Chapitre 5

658 45 12
                                    

- Vous êtes censé être... être mort, sanglota Ginny.

Non, c'était impossible, Albus Dumbledore avait été tué il y a seulement quelques mois. Il ne pouvait pas être en vie, souriant et tranquille devant elle. « Suis-je en train d'halluciner ". Et puis où était-elle, pourquoi son Directeur mort et Mme Pomfresh version rajeunie se tenaient juste à côté de son lit ?

- Je suis désolé de vous décevoir mais je suis encore en vie, Miss ! lui répondit le professeur Dumbledore, étonné par ces paroles. Cet étrange sorcière semblait complétement désorientée mais pourtant certaine de ce qu'elle affirmait. Pourtant il possédait une excellente mémoire et il était sûr et certain de ne jamais avoir rencontré cette jeune fille auparavant.

- Où suis-je ? Qu'est-ce que je fais là ? Où est ma famille ? Et pourquoi diable êtes-vous vivant ?

- Vous êtes à Poudlard, l'école de sorcellerie britannique, jeune sorcière. Quant à vos parents, nous n'en avons pas la moindre idée. Vous êtes apparue en plein milieu d'après-midi dans les airs, couverte de sang, les habits complètement déchirés, puis vous êtes tombée à terre évanouie. Cela faisait maintenant deux jours entiers que vous étiez plongée dans coma agité, sans aucun signe de rétablissement ! lui répondit Mme Pomfresh.

- Hum peut-être que... non ça ne peut pas être ça. Mais... oui sûrement, marmonnait pendant ce temps-là le vieux professeur dans sa longue barbe blanche. Mme Pomfresh, pourriez-vous nous laisser seul à seule un instant, je vous prie !

- Mais voyons, Albus ! C'est moi qui est soignée cette jeune fille, je suis donc autant concernée par son sujet que vous. Je ne vois pas pourquoi je devrais sortir tout d'un coup !

- S'il vous plait, Pompom. Juste le temps que j'éclaircisse quelques points avec elle.

- Mais bien sûr ! Et comme d'habitude, je serai la dernière au courant, grommela l'infirmière, outragée par le comportement du directeur. Cela me vaut bien une augmentation ! lança-t-elle en sortant d'un pas vif de la pièce.

Albus poussa un long soupir puis se retourna pour observer la jeune rescapée qui se tenait toujours en boule dans le petit lit blanc, tremblante et effarée. Il avait bien une petite idée au sujet de sa brutale apparition datant d'il y a deux jours mais il devait d'abord se procurer les informations nécessaires à son sujet.

- Miss, regardez-moi s'il vous plait, lui demanda-t-il d'une voix douce. 

Ginny releva la tête immédiatement et le dévisagea, étonnée. Elle était toujours autant choquée de voir son directeur en chaire et en os, après avoir assister à ses funérailles et aux chagrins de tous les élèves de Poudlard. 

- Très bien, je me nomme Albus Dumbledore mais vous semblez déjà être au courant, pour une bien mystérieuse raison. Il y a deux jours nous vous avons recueilli et soignée suite à un atterrissage pour le moins surprenant, dans l'infirmerie du château. Le ministre de la Magie est venu ici-même afin de vous identifier, grâce au registre officiel des sorciers britanniques. Cependant il n'y avait aucune trace de votre signature magique. Donc la question qui se pose et s'impose est la suivante : qui êtes-vous ?

Ginny redressa son buste et essaya, tant bien que mal, de répondre à cette question. Pour être honnête, elle n'aurait jamais pensé qu'on la lui poserait un jour, surtout pas en ces lieux si attachés à son cœur.

- Je m'appelle Ginevra Molly Weasley et j'ai 16 ans. Je vis en Angleterre avec ma famille : nous sommes sept enfants, tous des garçons sauf moi. J'étudie à Poudlard et je devais y rentrer en sixième année en septembre. La dernière chose dont je me souviens, avant d'atterrir ici, c'est le mariage de Bill, mon ainé. Il y avait... des rires, puis ils sont arrivés et... et...

Ginny s'arrêta brusquement et ferma les yeux. Les images qui lui revenaient en tête ainsi que les bruits et les odeurs étaient trop insupportables. Elle ne pouvait plus parler, c'était trop pour elle.

- Je vois, Miss Weasley. Il est clair que je ne me souviens pas vous avoir déjà eu comme élève, ici même. Pourtant je sens que vous me dîtes la vérité. Afin d'essayer de mieux comprendre ce qui s'est réellement passé, j'aimerais utiliser la légilimencie afin d'avoir accès à votre mémoire, si cela ne vous importune pas ?

Elle hocha la tête en guise de réponse, incapable de dire plus et sans attendre plus longtemps, il entra dans son esprit, qui ne possédait plus aucune barrière après les épreuves que la jeune fille avait subi. Il vit tout. De sa naissance jusqu'au jour fatidique de sa disparition. C'était comme un film en mode accéléré, mais avec chacun des cinq sens ajoutés et les propres sentiments de Ginny. Il vécut en l'espace de dix minutes les seize années de vie de la  jeune fille : chaque pleur, chaque souffrance, chaque joie. Tout. 

Lorsqu'il ressortit de sa mémoire, il savait son avenir et celui de son monde. À présent, il comprenait parfaitement d'où venait Ginny Weasley, mais il fallait à néanmoins qu'il découvre pourquoi elle avait pu atterrir ici au lieu de mourir. Cette jeune fille allait devoir être courageuse pour survivre à cette époque. Elle avait déjà beaucoup trop souffert et Albus Dumbledore craignait de la voir abandonner face au destin que la Magie lui réservait.

Pendant que le vieil homme réfléchissait à ces tristes pensées, Ginny reprenait lentement ses esprits. Elle avait la curieuse impression d'avoir été fouillée de la tête aux pieds, jusqu'au plus profond de son être. Elle regarda autour d'elle : ce n'était pas un rêve. Tout était bien réel.

- Miss Weasley, est-ce que vous allez bien ? J'ai été un peu brusque, je dois l'avouer, mais il fallait que j'agisse le plus rapidement possible pour comprendre votre situation.

- Est ce que vous avez trouvé des réponses ? demanda-t-elle, pleine d'espoir. La rousse se sentait totalement perdue et désorientée : la seule chose qu'elle voulait à présent, c'était renter chez elle. Peu lui importait le pourquoi du comment, elle voulait simplement l'étreinte réconfortante de sa mère.

- Oui. Cela pourrait paraitre légèrement irréel ou fou mais il semblerait que vous ayez effectué un voyage temporel, c'est-à-dire que vous avez remonté magiquement dans le temps, ne laissant plus aucune trace physique de Ginny Weasley à votre époque contemporaine. Vous voici présentement vingt ans en arrière, jeune fille. Nous sommes en 1977.

- ... ! 

La mâchoire de la sorcière se décrocha et ses yeux s'arrondirent de surprise et de désespoir. Comment ?

- Lors du mariage de votre frère, il semblerait que vous ayez reçu un sort en plein cœur, n'est ce pas ? Mais au même moment, un second sortilège vous a atteint dans le dos, exactement au même endroit que le précédent. La rencontre et la somme de ces deux sortilèges, ajoutée à leur contact avec votre cœur a créé un phénomène magique très rare. Cette concentration d'énergie magique a deux seules conséquences possibles : la mort ou bien un changement de temporalité. La seconde issu vous a transporté dans le passé, à l'endroit même où vous deviez atterrir. Car la Magie a décidé que vous aviez quelque chose à accomplir à notre époque. Je ne peux pas vous en dire plus puisque tous les éléments ne sont pas encore en place.

- Est-ce que je peux revenir à mon époque ? coupa la voix affirmée de Ginny.

Maintenant qu'elle savait ce qui s'était réellement passé, même si elle peinait à y croire, elle voulait tout faire pour repartir afin de rejoindre sa vraie vie. Elle ne pouvait décemment pas rester à une époque qui ne lui appartenait pas. Toute sa vie se trouvait en 1997, peu importe ce que la Magie en disait !

- Malheureusement, très chère, ce phénomène est bien trop rare et bien trop dangereux. Je crains que cela soit irréversible, Miss Weasley.

Ginny EvansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant