– Lily, tu veux de la purée ?
Ginny releva sa tête, les traits figés, vers Marlène, qui attendait sa réponse en souriant, le plat de ladite purée reposant entre ses mains. Son amie avait vite compris que ce repas serait un moment décisif, avec d'un côté une Lily mortellement paralysée par la gêne, et de l'autre quatre garçons un peu trop enthousiastes. Marlène connaissait bien les Maraudeurs, surtout Remus qui avait été la première personne à la rassurer lorsque, complètement seule, elle avait dû affronter sa première nuit dans cet immense château silencieux. La sorcière brune interceptait bien les regards échangés entre James et Sirius,tous deux côte à côte, le sourire aux lèvres. Ce duo terrible avait déjà tellement secoué Poudlard avec leurs quatre cents coups. En face d'elle, Remus semblait au contraire s'être plongé dans un autre monde, son visage embrumé par ses pensées, tandis qu'à la droite de Lily était assis Peter, la bouche pleine et la tête vide. La scène lui paraissait irréelle tellement leur rencontre paisible semblait absurde. Depuis qu'ils s'étaient tous assis aucune insulte ou sous-entendu assassin !– Hum, oui je veux bien, s'il te plaît, répondît Ginny en jetant un regard aux alentours et plus précisément son entourage.
Marlène était bien loin d'imaginer ce que son amie ressentait vraiment à cet instant même. En fait, la rousse se sentait surtout très mal à l'aise de côtoyer les Maraudeurs, elle qui les avait connu en tant qu'adultes. Regarder Remus, ce grand garçon à la figure pâle et déjà trop mature, son regard vif et confiant ainsi que les quelques cicatrices, déjà traces de son secret bien gardé, tout cela ne lui rappelait que leurs discussions intimes au coin de l'âtre du Square Grimaud, leurs confidences, son attitude protectrice et l'affection paternelle qu'il lui avait tant témoignée auparavant.
Puis Sirius. Il était là, vivant, souriant, moqueur, le parfait opposé de ce qu'il serait de longues années plus tard, détruit par son séjour à Azkaban. Ses longs cheveux noirs, sa célèbre moue séductrice et son regard taquin étaient complètement nouveaux, inhabituels et presque irréels. Ginny n'avait qu'une seule envie : le serrer dans ses bras !
Ensuite il y avait Peter, dont elle ne connaissait finalement que le nom et sa passif vis-à-vis de Sirius. Pourtant ce garçon avait l'air tellement heureux, brûlant d'admiration pour ses amis et brillant d'une empathie naturelle.
Enfin, devant elle, se dressait James, si semblable et si différent de son Harry. Elle aurait aimé capturer ce moment d'intimité et le lui confier, lui donner un souvenir heureux de son père. Par ailleurs, pas une fois, il ne l'avait embêté, préférant s'intéresser aux monosyllabes que Ginny laissait s'échapper à chaque question posée. Il évoluait parmi le reste des élèves avec une telle simplicité, si lumineuse que s'en était autant frustrant qu' hypnotisant à contempler.A présent que la surprise était passée, laissant flotter ce léger malaise familier des toutes premières conversations, la rousse préférait les observer, s'abreuvant de chaque petits détails possibles sur le quatuor. Elle en avait presque oublié son appréhension face à la réaction de Severus, qui pouvait la trouver entourée de ses pires ennemis à tout moment.
– Et toi Lily, qu'en penses-tu ?
Ginny sursauta : elle avait totalement perdu le fil de la conversation, tellement absorbée par ses observations curieuses.
– Euh... pardon je n'ai pas écouté, quel était le sujet Remus ?
– Crois-tu que l'énigme du Chevalier du Catogan est réelle ? répondît-il, une lueur amusée dansant dans ses prunelles assombries, car la contemplation centrée sur James ne lui était pas passée inaperçue ! Tu sais, le drôle de tableau au septième étage, qui ne fait que pourchasser les élèves en lançant son énigme à qui en devinera le sens caché. D'après les dires, personne n'a jamais réussi à déchiffrer ses paroles et pourtant les candidats n'ont pas manqué...
– Il paraît qu'au bout de ce mystère impénétrable se cache le plus précieux des trésors ! s'exclamât Peter, les pupilles luisantes d'ardeur et la bouche béante, sa cuisse de poulet qui lui avait apparue si appétissante maintenant délaissée dans son assiette bien remplie.
– Qu'est-ce qui pourrait donc être tellement inestimable qu'il faudrait le laisser à la garde d'un vieux chevalier ambulant, demanda d'une voix sceptique Marlène, sourcils froncés et peu convaincue par l'affaire. Successivement Peter, Sirius et Remus s'écrièrent avec envie :
– La richesse et la gloire bien sûr !
– Une famille soudée et la reconnaissance des autres.
– Confiance et abnégation.
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Ginny Evans
FanfictionAprès un petit saut en arrière de 20 ans, Ginny se retrouve à Poudlard pour sa sixième année avec une nouvelle identité, et surtout une nouvelle vie. Elle va faire la rencontre, à son plus grand déplaisir, des Maraudeurs qui vont lui promettre une a...