Sam arrête le moteur et passe une main sur sa nuque. De près, ses cernes sont encore plus impressionnants. Il écrase un bâillement contre le dos de sa main avant de se tourner vers moi. Je devine ses abdominaux sous son débardeur gris. Ses yeux se promènent sur moi avant de fuir devant les miens.
- Bon, je crois qu'on peu y aller.
- Tu n'étais pas obligé, tu sais.
Il s'arrête, une main sur la portière.
- Je sais.
Et il sort de la voiture. Le claquement de la porte est le seul bruit qui vient briser le silence à l'intérieur de l'habitacle. Je soupire. Depuis qu'il a accepté de m'accompagner, j'ai l'impression d'avoir un poids sur l'estomac. Je sens qu'il ne veut pas être là, avec moi. Mais une petite voix dans ma tête me fait remarquer qu'il est là, pourtant.
Je prends mon courage à deux mains et je sors de la voiture quand il ouvre le coffre. Il sort mon sac en premier et le tend face à lui.
- Tiens.
Je l'attrape sans vraiment regarder et je sens nos doigts se toucher. Je voudrais enlever ma main mais je ne le fais pas. Mais qu'est-ce qui cloche chez moi ? On dirait que j'ai mis ma main au feu. Je laisse glisser mes doigts sur sa peau, seulement quelques secondes, avant de mettre le sac sur mon dos. Rien ne transparaît sur son visage, il a toujours le même air las.
- Elle commence où ta randonnée ?
Je me fige. J'ai peut-être omis quelques détails, ce midi. Notamment le fait que je n'ai pas réussi à comprendre une seule carte disponible sur Internet. Pendant mon année sabbatique, c'est Sandra qui prévoyait les itinéraires – elle me connaît suffisamment pour savoir que je n'ai pas le sens de l'orientation ? Sam, lui, attend ma réponse, un sourcil levé. Je fais mine de chercher autour de moi.
- Heu, je pense que ça ne devrait pas être loin.
Je vois bien qu'il n'y croit pas une seconde. Et pour la première fois depuis qu'il est rentré, je vois ses lèvres former un sourire. Alors il plonge son regard dan les miens, mon estomac est prit d'une contraction et sens la chaleur me monter aux joues.
- Est-ce qu'au moins tu en avais une en tête en partant de la maison ?
Je secoue la tête. Je me demande d'abord s'il va se fâcher, mais au lieu de cela, je l'entends émettre un rire.
- Allez viens, suis moi. Je crois me souvenir d'un chemin.
Il s'avance en direction de la forêt, à plusieurs mètres de nous. Je m'attarde une seconde sur sa peau, déjà bronzée. J'ai dû paraître ridicule, il faut vraiment que j'arrête de me tirer une balle dans le pied à chaque fois.
Aujourd'hui il n'y a pas de vent, mais il fait une chaleur étouffante, je regrette presque d'avoir mis un cycliste au lieu d'un short. On passe d'abord sur des chemins en terre peu ombragés et assez fréquenté par les familles. Une odeur de thym sauvage et de romarin flotte autour de nous. Mais Sam ne tarde pas à dévier et emprunter un chemin plus étroit et pentu, et je prends soudain conscience du poids de mon sac.
Nous n'avons pas pris grand-chose mais Sonia a tenu à ce qu'on prenne deux bouteilles d'eau chacun et de quoi manger. J'adore son côté maman gâteau, mais après plus d'une heure de marche, j'ai l'impression de porter quelqu'un sur mes épaules. Je traîne des pieds et même Sam semble avoir du mal à avancer.
- On fait une pause ? Je demande.
- Volontiers.
On est à présent encerclé par la forêt, le seul bruit présent est celui du chant des oiseaux, ici et là. Sam prend place sur un arbre qui a dû tomber il y a longtemps déjà, au vu de la mousse qui le recouvre. Je m'assois sur une roche près de lui et rattache mes cheveux en une couette haute pour la millième fois de la journée. J'observe discrètement les expressions de son visage. Il m'a souri plusieurs fois pendant le début de l'excursion, mais j'ai remarqué que son sourire s'efface quand il regarde ailleurs.
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Through Your Soul
RomanceLola est obligée de suivre son père - qu'elle n'aime pas - et sa femme dans leur nouvelle villa pour les vacances d'été. Elle ne pensait pas que Samuel, le fils de sa belle-mère, fasse parti de l'aventure. Entre désespoir et vacances, Lola pensait s...