Unforgettable - Tome 2 (En pause)

DawnTime 3 : Poe Dameron

         - Je ne poserais la question qu'une seule fois : où est-elle?

Un frison indicible remonta le long de la nuque du pilote tandis qu'il faisait face à l'arme pointée sur son visage. Il n'avait pas eu le temps d'avoir peur. La surprise avait étouffé son cœur un instant, avant que l'adrénaline ne fouette son sang. Il s'était déjà retrouvé dans des situations similaires, précaires et dangereuses, mais rarement sans savoir pourquoi.

Ses paupières se plissèrent alors qu'il tentait de percer l'ombre de la capuche qui le menaçait. Il était certain que c'était la première fois qu'il entendait cette voix, pourtant... il y avait quelque chose dans son timbre, sa manière de parler qui lui était... familier.

Il fronça les sourcils sous la perplexité, sans s'en rendre compte. D'un coup de langue, l'autre manifesta son agacement.

- Je ne perdrais pas de temps à me répéter, grinça la femme dont il n'apercevait que le bas du visage.

Son capuchon couvrait la majorité de ses traits, mais révélait un menton volontaire, sculpté avec harmonie et force, à la peau naturellement pâle pourtant halée par le soleil, des lèvres mordues par des dents blanches, abimées par le stress, l'inquiétude et l'attente, et parfois, un petit nez aquilin constellés de tâches de rousseur, dont la douceur venait contrastée avec la dureté de ses mots.

- Pour répondre, il faudrait déjà que je connaisse la réponse à la question. Se moqua ouvertement Poe, les mains levées en signe de paix, mais un sourcil arqué bien haut pour souligner l'ironie de la situation et ainsi masquer son inconfort.

La capuche sembla retenir son souffle un instant. Quelques secondes fugaces, quelques grains de sable se répandant sur le sol dans un écho assourdissant, et un millier de possibilités déjà perdues. Inconsciemment, Poe avait fait de même.

- Si tu ne peux pas répondre, tu ne me sers à rien.

La sentence tomba glaciale. Un froid polaire se répandit et gagna jusqu'à sa poitrine. Le pilote avait une conscience accrue du doigt de la jeune femme sur la détente. Le reste n'existait plus, ni les secondes, ni le silence assourdit de murmures. Il n'y avait que l'arme entre eux, la pression et l'attente du premier qui lâcherait, et...

Une pinte.

Une pinte, dans une taverne, rien d'étonnant. Sauf que les peines ne volaient pas.

Au moment-même où Poe voyait l'étrangère appuyer sur la gâchette, une pinte fendit l'air. Une pinte sortie de nulle part, qui aurait pu exploser au visage de l'encapuchonnée si elle n'avait pas vivement fait un pas en arrière. D'un même mouvement, le bras armé toujours brandit entre eux, deux paires d'yeux fixèrent le récipient brisé à même le sol, éclaboussés par son liquide ambré, comme s'il pouvait leur apporter une réponse.

- Pas de ça chez moi, jeune fille! Et quand je parle de "ça", je parle aussi de toi! cracha une voix courroucée, qui les fit se tourner du même ensemble vers la propriétaire des lieux.

Le pilote cilla, déconcerté, en découvrant la petite créature d'à peine plus d'un mètre, au visage parcheminé et aux regards vifs sous ses deux gros culots. Il avait entendu parlé de la contrebandière - comment le contraire aurait-il pu être possible? - mais il ne l'avait jamais rencontré en personne, ainsi était-il un peu... surpris par l'apparence de la grande et vénérable Maz Kanata. D'autant plus qu'elle venait presque d'éborgner quelqu'un avec une pinte d'alcool - pas qu'il allait s'en plaindre, remarque!

- Ça faisait longtemps, Maz. La salua, sardonique, la femme à la capuche, à peine égratignée par l'accueil glacial et la menace ouverte de la contrebandière.