Emprise [Taekook]

Chapitre 20

Non. Jamais Kim Taehyung n'aurait commis de suicide.

J'en étais intimement persuadé.

Le médecin papillonne plusieurs fois des yeux avant de réajuster ses lunettes et il me pose une question assez déroutante : "Monsieur Jeon, puis-je connaître vos rapports avec mon patient ? Êtes-vous intimement proches ?"

Je le regarde très surpris et gêné par ces questions avant de rougir légèrement en repensant au fameux baiser dans le bureau puis son rejet et je mens à moitié :

"Pas vraiment. Je travaille pour lui depuis environ trois mois et il y a un bon mois, je suis resté quelques jours chez lui parce que j'avais été accidentellement brûlé par son thé et il s'en voulait. Je réponds platement alors que mon vis-à-vis prend des notes en plissant le front.

- Je vois... A-t-il déjà eu des gestes ou des paroles pouvant expliquer les raisons de son passage à l'acte alors que cela faisait plus de neuf mois qu'il était stable ?

- Je... non... enfin je ne crois pas. Je sais qu'il est très solitaire mais il n'a jamais eu de propos insinuant qu'il voulait mourir... En revanche, je l'ai vu plusieurs fois faire des crises de panique...". Je me remémore et le médecin a un regard particulier à ce moment-là :

"Oh c'est intéressant... Vous rappelez-vous dans quelle circonstances exactement ? Je distingue clairement un intérêt prononcé dans sa question et je me mets à réfléchir.

- La première fois, c'était un soir dans son bureau ... il avait l'air de faire un mauvais rêve et la seconde fois, il a mal réagi quand j'ai failli le frapper avec mon gant de boxe. On s'entraînait dans une salle ensemble avec un coach mais il a totalement arrêté de venir après ça. J'explique en essayant d'être le plus précis possible et le médecin hoche toujours de la tête.

- Hmmm. Cela ressemble énormément à un syndrome post-traumatique. Les victimes des violences ont souvent ce genre de... troubles. Et s'il a effectivement été abusé ou agressé, cela pourrait expliquer son envie de se donner la mort". Raisonne le plus âgé mais je secoue la tête face à cette conclusion :

"Cela peut aussi prouver que quelqu'un lui veut du mal ! Je renchéris et le médecin soupire avant de me regarder avec son air compatissant.

-C'est aussi une possibilité mais si le patient persiste à protéger ce potentiel agresseur, nous ne pourrons rien faire pour lui. Une enquête a été ouverte, laissons la police faire son travail. Il fait d'une voix apaisante et je ravale mon amertume et mes objections. En attendant, je vous confie mon patient Monsieur Jeon. Il a besoin de soins personnels".

Il ajoute avec un clin d'œil et il m'annonce que notre discussion est à présent terminée et je m'incline pour le remercier avant de retourner auprès de mon cher patient.

Celui-ci s'est d'ailleurs rendormi.

Il a les sourcils froncés et les poings serrés mais sa respiration est calme et profonde.

Je pose à nouveau ma main sur la sienne et ses traits se détendent aussitôt alors que ses poings se desserrent automatiquement.

Je le contemple et j'ai envie de lui dire qu'il m'a manqué pendant ces dernières semaines.

C'est stupide mais il a fallu ces quelques jours chez lui et un baiser passionné pour que je réalise combien cet homme a un impact sur mon existence et sur mes réactions. 

Je ne nie même plus mon attirance pour lui.

Je le veux de toutes les façons : spirituellement, intimement et sexuellement.