Ginny Evans

Chapitre 8

- Bonjour.

Le son de sa propre voix étonna la jeune fille : il était rauque et apeuré. Ginny se mit à rougir sans trop savoir pourquoi et, mal à l'aise à cause du poids des regards pesants sur elle, se mit à se tortiller, les yeux obstinément fixés sur le parquet lustré du living-room. Marie se rendant compte de sa gêne s'exclama précipitamment :

- Lily ! Nous sommes très heureux de t'accueillir chez nous. Nous avons tellement entendu parler de toi ces derniers jours. Je suis désolée d'avoir paru si froide au premier regard, mais Richard et moi ne savions pas vraiment comment agir par rapport notre premier contact avec toi. Commençons par le début : je me présente, je m'appelle Marie Evans, j'ai 40 ans et je suis psychologue chez les Moldus. Voici Richard, mon mari, qui a 42 ans et qui travaille au ministère de la magie. Et voilà notre maison, ta nouvelle maison : tu partageras ta chambre avec notre fille Pétunia, si ça ne te déranges pas ?

- Euh...non, non, c'est parfait, merci, répondit Ginny, submergée par le flot de paroles que venait de débiter Marie à toute vitesse.

- Chérie, laisse-lui le temps de digérer ces petites informations, d'accord ? Tu ne veux quand même pas qu'elle reparte en courant ! dit Richard avec amusement, coupant court l'élan dans lequel Marie comptait reprendre la parole. Il voyait la mine désorientée de la jeune fille en face de lui et son cœur le pressait de la protéger.

- Oui, je voulais juste faire les présentations ! s'exclama avec indignation cette dernière tout en boudant légèrement.

Ginny les regarda avec surprise et amusement : ce couple avait l'air très complice et amoureux, ce qui lui rappelait tellement ses propres parents. A ce souvenir, un petit sourire détendu vint éclore sur le visage de la jeune fille. Finalement, se dit Dumbledore, tout n'était pas perdu. Il était temps pour lui de s'en aller et de laisser se jouer le destin. Il espérait pouvoir trouver plus de réponses jusqu'à la rentrée, afin de démêler les nœuds de cet étrange situation.

- Je dois malheureusement rentrer, des affaires importantes m'attendent encore à Poudlard. Lily, tu recevras ta lettre prochainement concernant ton retour à l'école ainsi que certaines explications complémentaires au sujet du matériel ou des cours. Nous nous reverrons donc à la rentrée, passe de bonnes vacances et surtout repose-toi.

Il se tourna vers le couple Evans et leur adressa ces paroles :

- Je compte sur vous mes chers amis, prenez soin de Lily et, s'il y a le moindre problème, une lettre ne sera sûrement pas de trop. Richard, nous nous reverrons à la conférence sur l'intervention des sorciers sur le trafic moldu dans deux jours. Marie, c'était comme toujours un plaisir !

Puis il se retourna vers la cheminée et sortit de la poche de sa robe sorcière couleur corbeau le même pot noir d'encre qu'à l'aller.

- Professeur, attendez !

Ginny se précipita sur le vieil homme qui la regarda avec douceur. Elle se serra contre lui, puis en reculant laissa échapper un seul mot : Merci. Dumbledore, ému, la salua une dernière fois avec délicatesse et se réinstalla ensuite dans la cheminée pour lancer sa pincée de poudre. Il disparut dans un tourbillon de fumée, laissant uniquement derrière lui le sillon de son odeur et une unique larme coulante. Dès que sa silhouette s'évanouit définitivement dans l'air, les épaules de Ginny s'affaissèrent et sa tête s'inclina vers le bas. Marie lui prit la main doucement et l'emmena sur le canapé.

- Viens, tu dois être morte de faim. Richard, peux-tu préparer le déjeuner, s'il te plait ?

- Bien sûr. 

Et il partit dans la cuisine, pièce adjacente au salon, gêné, puisqu'il ne savait pas vraiment comment réagir par rapport à la situation présente. Mais bon, sa femme connaissait instinctivement  de quelle façon se comporter dans ce cas-là, alors il l'aidait plus en les laissant seules toutes les deux entre filles. Il était heureux maintenant que ce moment oppressant était passé mais néanmoins il redoutait encore la rencontre entre Pétunia et Lily.