Unforgettable - Tome 2 (En pause)

Chapitre 11 : Général rouquin

        Les poignets liés, entourés de casques blancs, je me demandais encore comment j'avais pu en arriver là. L'ombre vacillante de la soute me renvoya brusquement à un autre transport, à d'autres stormtroopers, quand j'en étais moi-même une. J'inspirais et tentais de dérouler ma nuque contractée. J'avais beau ne plus avoir d'armure, j'en sentais toujours le poids sur mes épaules. Même sans, je me sentais toujours aussi oppressée. C'était peut-être même pire à présent. Entourée de ceux qui avaient été mes semblables, de mes camarades d'entrainement, de ceux que j'avais peut être écrasés, humiliés, je me sentais sans défense privée de cette carapace opaque. Bien qu'ils suivent le protocole et se tiennent tous droits en rangs serrés, sans m'adresser un regard, je sentais leur attention fixée sur moi. Je n'avais pas besoin de savoir ce qu'ils pensaient pour sentir leur animosité. Elle alourdissait l'air, irritait ma peau à chaque passage de ses langues râpeuses.

Agacée, une autre part de moi sifflait rageusement. Elle était lassée de l'attente et de l'impuissance. Mon passivité la poussait à l'imprudence. Elle voulait se débattre, tordre la chaire et sortir ses crocs. Je la retenais à grande peine. Malgré moi, je ne parvenais pas à l'étouffer. Elle se roulait dans les braises de ma peur, cette angoisse brûlante de ne pas savoir ce qui m'attendait à l'arrivée. Je n'étais pas prête. Je n'avais pas prévue de revenir aussitôt sur un Destroyeur, de faire face ainsi au Premier Ordre. Mes plans n'avaient jamais compris que Kylo Ren. Ils ne visaient que lui. S'étaient centrés sur lui. J'étais le cyclone, il était l'œil sur lequel je me concentrais. 

Tous les autres, tout le reste ne devait être que collatéral.

Sauf que désormais, ces autres réduisaient mon horizon à une mer de caques blancs. Elle s'était refermée sur moi si vite. Ses vagues implacables ne m'avaient pas laisser le temps de lutter. Elles m'avaient balayée et emportée. A présent, elles allaient me recracher et me laisser m'échouer contre les rochers. Ne restait plus qu'à connaître l'identité de ces rochers.

La bête grogna sous ma peau. J'inspirais et tentais de la brider. Ces dernières années, j'avais appris à reconnaître lorsqu'il était temps de se battre et lorsque le combat était vain. Peu importe ce que je ferais, je n'aurais aucune chance tant que nous serions à bord. Il ne fallait pas se voiler la face, je n'avais pas eu la moindre chance à partir du moment où ils m'avaient encerclée là-bas, dans cette salle de réception pompeuse. Je savais reconnaître une bataille perdue d'avance. Le seul mystère qui demeurait concernait ma survie. J'avais neutralisé plusieurs d'entre eux avant qu'ils ne me forcent à plier genoux. Néanmoins, même ainsi, braquée par leurs armes, aucun d'eux n'avaient tiré. Un tir de phasma bien porté et le problème aurait été réglé. C'est ce que j'aurais fait. C'était ce qu'on nous avait appris à faire. Encore maintenant, si je me débattais, ils seraient prêt à me mettre K-O.

Mais pas à me tuer. Cela me rendait perplexe.

Autant que le grésillement sifflant à mon tympan. Mon oreillette ne m'avait pas été ôtée. Alors même qu'elle ne captait plus la fréquence, elle continuait d'émettre un crachin agaçant. Inspirant profondément, je fermais les yeux. La présence de Poe me manquait cruellement. Je venais à peine de le retrouver, et même si je l'avais continuellement repoussé, il était rassurant de le savoir présent. C'était confortable, réconfortant. Maintenant que sa voix ne me parvenait plus, je regrettais presque de ne pas avoir été un peu plus gentille.

Contrariée par ce constat, je m'ébrouais à demi. Qu'est-ce que j'avais soudainement à rechercher du réconfort? Je n'avais toujours pu compter que sur moi-même, alors qu'est-ce que j'avais à souhaiter la présence d'autres personnes? D'abord Kylo Ren, maintenant Poe. L'enchainement de ces pensées me fit frissonner. J'espérais que Poe avait suivi mes dernières instructions et était parti avec la Générale comme prévu. Malgré ses interrogations inquiètes, je n'avais répondu que pour lui dire de partir.