Ginny Evans

Chapitre 16

Cela faisait maintenant quatre longues semaines que notre toute fraîche Gryffondor s'adaptait au nouveau Poudlard. À vrai dire, elle n'avait pas vraiment eu de problèmes à se retrouver dans le château : les portraits, les statues et les fantômes restaient les mêmes ; les escaliers en faisaient toujours qu'à leurs parquets quant à leurs directions tandis que la Castafiore était toujours admirablement inapte à briser le verre au son de sa voix.

Ginny avait donc retrouvé sa petite routine, seulement, le problème résidait en les gens qui l'entourait. À son époque, la sorcière aurait papoté tranquillement avec Hermione, rigolé avec les jumeaux, arpenté le parc avec Luna et surtout, admiré secrètement son Harry. Pourtant rien de tout ça n'était d'actualité car elle était seule, séparée de Severus, qui se trouvait malheureusement dans la maison ennemie de la sienne. C'était comme dans le livre romantique que lui avait prêté autrefois Hermione, l'histoire des amants maudits Roméo et Juliette, dont les familles se haïssaient plus que de raison.

Heureusement pour Ginny et sa santé mentale, néanmoins sinistrement pour le reste de ses camarades rouges et ors, les lions et serpents partageaient presque tous leurs cours obligatoires, ce qui multipliait les chances de voir Severus sans se faire empoisonner par les bruits de couloir. Tout compte fait, ils ne s'étaient jamais échangés autant de lettres que depuis cette rentrée pour le moins spectaculaire. Ginny ne voulait même pas s'en rappeler, l'effacer complètement de sa mémoire : elle avait failli être la cause de l'expulsion de son meilleur ami !

La sorcière se souvenait exactement du déroulé de la dispute qui avait explosé juste après son arrivée à la table des Gryffondors. En réalité, la jeune fille s'était sentie oppressée par les regards, le bruit, une soudaine chaleur ainsi qu'une brusque remontée de souvenirs l'envahissant. Totalement désorientée, elle avait fait face aux Maraudeurs et spécialement l'arrogance de James. Cependant avant même que le reste de la joyeuse troupe puisse se présenter correctement, une ombre noire de colère était intervenue, les yeux assassins et la bouche écumante de rage. Severus avait saisi fermement et délicatement la rousse, la plaquant contre lui pour calmer l'angoisse qu'il avait pressenti.

– Dégage ton bras Potter ! Elle t'a demandé de l'enlever, sale vermine !
– Tiens tiens, une vipère égarée ! Qu'est-ce que tu fous là Servilus ? Tu as perdu maman Malfoy ?
– Très drôle, Potter, hilarant même ! Je suis ici pour féliciter ma meilleure amie et l'éloigner des mauvaises fréquentations comme ton odieuse compagnie.
James renifla sardoniquement puis se tourna vers Ginny, le regard éclairé par une lueur mêlant incrédulité et jalousie.
– Sérieusement ? Comment quelqu'un telle que toi peut se contenter de quelqu'un comme ça ?

Ginny hoqueta devant ses paroles, les yeux étincelants de fureur, mais avant qu'elle n'esquisse un geste ou ne pose un mot, le corps qui la soutenait depuis le début de l'échange, muscles bandés et raidis, fondit sur son ennemi comme un Hypogriffe sur une souris. Ginny eut juste le temps de saisir sa main pour tenter de le contenir, alors qu'en face d'eux, Black enserrait le torse de James, le forçant à se rassoir. Remus s'étant levé en sentant les problèmes arrivés, il s'interposa entre leur confrontation visuelle silencieuse et meurtrière puis leva les mains en signe de paix. Lâchant un soupir, il s'adressa doucement à Ginny et au reste:

– Évitons de nous créer des ennuis dès le premier soir et laissez Lily apprécier son repas tranquillement. Regardez autour de vous : tous le monde nous fixe. N'effrayons pas les petits et ne donnons pas aux professeurs une raison de nous expulser, d'accord ?

A peine avait-il fini sa tirade qu'un homme doté d'un certain embonpoint et d'un sourire naïf plaqué au visage, s'approcha du petit groupe de sorciers qui animait la soirée. Ginny reconnût alors son ancien professeur de Potions, Slughorn, rajeuni d'une vingtaine d'années.