! Ton père m'a si souvent parlé de toi.

- C'est étonnant.

Les mots sont sortis de ma bouche s'en que je m'en rende compte mais elle ne semble pas l'avoir entendu car elle continue à parler comme si rien ne pouvait l'arrêter :

- Tu vas adorer Ajaccio ! Tu vas voir, la maison est magnifique, les chambres sont grandes et la plage est à deux pas ! Tu vas tellement t'y plaire que tu ne voudras plus partir. Oh, mais laisse moi ton sac, il a l'air si lourd, je vais m'occuper de le mettre dans la voiture.

Et elle a disparu avec mon sac dans le garage laissé ouvert. Je me tourne à contre cœur vers mon père seulement pour rester près de ma mère. Ses cheveux bruns rabattus vers l'arrière, il me regarde avec un étrange sourire collé sur son visage. Il semble avoir pris un peu de poids depuis l'année dernière, mais c'est bien la seule chose qui a changé chez lui. Enfin, j'espère sincèrement que ce n'est pas le cas sinon le temps va paraître long.

- Te voilà ! J'avais hâte que tu arrives. Rosa, dit bonjour s'il te plaît.

- Bonjour.

La petite voix timide de Rosa était si faible que j'ai failli ne pas l'entendre. Je lui souris en retour, ne sachant pas vraiment comment réagir.

- Bon, David, je compte sur toi pour me la ramener en un seul morceau.

Comment ma mère peut plaisanter sur ça ? Je lève les yeux au ciel, ce qui sembla faire rire ce très cher David.

- Ne t'en fais pas, elle ne peut qu'être bien traitée avec Sonia. On attend plus que Samuel et on pourra partir. Il ne devrait plus tarder maintenant.

- Samuel ? Dis-je un peux malgré moi, je pensais qu'on serait juste quatre.

- Samuel est mon fils, expliqua Sonia qui était de retour à nos côtés, je l'ai eu assez jeune et il vit principalement avec son père. Mais depuis que Rosa est née, il vient un peu plus souvent. Et quand il a su qu'on aller retourner en corse pour les vacances, il a voulu venir.

- Sonia et Samuel y allaient souvent en été.

Cette dernière approuva les paroles de mon père par un signe de tête. Au même moment, une voiture s'est arrêtée à notre niveau et a klaxonné. Le conducteur – un quadragénaire tout droit sorti d'un film de James Bond – a baissé sa fenêtre, remonté ses lunettes de soleil sur sa tête et nous a adressé un signe de la main. De l'autre côté, la porte passager s'est ouverte et un jeune homme en est sorti. Je devine qu'il s'agissait de Samuel. Il ressemblait beaucoup à son père : les mêmes cheveux blonds, la même mâchoire carrée et le même air décontracté.

Sonia s'est empressée de courir vers le conducteur pour échanger quelques mots, mais son attention s'est vite tournée vers son fil qu'elle a embrassé sur la joue pendant bien une minute. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire en voyant le visage de ce dernier, mais son expression a vite changé quand il a posé les yeux sur moi. Je n'entends pas ce qu'ils se disent mais ils se sont tous les deux tournés vers moi. Super, je me sens comme un parasite qui viendrait gâcher leurs vacances, maintenant.

- Ma chérie, je vais vous laisser. Prends soin de toi d'accord ?

Ma mère m'a pris le visage entre ses deux mains, comme elle le faisait souvent.

- Tu m'appelles souvent d'accord ? Toutes les semaines, sinon c'est moi qui le fait !

- Oui maman, je te le promets. Je t'enverrais des photos de la plage pour te faire râler.

Elle m'a tiré la langue avant de m'embrasser sur le front. Mon père à déjà sortir la voiture du garage et y installait les affaires du nouveau venu. Une fois tout le monde partis, nous nous sommes installés à l'arrière. Me voilà coincée au milieu, entre le siège-auto de Rosa et les épaules imposantes de Samuel, mais ça ne semblait pas le perturber plus que ça.

Enfin sur la route, il s'est mis un casque sur les oreilles et ne répondait plus de rien. J'aurais, moi aussi, dû prendre mes écouteurs avant de mettre mon sac dans le coffret. Je me retrouve obligée d'écouter les comptines éducatives que Sonia a mis pour Rosa.

La route va être longue.

Through Your SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant