Grand Départ, Grand Changement

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Alors que le vent matinal se levait sur le champ de prèles à l'écart du village, les cris et les bruits métalliques d'entrechoquements retentissaient depuis déjà plus d'une heure.

Habillée d'un doublet pourpre renforcé de protections de cuir, une jeune fille d'une quinzaine d'années aux courts cheveux solaires faisait habilement tournoyer une broadsword entre ses mains gantées tout en grognant sauvagement, dents apparentes et sourcils froncés encadrant un visage menaçant.

Se trouvait en face d'elle une femme plus grande et plus mûre, d'une trentaine d'années. Elle revêtait un simple gambison de lin et de feutre noir et gris, ainsi qu'un collant blanc surmonté de bottes de cuir brunes. Ses longs cheveux noirs tombaient jusqu'au milieu de son dos, attachés en queue de cheval haute, et parsemés de mèches blanches des racines jusqu'au sommet de ses oreilles. Ses yeux verts brillaient de concentration, et on remarquait un tatouage rouge en forme d'œil stylisé sur son front. Confiante, elle souriait légèrement, maintenant la garde de sa rapière levée.

Le vent frais d'automne balayait les hautes herbes tandis que le combat faisait rage, insensible à la froidure, et ignorant les nuages presque noirs qui se rapprochaient depuis l'Ouest.

Les cheveux de tournesol de la plus jeune noyaient son regard intimidant de mèches indisciplinées, qui se mouchetaient déjà de tâches rousses sous les premières gouttes de pluie qui annonçaient l'orage à venir. La seconde ignorait les cheveux rebelles qui s'échappaient de sa coiffure pour se prendre dans ses cils ou sur ses lèvres, et continuait inlassablement de se focaliser sur son adversaire.

Soudain, la blonde, après s'être fait repoussée suite à une offensive, rempoigna férocement son arme, crispa tous les muscles de son visage rougit par l'effort et chargea vers son aînée en hurlant, épée brandie.

La fausse brune ne se laissa pas intimider par le cri enragé et se baissa vers sa droite pour éviter le coup. Mais elle trébucha sur la terre et se réceptionna du mieux qu'elle put. La jeune fille profita de ce moment de faiblesse pour réitérer son attaque, que son adversaire para de justesse. Cette dernière renvoya sauvagement l'arme de sa cadette qui se retrouva alors déséquilibrée par le poids de son épée projetée.

Les prunelles de la fausse brune se rétractèrent : c'était l'occasion ou jamais. Avec précision et vivacité, elle lança sa cuisse gauche dans un rond de jambe au ras du sol parfait, fauchant son adversaire dans un hoquet de surprise.

Sans perdre de vitesse, l'aînée donna un coup de pied dans l'arme ennemie à terre pour la mettre hors de portée de la vaincue, et pointa sa rapière pile entre les deux yeux de la jeune fille étalée.

Cette dernière hoqueta une deuxième fois, prise au dépourvu, avant de rire et de tendre la main à la femme qui l'aida à se relever :

"Tu m'as eu, bravo ! J'ai bien cru que j'allais t'avoir, cette fois-ci !

- Bravo à toi, Altesse ! Moi aussi je me suis crue perdue ! Ta ténacité n'a d'égale que ta vigueur !

- Merci Lucia ! C'est vrai que pendant longtemps, plus jeune, je détestais perdre ! C'était un enfer de faire une quelconque compétition avec moi !

- Hahaha ! Comme Majesté ! Vous vous ressemblez peut-être plus que vous ne pensez !

- Oh eh pas d'insultes s'il-te-plaît Lucia !

- Bon en tout cas, j'ai gagné le pari ! fanfaronna l'aînée avec un sourire assez peu modeste.

- C'est ce corps ! Je n'ai pas l'habitude, il est plus petit, plus chétif et moins souple !

- Bah vas-y, fais-toi plaisir ! Tu me voles mon corps sans permission, et EN PLUS tu te permets de le critiquer ?! T'avais qu'à en trouver un autre, on serait toutes les deux contentes !

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 6.Pour Un Avenir MeilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant