Chapitre 7

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Le professeur Dumbledore et Ginny restèrent quelques instants silencieux dans la vaste pièce : l'un pour méditer ses dernières paroles, l'autre pour se préparer mentalement à la rencontre des inconnus qui allaient bientôt devenir sa famille d'adoption.

La jeune fille se sentait toujours aussi anxieuse et en tremblotait même d'inquiétude. « Et si je ne leur plais pas, s'ils décident qu'ils ne veulent pas de moi. Pff ! N'importe quoi, Ginny, reprend toi. Je m'en fiche complétement puisque je ne vais pas rester longtemps : à quoi bon s'attacher ? »

- Bien, il est l'heure à présent, lui dit Dumbledore, coupant ainsi le fil de ses pensées.

Le vieil homme se dirigea vers son imposant bureau et prit un petit pot couleur noir d'encre. Il revint d'un pas pressé auprès de Ginny et de la cheminée. Dans ce petit pot se trouvait de la poudre de cheminette : c'était une poudre grise et scintillante, qui glissait comme du sable chaud dans vos doigts. Lorsque Ginny en prit une poignée, cela lui rappela immédiatement le Terrier et une vague mélancolique d'images emplit son esprit.

Dumbledore, qui en avait fait de même, lui prit la main avec douceur et la pressa gentiment. Il croit sans doute que je ne bouge pas parce que je suis toute effrayée, pensa-t-elle avec amertume, mais c'est tout le contraire. 

En effet, la jeune fille était bloquée devant la cheminée en marbre et n'esquissait aucun mouvement : pour elle, sortir de ce bureau signifierait la fin. Si elle franchissait cette cheminée, elle aurait une nouvelle existence et son ancienne vie ne serait plus qu'un lointain souvenir. Ce serait donc la fin de Ginny Weasley et c'est cela qui la terrifiait, paralysant chacun de ses membres d'une peur froide.

« Tout cela est trop injuste : toute ma vie jusqu'à maintenant a été balayée en une seule et cruelle seconde. Est-ce que c'était écrit ainsi ? Pourquoi moi ? Ils n'avaient pas le droit ! »

- Ginny, venez.

Celle-ci releva la tête en reniflant, cependant il n'y avait aucune larme : elles avaient déjà toutes coulé. Elle planta alors son regard déterminé dans les yeux perçants du vieux sorcier situé en face d'elle.

Cet échange fut intense : il marqua le dernier instant qu'elle vécut en tant que Ginny. Durant ce face à face, qui en réalité ne dura même pas dix secondes, la sorcière lui transmit sincèrement ses peurs, ses doutes, tandis que, lui, la rassura en lui donnant la seule chose qui pourrait encore l'aider : l'espoir.

Pour ces deux personnages si différents, ce moment fut éternel, restant à jamais gravé dans leurs esprits. Alors Ginny traversa l'infime espace qui la séparait de la main, de cette main tendue, qui allait l'emmener de l'autre côté, vers son nouveau départ. Non pas qu'elle acceptait à présent son sort, mais avait-elle seulement le choix ? Non. Et puis cette main, que personne n'avait jamais daigné lui tendre auparavant, pourrait peut-être ici l'aider et la sauver d'elle-même.

C'est donc côte à côte dans l'antre de la cheminée que la jeune fille et le vieil homme, les mains entrelacées, lancèrent leur poudre, qui se répandit autour d'eux, les enveloppant d'un nuage scintillant. Dumbledore énonça leur destination d'une voix grave, tandis que Ginny abaissait ses paupières :

- 17 rue des Parques, Maison Evans.

Les deux silhouettes noircies disparurent dans tourbillon de fumée étincelante, puis la pièce redevint déserte et silencieuse. Dans un coin sombre d'une étagère, un vieux chapeau tout rapiécé esquissa un sourire rusé.


Au 17 rue des Parques vivait une jolie petite famille que l'on pouvait tout à fait considérer comme modèle. En effet, elle habitait dans une spacieuse et charmante maison qui se trouvait à l'intérieur d'une des plus riches banlieues de la capitale britannique, Londres. Le père de famille, Richard, était d'un naturel joyeux ainsi que doté d'un caractère franc et sympathique. D'après les dires du voisinage, il occupait une situation professionnelle aussi respectable et convenable que possible. La femme de cet homme au portrait fort positif, Marie, était tout aussi agréable physiquement qu'intellectuellement. Psychologue de métier, elle possédait une certaine aura maternelle, qui avait le pouvoir de vous rassurer à son unique présence, et un seul de ses doux sourires illuminait la pièce toute entière.

Ginny EvansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant