Tous les royaumes ont un roi.

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Prologue,

Vous connaissez tous ce sentiment. Lequel? Celui qui vous fait croire que vous êtes invincible, mais vulnérable aussi. Il agit sournoisement et rend les gens euphoriques, romantiques, septiques, utopiques, et un tas d'autres conneries en -iques. Vous en venez à tout oublier, à tout pardonner. Mais tout ça pour quoi? L'amour?

Personnellement, je ne l'ai jamais connu, et j'espère ne jamais avoir à le connaître. Après tout, ce sentiment est sans doute le véritable enfoiré dans cette histoire. L'amour, si c'était une personne, serait un gars comme moi. Contrairement aux idées reçues, il ferait des croches-pattes, briserait des coeurs comme un vrai connard agréé et ferait lentement valser Roméo et Juliette sur sa patinoire où tout le monde se casse systématiquement la gueule. Ne vous demandez plus d'où vient la folie humaine, parce que moi, j'ai tout compris. Tout vient de là. Mon nom est Nathan Bellamy, vous ne me connaissez pas, mais ce sera très bientôt le cas. Je suis machiavélique, adorable et...ouais, machiavélique. Me détester relève de l'impossible. M'adorer, en revanche, est inévitable.

Chapitre 1,

Aujourd'hui c'était la centième. La centième fois que je la croisais, mais qu'elle m'ignorait, comme à sa très chiante habitude. Un peu comme dans une prise de cinéma qu'on recommencerait encore et encore. Etrangement, c'était toujours parce qu'elle oubliait la réplique où elle était sensée me lécher les pieds comme tous les autres ou même répondre à mes salutations. Il y avait là une grande perspicacité, je devais l'avouer. Voir quelqu'un résister à mes charmes, c'était faire face à un aveugle qui refusait qu'on lui rende la vue. Incroyable et complètement stupide. Je savais mieux que quiconque qu'on ne pouvait pas s'empêcher de craquer. Mon visage ? Angélique. Mes cheveux noirs me donnaient cet air rebel amplement mérité, et mon sourire était plus beau encore que celui de Brad Pitt... Je ne vous parle même pas de mon cul. Elle? Rien d'autre qu'une fille très très très canon parmi des millions. Alors pourquoi restait-t-elle si insensible?

Quoi qu'il en soit, j'avais déjà fait preuve d'une surprenante patience et je commençais sérieusement à m'emmerder. Puisqu'elle restait fatalement hermétique à mon charme et prenait plaisir à faire de la resistance, j'allais devoir sortir la lourde artillerie. Qu'avais-je bien pu faire pour qu'une fille comme elle m'ignore royalement ? Pourtant populaire, drôle et séduisant, j'étais la personne qui portait malgré moi l'étiquette de ma coolitude. D'ailleurs, j'étais pratiquement sûr que j'aurai mis le feu aux nanas du paradis si je n'avais pas d'ores et déjà une place VIP au Night Club de Lucifer. Rien à faire, elle préférait tourner autour de personnes peu fréquentables, comme Julian Edwards... Ah, Julian, sa tête ne me revenait pas. Lui, le mec coincé, choqué par la moindre petite entorse au règlement. Le genre de gars studieux moins bavard qu'une mouche avec lequel on se retrouvait généralement coincé en bînome imposé pour un exposé.

-Nathan! Comment ça va mon pote ? Me lança Dixon.

Ah, un autre cas social. Ce crétin n'arrivait étonnamment jamais à saisir l'agacement qui filtrait dans ma voix lorsqu'il apparaissait. Avec sa mémoire de poisson rouge et son écœurante bonne humeur, il représentait un autre des nombreux stéréotypes que je détestais. En l'occurence, dans son cas, c'était celui du garçon rejeté qui pourtant revenait sans cesse à la charge. Un peu comme un chiot ecervellé vouant une fidélité perverse à son maître dans l'espoir d'un jour recevoir le graal: Le nonos en plastique. Je haïssais lui faire la conversation. Surtout quand elle se voulait courtoise.

-Toujours en vie, répondis-je froidement, ce qui était de loin l'air le plus sympa que je pouvais réserver à quelqu'un comme lui.

Pourquoi me forcer à tenir une discussion avec un abruti pareil ? J'étais l'arriviste dénué de toute conscience et sentiment, rien ne m'y engageait après tout. Pas question d'y rajouter un "et toi?", sa réponse m'aurait donné une enième raison de vomir mon petit-déj'.

Love comes from HateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant