Epilogue partie I

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Malade de torpeur, inactif depuis plus de huit heures, je n'avais ni l'envie, ni la force de sortir de mon lit. Cela faisait plusieurs minutes que Jenny retournait la chambre de fond en comble en provoquant un boucan monstre qui renforçait mes envies de léthargie. Mon désespoir se faisait si intense que j'avais le sentiment que si je faisais le mort, Jenny finirait vraiment par le croire et me laisserait finalement faire la grasse matinée. Mes yeux refusaient de s'ouvrir, aussi fort que je papillonnais des cils comme un abruti, mes paupières retombaient systématiquement tels des stores déglingués sur un rebord de fenêtre. A vrai dire, Anderson n'aurait sûrement jamais fouillé dans mes affaires si mes capacités cérébrales avaient été à leur maximal. Je ne suis pas fou, ça non. Juste fainéant. Rien que la perspective de devoir sortir mes doigts de pieds de cette couette chaude et doucereuse me donnait des spasmes de révulsion, alors me lever pour lutter contre une invasion féminine... Ne tenait tout simplement pas la meilleure place dans l'ordre de mes priorités.

-Nathan, il faut que tu te lèves, annonça-t-elle.

-Hum.

Cause toujours, il faut que je dorme.

-Nate...

-Hum...

-Allez !

Un râle animal m'échappa.

-Je peux pas, maugréais-je en abattant un oreiller sur ma tête.

Un poids s'écrasa sur le côté gauche et inoccupé du matelas.

-Sors de là, on va être en retard ! Marmonna Jenny.

Tout compte fait, je la préférais largement en train de farfouiller dans mon tiroir à caleçon qu'en train d'essayer de m'arracher à mon oreiller avec férocité.

-Lâche ça Nathan!

-Let it go! Let it go! Can't hold it back anymore! Chantonnais-je tout en redoublant d'efforts.

Une pluie de coups s'abattit sur mon corps à peine protégé par l'épaisseur de la couette. Oups... Jenny ne semblait pas être d'humeur à faire des bonhommes de neige aujourd'hui... L'avantage dans le fait d'être une véritable loque humaine convertie en guimauve informe était bien évidement le côté anesthésiant de l'inactivité et de l'extrême mollesse dont je faisais preuve. Ne lui avait-on jamais inculqué l'intégrité ou bien même expliqué qu'il ne fallait jamais torturer ses ennemis dans leurs moments de faiblesse ? Non ? Des doutes commençaient à naître... Jenny avait-elle eu le même professeur que moi ? Si oui, cela expliquerait pourquoi ni elle ni moi ne respectait ce principe.

-Je peux pas sortir de ce lit, je regrette. Ces couvertures m'ont acceptés comme l'un des leurs et si je m'en vais maintenant, je risque de perdre leur confiance, tu comprends ?

Jenny explosa de rire. J'étais perplexe, allait-elle se remettre à me latter afin de m'achever ou bien allait-elle pencher pour la petite phrase rigolote de sa bibliothèque à punchline personnelle ?

-Tu te fou de moi ? Tu plagies la twittosphère maintenant ? Sors de là et va prendre une douche. Mon père va arriver d'ici seulement dix minutes.

Dix minutes vous dîtes ? J'avais vu plus extrême comme situation. Si mes calculs étaient bons, il me restait encore quelques quinze minutes à tenir allongé dans ce lit avant de devoir m'en extirper avec regret. Je ne pouvais tout de même pas arriver à l'heure pour mon premier jour à l'université, pour qui est-ce que j'allais passer après ça ?

-Je suis étoile de mer de profession, laissez-moi vivre ma vie... Gémis-je tout en écartant les bras en grand.

Anderson posa ses lèvres chaudes sur mon torse et remonta jusque mon menton en souriant. Le coup du baiser ? Sérieusement ? Sa technique me donnait presque le courage qu'il me fallait pour... En fait non. Rien n'était de taille face à ma paresse légendaire.

Love comes from HateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant