Chapitre 9

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Cela faisait à présent deux longues semaines que Ginny était arrivée chez les Evans. Deux semaines de surprise, de tristesse et d'émotions.

La jeune fille s'était tout de suite entendue avec Pétunia : malgré la différence d'époque, les sujets restaient les mêmes chez les adolescents. La jeune sorcière voyait en son ainée la sœur ou l'amie qu'elle n'avait jamais eu.

Cependant même la complicité qui s'était installée avec tous les membres de son nouveau foyer n'empêchait pas Ginny de ressentir ce manque. Un trou béant qui était apparu quand elle avait compris la situation dans laquelle elle se trouvait, une situation dont elle ne pouvait pas changer. C'était surtout cette impuissance qui la décourageait. Et chaque nuit, elle refaisait éternellement le même cauchemar, croyant entendre les voix de ses parents lorsque, en sueur, elle sortait de ce chimérique envoutement.

L'univers intarissable des sorciers lui manquait particulièrement : elle, qui avait toujours vécu avec la magie, se retrouvait réduite aux manières Moldues. Ginny redécouvrait le monde sous une toute nouvelle perspective, sans sortilège : ses habitudes bouleversées, un quotidien à la fois nouveau et ancien apparaissait. Cependant la jeune fille était toujours sur ses gardes : elle avait beaucoup discuté avec Marie mais ne s'était pourtant jamais entièrement dévoilée sur son passé.

« Dumbledore m'a prévenu : il ne faut pas que je parle de moi ni de mon époque. Et puis si je laissais échapper par mégarde la moindre information sur l'avenir, cela pourrait à jamais changer le cours du temps. »

- Lily !

La voix de Pétunia retentit dans toute la maison. Cette dernière voulait absolument l'emmener faire du shopping ! Activité que Ginny n'avait pas l'habitude de pratiquer et qui était à ce moment même le dernier de ses soucis, déjà très étendus depuis son arrivée. Néanmoins, la jeune sorcière appréciait vraiment beaucoup la fille Evans : cette dernière l'avait acceptée sans poser de questions et l'avait soutenue à chaque réveil transpirant, à chaque crise de larme.

En plus de cohabiter jour et nuit avec une nouvelle famille, ses défenses mentales s'étaient considérablement affaiblies, ce qui la rendait particulièrement émotive. Pétunia ainsi que ses parents étaient des gens adorables et affectueux, c'est pourquoi Ginny avait beaucoup de mal à leur mentir sur son passé et sur ses intentions. Ces trois personnes l'avaient sauvées de sa dépression suite à l'absence de ses proches et de sa vie passée. Grace à eux, elle se sentait un peu moins décalée par rapport à ce nouveau monde. Ginny leur enviait la simplicité de leur existence et la résilience qui l'accompagnait.

- Lily !

« Il faudrait peut-être que je me dépêche de la rejoindre sinon Pétunia va exploser. Et il ne vaut mieux pas être dans les parages lorsque ça arrive ! »

- J'arrive, Tunie ! J'enfile une veste, attends-moi juste une seconde.

- Je ne fais que ça, t'attendre ! Ça fait bien dix minutes que je t'appelle.

- Désolée, désolée ! Voilà, je suis là, on peut y aller.

Ginny dévala les escaliers à toute vitesse et se stoppa de justesse pour ne pas heurter de plein fouet Pétunia, qui l'attendait en tapant du pied. La rousse savait que son amie lui pardonnerait de toute façon deux minutes plus tard. Voilà comment résumé la rancune de Pétunia : très vocale mais peu durable. L'adolescente blonde l'observa fixement à son arrivée avec un drôle de sourire, plutôt niais.

- Quoi ? J'ai une tache sur la figure ? demanda Ginny, en se frottant automatiquement la joue.

- Nan. C'est juste que... que tu es vraiment belle.

Ginny EvansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant