La Catastrophe

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Un silence oppressant s'installa, pendant lequel je retenais ma respiration.

Quel est le délai d'action de ce Gardien...? Est-ce qu'il est arrivé à sa destination ? Est-ce que quelque chose a changé ? Vais-je disparaître d'une seconde à l'autre...?

Soudain, une douleur suraiguë me transperça la poitrine et je m'écroulai en criant.

Ma tête heurta violemment le dallage de pierre, et je gémis en me maintenant le front.

Ma notion du temps se brouilla, je ne sentais plus mon corps pendant un bref instant et... des flash d'images inconnues déferlèrent en moi puis repartirent aussitôt sans que je n'en eu aucun souvenir.

Lentement, alors que je revenais progressivement à moi, je me redressai avec difficulté. Cette sensation des plus étranges commençait à peine à s'estomper que, soudainement, je sursautai en levant les yeux sur mon étude.

Des étendards noirs comme la suie recouvraient l'ensemble des murs, mon bureau d'acajou clair était dorénavant en ébène sombre, le sol avait cédé sa pierre grise perle pour du marbre cipolin luisant et froid, et le caractère un peu négligé faisait à présent place à un ordre parfait.

Je... Où suis-je ?! Je ne suis jamais venu dans cet endroit !

Incrédule, je me levai difficilement et m'approchai de la table. Dessus était posée une statuette d'hématite représentant une tête de sanglier. Le sanglier... le symbole de...

La statuette tomba au sol et s'éclata dans un bruit cristallin en une pluie de petites pépites sombres alors que je commençai à comprendre, horrifiée.

Je m'assis en tremblant sur le majestueux trône rembourré de velours noir présent devant l'étude. Et c'est là que mon regard tomba sur mes vêtements.

J'étais parée d'une longue robe de velours horriblement lourde d'un noir d'encre qui traînait langoureusement sur le marbre blanc. Le bustier du même tissu précieux déjà pesant était incrusté de tourmalines roses, et je portai des mitaines de dentelles noire qui me remontaient jusqu'aux coudes. Mes bottes de voyage brunes avaient été remplacées par des souliers de cuir noir, et les petits anneaux bleus que mon père m'avaient offerts avaient disparus au profit de boucles d'oreilles dormeuses dont l'or rose encerclait une obsidienne taillée.

Lorsque je me regardai dans un petit miroir oval près de la porte, je me rendis compte que je faisais beaucoup moins âgée, puis que ce n'était pas qu'une impression car j'étais réellement plus jeune de deux ou trois années.

Je... Ce corps... C'est moi mais en même temps...

De plus, mes yeux étaient passés d'un bleu céruléen unique tenu de mon père à un vert profond, proche du celui de ma mère. Je me rapprochai du miroir, perplexe d'un tel changement quand soudain...

Je fis volte-face violemment lorsque j'entendis la porte de l'étude s'ouvrir.

"Grande Seconde ?"

Je hurlai. Une sorte d'hybride mi-lézard, mi-homme me faisait face, vêtu d'une armure fuligineuse, une hallebarde à la main. La créature possédait des écailles verdâtres, des pupilles dorées et fines comme des fentes, et des crocs longs et blancs. Sa morphologie était humaine et le reste de son visage était plus ou moins le même que celui d'un hylien.

"Re-recule monstre ! ne puis-je m'empêcher de crier et tendant la main vers lui pour garder une distance de sécurité.

- Heu... Madame, Sire Astor vous demande, répondit simplement la créature après quelques secondes de perplexité.

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 6.Pour Un Avenir MeilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant