Chapitre 25

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- Je l'aime bien, tu sais, vraiment bien.

- Et j'en suis heureuse pour toi.

- Il est si... si attendrissant et attentionné. Quand je suis avec lui, c'est comme si j'étais dans une bulle de coton qui me protège de tout. Je suis au calme, en paix avec moi-même. Il me redonne confiance en moi, petit à petit, et son sourire est la seule chose que je veux voir le matin. Il me respecte, m'admire et me comprend.

- C'est beau. Avant, je pensais que l'amour signifiait automatiquement le danger, l'aventure, la tempête. Mais je me rends compte à quel point c'est stressant et fatiguant de toujours être sur ses gardes, de toujours être perdu dans mes sentiments, de ne plus savoir différencier le moi du nous. C'est comme si tous tes efforts, la moindre action, la moindre pensée, étaient irrémédiablement tournés vers lui. Que je m'y abandonnais. Et moi dans tout ça ? Je ne sais plus qui c'est ce moi, maintenant c'est un elle que je contemple au loin, que j'admire et j'aspire à retrouver.

- Trop d'amour, tue l'amour.

- Puis parfois quelqu'un d'autre débarque dans ta vie, inattendue et non voulu. Il t'offre cette liberté tant souhaitée. Dans ses yeux, tu es enfin toi-même. Il t'admire sans te toucher, il te respecte sans te regarder, il t'aime sans te le dire. Les mots n'ont plus besoin d'exister, ils n'expriment plus assez pour retranscrire ce qu'il ressent, ce que je ressens. Mais cette liberté a un gout d'interdit, de péché. C'est comme si le bonheur t'était interdit. Il est là devant tes yeux, mais tu n'as pas le droit, tu n'as pas le choix.

- Lily ?

- Marlène.

- Est-ce que tu aimes Regulus ?

- Je ne sais pas. Qu'est-ce que réellement l'amour ? Une fantaisie, un rêve, une réalité ? Avec Regulus, je n'ai plus l'impression de faire semblant. J'ai l'impression qu'il me voit moi pour ce que je suis, qu'il ne projette aucune attente, aucun idéal et qu'il accepte mes ratures et mes contours. Je peux enfin me reposer, respirer, je n'ai plus peur. Je ne pense pas l'aimer comme tu l'entends, mais j'apprécie tellement cette paix.

- Et avec James ?

- Je me sens tellement bien avec James ! Il me rassure, il est toujours présent quand je doute, quand je me sens mal. Jamais je ne m'ennuie. Il a tant d'amour à offrir, tant de choses à donner. Il suffit de percer le masque pour découvrir le vrai James, quelqu'un d'aimant, loyal et sensible. C'est comme si à chaque fois que je le touchais, un courant d'électricité me parcourait. C'est aussi excitant qu'effrayant ! Puis, il me rappelle quelqu'un de mon passé.

- C'est ce Harry, n'est-ce pas ? Ne fais pas cette tête, tu gémis souvent son nom lorsque tes nuits sont agitées. A chaque fois, j'entends ton cœur se déchirer un peu plus.

- Harry.

- Tu n'es pas obligé de m'en parler, tu sais.

- Si ! Harry est... il était mon premier amour. J'ai passé deux ans à l'admirer de loin et trois autres à l'aimer secrètement avant qu'il me remarque enfin. Il était incroyable, courageux, humble, sincère et dévoué. Il mettait toujours les autres avant lui-même et je pense qu'il ne croyait pas mériter l'amour des gens qui l'entouraient. Peut-être est-ce cette crainte qui l'a aveuglé. Dans tous les cas, il me fascinait. Au début, ce que je croyais être de l'amour n'était qu'un mélange d'admiration et d'émerveillement pour ce qu'il représentait. Puis il m'a sauvé la vie, sans se soucier du prix de la sienne. Il m'a sorti d'une des périodes les plus sombres de ma vie et c'est là que j'ai vu le vrai Harry, ce garçon qui avait peur de lui-même. J'ai enfin aperçu derrière l'idéal l'être-humain qui s'y cachait, avec toutes ses failles et ses fissures. Alors cette admiration s'est transformée en amour, qui n'a fait qu'accroitre au fil du temps. Je voulais l'aider, prendre soin de lui. Tu ne sais pas à quel point difficile, d'aimer dans l'ombre. De tout essayer sans jamais réussir à être simplement avec la personne. Au bout d'un moment j'en ai eu marre, car cet amour était devenu une torture, une cage dont je ne voulais même pas me libérer. J'ai essayé de l'oublier, d'effacer mes sentiments, de passer à autre chose. Et quand j'ai retrouvé un minimum de liberté, d'estime pour moi-même, Harry s'est réveillé. Lorsqu'il a déclaré qu'il m'aimait, j'ai cru qu'il se moquait de moi. J'étais en colère contre lui, pour venir balayer par de simples paroles tous les efforts que j'avais produit. Mais il m'a embrassé et mon être tout entier est retombé dans cette tendresse enterrée. Je ne suffoquais plus, je respirais enfin.

Ginny EvansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant