⊱...𝙋𝙧𝙤𝙡𝙤𝙜𝙪𝙚

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「𝐿𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑚𝑎𝑠𝑞𝑢𝑒. 𝐿𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡 𝑒𝑓𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑚𝑒𝑠. 𝐿𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡 𝑠𝑢𝑝𝑝𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑡𝑒𝑚𝑜𝑖𝑛𝑠. 𝐿𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑑 𝑓𝑜𝑢 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖. 𝐶𝑒 𝑛'𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑙𝑎 𝑟𝑒𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒. 𝐶'𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑣𝑖𝑒, 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑣𝑖𝑠𝑎𝑔𝑒, 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑎𝑛𝑔𝑙𝑒, 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑚𝑎𝑡𝑖𝑒𝑟𝑒. 𝐿𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑛𝑜𝑦𝑎𝑑𝑒.」

Nina Bouraoui

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Feitan marchait le long de la plage, son long manteau flottait au rythme des coups de vents, ses cheveux lui parasitait la vision malgré qu'il ne cessaient de les remettre en ordres.
Il tenait ses chaussures dans sa main, profitant de la sensation du sable fin entre ses orteils, la plage était calme, déserte, pas même un coureur. La brise marine couplée à la beauté du ciel étoilé laissait un sentiment de quiétude se blottir dans sa gorge, déformant ses lèvres en un léger sourire apaisé.

Pas mesquin ou sadique, comme ceux qu'il esquissaient habituellement, impossible d'imaginer qu'il avait torturé et assassiné une dizaine de personnes quelques heures plus tôt.

Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas rendu près de la mer, alors il en avait profité pour se balader. Et puis, personne ne se baladait à minuit, lui permettant de passer un tel moment de calme.


Le bruit des vagues frappant contre les roches plus loin devenait de plus en plus distinct.

Il sentait l'eau de mer frapper ses pieds dénudés alors que son regard était perdu devant lui.
Le noiraud grimaça en marchant sur un caillou, ou un morceau de coquillage peut-être.
Feitan s'abaissa pour identifié la cause de sa douleur aiguë. Se qu'il prit entre ses doigts ne fut ni un caillou ni un éclat de coquillages, mais une boucle d'oreille échouée, un diamant brut au bout d'un petit fermoir élégant.

Le bijou semblait de grande valeur et il ricana en imaginant celle qui devait surement s'arracher les cheveux après l'avoir perdue.

Son regard sombre dévia ensuite vers l'horizon, la mer était légèrement agitée, les vagues frappaient fort, le ciel commençait à se couvrir, mais le croissant de lune restait lui bien visible.

Ses sourcils se froncèrent lorsque ses prunelles distinguèrent une silhouette au milieu de l'eau, assez loin de la rive sans pour autant perdre pied.


De longs cheveux virevoltaient autour d'un corps mince, qui semblait manquer de s'écrouler à chaque coup de vent. La robe blanche flottait au dessus de l'eau, qui atteignait déjà son bassin, de dos, il ne pouvait qu'hypothétiser sur son genre.

Une suicidaire certainement, il n'avait jamais vraiment compris l'intérêt. Mais sans s'en être rendu compte, il s'était arrêté, les yeux fixés sur l'individu qui ne bougeait pas.

Peut-être avait-elle changée d'avis, avait-il pensé.
La silhouette se tourna alors, elle l'observa alors qu'il plissait les yeux pour distinguer son visage.

Tous se qu'il vit fut le sourire qui fleurit sur ses lèvres, et elle qui leva le bras, l'agitant vivement pour le saluer. Feinta tourna la tête derrière lui, il n'y avait personne, son attitude le laissant perplexe. À peine sa face était de nouveau tournée vers l'horizon qu'elle avait baissé le bras, puis poursuivit sa route vers la mort.

«- Putain.
Jura t-il en fronçant les sourcils de plus belle »

Qui saluait de cette façon, avec un sourire aussi joyeux, juste avant de se tuer? Sans savoir pourquoi, par instinct peut-être, il retira sa veste et lâcha ses bottes pour se jetter à la mer.

L'eau était gelée, fouettant son corps à chaque brasse, et elle continuait de s'avancer. Il ne voyait plus que sa tête, entourée par ses cheveux à la couleur indissociable dans la nuit, flottant autour de son corps englouti.

Pourquoi avait-il plongé ? Il tuait des gens sans problème, en laisser se suicider n'était pas vraiment différent, pas vrai?

Le noiraud releva la tête et grinça ses dents en s'apercevant qu'elle n'était plus là, il plongea la tête, pour l'apercevoir en train de couler en vidant l'air de ses poumons.

Feitan inspira un grand coup avant de plonger à son tour, nageant rapidement pour arriver à sa hauteur.

Ses yeux étaient clos, elle était droite, les pans de sa robe et sa masse capillaire flottait. Il remarqua qu'elle portait une boucle d'oreille, identique à celle sur laquelle il avait marché, ainsi qu'un collier du même diamant. Le tortionnaire l'attrapa par dessous les aisselles, la tirant le plus vite possible jusqu'à la surface, l'air commençant à lui manquer.


De retour sur la plage, il se surpris à lui faire un massage cardiaque durant plusieurs minutes. Jusqu'à se qu'enfin, il l'a vit cracher l'eau avalée, et que sa poitrine se relève, au rythme de ses respirations difficiles.

Feitan remarqua plusieurs hématomes parcourant sa peau pâle.
Puis les yeux de l'inconnue s'ouvrirent, laissant au noiraud le plaisir d'apercevoir ses prunelles azur.

Il ne savait pas à quoi il s'était attendu, mais les premiers mots qu'elle avait prononcée n'avait rien à voir.

«- Pourquoi vous m'avez sauvée. »



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805 mots

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𝐄𝐑𝐈𝐃𝐀𝐍𝐔𝐒  || 「ғᴇɪᴛᴀɴϟᴏᴄ」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant