¹· 𝐼'𝑚 ℎ𝑜𝑚𝑒...

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Je suis à la maison

Je suis à la maison
J'y ai pensé puis j'ai arrêté
Étonnée d'avoir eu cette pensée

Je suis à la maison
J'ai préféré l'oublier
Arrêtons d'y penser

Je suis à la maison
J'y ai pensé puis je m'en suis empêchée
Vaut mieux ne pas y penser

Je suis à la maison

«- ..Mais j'aurais préféré m'oublier...
Murmure t-elle »

Elle faisait tourner son stylo entre ses doigts fins en soupirant, enroulant une mèche de ses cheveux autour de son index gauche. Un soupir s'extirpa de ses lèvres alors qu'elle pensait à comment finir son poème. C'était bien beau d'écrire, elle le faisait dès que l'inspiration la prenait, mais cette dernière s'en allait toujours trop tôt, et ses écrits n'avaient jamais de fin. Des produits inachevés, exactement comme elle. Ses productions lui ressemblaient : tristes et mornes, suintant de solitude.

Son oreille remua à l'entente de petits coups sur la porte, elle se tourna, prononçant un Entrez d'une voix ennuyée.
Une jeune femme fut son entrée, suivit d'une rapide révérence avant de nouer ses mains entre elles, le regard baissé.

«- Votre frère vous attend pour le déjeuner, mademoiselle.

- ....J'arrive. »

Puis la domestique s'en alla, sans lui accorder un regard. Personne ne la regardait ici, comme si elle était une chose sale, honteuse. On ne devait pas se polluer les yeux en l'observant, ou avoir pitié des bleus dissimulés sous ses vêtements luxueux.
Soudainement poussée par la créativité, naissant de son amertume, la brune reprit sa plume, griffonant l'enchaînement mots qui lui venaient en tête. Comme s'ils risquaient de glisser, s'en aller, sans qu'elle ne les retrouvent jamais, avant cela il fallait les inscrire, les piéger dans leur forme primaire, la plus juste.

Je suis à la maison
Mais j'aurai préférée m'oublier
Plongée et ne plus y penser

Je suis à la maison
Car on m'a repoussée
Retirée l'eau de mes poumons glacés

Je suis à la maison
J'y ai pensé puis j'ai arrêté
Je finirai par mourir de cette pensée

Lugubre, ses textes ne renfermaient que le fond de sa seule volonté : périr.

Elle écrivait pour se défouler, s'empêcher de craquer et se confier, à défaut d'avoir un confident, ce rôle se retrouvait subtilisé par les tranches de papier. Les dizaines de carnets remplis de caractères, ainsi que les nombreuses feuilles volantes épinglées dans son tiroir, témoignaient de son envie d'en finir.
Elle avait failli y arriver la veille, en sentant ses poumons se gorgés d'eau, une étonnante quiétude semblait les avoir emplis. Mais quelqu'un l'avait sauvée, il l'avait ramené à la réalité. Même mourir, elle ne pouvait le faire correctement.

La brune se releva, il valait mieux ne pas trop faire attendre son frère. Alors elle quitta sa chambre, traversant les couloirs raffinés, pour descendre l'escalier parfaitement ciré et rejoindre l'élégante salle à manger, pour finalement s'assoir à sa place, en face de son fraternel.
Il était le seul à la regarder dans le manoir, toujours avec mépris ou méchanceté. Cela s'accordait avec ses paroles, dures et moqueuses, enfin ce n'était pas comme si quelqu'un se souciait de la façon dont on la traitait ici.

"Ferme ta bouche et attend ton mariage" voilà se qu'elle n'avait cessée d'entendre. Rester silencieuse et obéissante, ne parler que lorsqu'on lui posait une question, des consignes dures, piliers de sa vie misérable.

𝐄𝐑𝐈𝐃𝐀𝐍𝐔𝐒  || 「ғᴇɪᴛᴀɴϟᴏᴄ」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant