Chapitre 6

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- Irréversible !? Mais non, je ne peux pas rester en 1977, je n'ai aucune vie ici ! Vous êtes complètement fou ! Enfin ça, c'est pas nouveau. Mais je n'avais rien demandé, moi, et me voilà dans le passé sans aucune possibilité de départ par la faute de Madame Magie, ironisa Ginny, le visage blême de rage.

Elle commençait sérieusement à s'échauffer : d'abord sa séparation avec Harry, puis le mariage raté de son frère, un voyage dans le temps complétement aberrant et son corps en compote, Ginny en avait ras le bol. En l'espace de seulement deux jours, elle avait l'impression d'avoir affronté les pires épreuves de la vie et d'avoir vieilli de trente ans d'un seul coup. Il n'était sérieusement pas concevable qu'elle puisse rester ici.

- Je comprends votre colère tout à fait légitime, Miss, mais soyez plus forte que vos émotions. Il s'agit de bien plus que votre vie, mais certainement de toutes celles du futur que vous chérissez tant. Si vous êtes ici, c'est qu'il y a une raison. On ne peut malheureusement pas lutter contre sa destinée. Je vous répète que tous les éléments ne sont pas encore mis en place donc nous ne devons pas tirer des conclusions hâtives. Soyons patients, Ginny. C'est la meilleure stratégie à appliquer pour le moment.

- Pourquoi moi ? Pourquoi je ne peux pas être aux côtés de ma famille ? J'aurais préféré mourir lors de ce foutu combat au lieu de me retrouver ici, gémit la jeune fille, complètement chamboulée. 

A présent, tout se mélangeait en son for intérieur : la colère, la tristesse, la peur mais aussi l'inquiétude et l'étonnement. Comment réagir ? Qu'allait-elle devenir maintenant ? Elle ne pouvait décemment pas retourner au Terrier et dire : bonjour, je suis Ginny votre petite fille qui n'est pas encore née mais qui a remonté dans le temps, puis-je venir vivre chez vous ? Non, ce serait bien trop absurde, on la prendrait pour une folle à juste cause. Folle, elle avait d'ailleurs l'impression de le devenir. La douleur parcourant son corps n'aidant pas à la réflexion, la rousse se demanda ce qu'Harry aurait fait dans une pareille situation.

- Ne dites pas de pareilles absurdités. Vous avez la possibilité de vivre une seconde fois, combien de personnes rêveraient-elles de l'avoir, d'après vous ? lui répondit Dumbledore, d'un ton réprobateur. Ne vous terrez pas dans une stupide bulle dépressive et vivez la ! Faite-le au moins en souvenir de votre famille, ils ne voudraient certainement pas vous voir dans cet état de découragement et de lassitude.

- Mais comment je vais faire ? Je n'ai rien. Absolument rien. Ni attaches, ni repères. 

- Si, vous avez Poudlard. S'il y a bien une chose que j'ai pu retenir de vous grâce à votre mémoire, c'est que vous aimez plus que tout ce lieu. Et puis, cela serait bien dommage de gâcher votre potentiel sorcier, alors j'aimerais vous proposer une place afin d'étudier votre sixième année parmi nous dès la rentrée prochaine. Une lettre a d'ailleurs été spécialement envoyée ce matin au ministère pour faire part de votre cas pour le moins particulier au Ministre. Quant à votre orphelinat, j'ai contacté un ami Moldu qui travaille au ministère de la magie. Lui et sa famille seraient ravis de vous accueillir chez eux et, étant en contact avec les sorciers, ils ne verraient pas d'inconvénients à ce que vous partiez pour Poudlard cette année. Si vous l'acceptez bien sûr, nous irions vous installer demain midi.

Ginny resta muette face à ces paroles trop joyeuses. Le directeur avait pensé à tout. Une part d'elle voulait accepter en raison de la facilité pratique de cette proposition. Sous la protection de Poudlard et de Dumbledore, rien ne pourrait lui arriver et cela l'empêcherait surement de faire des erreurs de temporalité. Mais au fond d'elle-même, la rousse ne se sentait pas vraiment à l'aise de débarquer dans un foyer comme un fleur. Comme si une famille pouvait remplacer la sienne en un claquement de doigts, pensa-telle sarcastiquement. Tout allait trop vite ! 

Ginny EvansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant