FINAL

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Mon nom est Nathan Bellamy. Je suis intelligent, brillamment méchant et terriblement sexy. Je suis le grand cru, millésime inespéré d'une décevante génération de piquette, le caviar d'un piteux plateau de fruit de mer, la Porsche chez un concessionnaire d'occasion et par association, probablement le seul individu normal entouré de crétins professionnels largement handicapés par leur sens moral sur-développé.

Du nombre de centimètres d'eau que je vais verser dans mon verre sans vider la carafe jusqu'à la limite avec laquelle je peux flirter dangereusement sans jamais franchir le cap de non-retour, je suis de ceux qui sont capables de parfaire leur machiavélisme avec un surprenant soucis du détail. Ce que je n'avais en revanche jamais calculé? Le harponnage plus que brutal perpétré par Jenny Anderson sur ma fantastique personne. La machine à cacophonie qui, en moins d'une année venait de mettre une pagaille monstre dans mon requiem de génie. 

      Maintenant, vous connaissez toute mon histoire, hormis quelques détails. Puisque ceci est une épilogue et qu'une épilogue traditionnelle fait toujours sourire, je prends volontiers la liberté de vous révéler quelques détails incongrus.

 Première leçon: En cas de pépin, mon prétexte préféré est de déclarer que je suis l'un de ses jeunes anarchistes désorientés profondément désillusionné par la vie qui fume pour se donner un style. Les préjugés des adultes sont de véritables mines d'or, mais ça, vous ne pouvez pas vous l'imaginer. Comme je l'ai dit, je suis bien le seul grand cru de cette cuvée bouchonnée, ce qui sous-entend que vous en faites partie et qu'il est par conséquent bien difficile d'égaler mon génie. 

Quand on vit dans une ville à la grandeur proportionnelle à une cuvette de toilette, où tout le monde connaît tout le monde, impossible de faire croire que Mamie a rendu l'âme, il faut faire preuve d'un peu plus d'imagination. Seconde leçon: Je suis atteint de phytophobie, ce qui peut expliquer cet air complexe et méfiant que j'adopte en présence de plantes vertes dans un espace. Bonzaïs, Cactus, fougère géante ou encore je ne sais quelle plante mangeuse d'homme, elles me terrifient toutes, sans exception; C'est pourquoi je prend toujours garde à mettre une  distance raisonnable entre ces ignobles germes et moi-même, de peur qu'un de ces jours, la catégorie que personne ne soupçonne jamais, nous transperce à coups de tiges et de... Je ne sais pas. 

Enfin bref, passons au quatrième: Georges n'est pas un hasard. Georges renferme un terrible secret. Georges est le nom du regretté poisson rouge gagné à la foire de 1998, lâchement assassiné par les régimes drastiques de ma mère. Vous êtes perdu en eau trouble? Besoin d'une explication? Ma mère a simplement confondu le rôle d'un chien, à qui on donne les restes, avec celui du poisson rouge. 

Un poisson rouge qui se trouve simplement là comme décoration, à tourner dans son foutu bocal sans rien comprendre ni se souvenir qu'il vient de faire plus de tours autour d'un algue en plastique que la Terre autour du Soleil en 17 milliards d'années

Un aileron épicé provenant d'un bucket de KFC dans le bocal, et pouf, il n'était plus. 

Elle l'a remplacé trois fois en tout et a à plusieurs reprises tenté de me faire croire que Chat était le responsable. Certes, j'aurai pu dénoncer ma mère à la PETA ou bien finir par lui avouer que je savais absolument tout de ses tentatives désespérées, mais je n'ai jamais rien dit. Je suppose que la voir s'évertuer à trouver le sosie de Georges Ier constituait la meilleure distraction dont je disposais après le drame. En l'honneur du premier poisson sacrifié, Georges est devenu le fidèle compagnon que vous connaissez aujourd'hui, même si j'ai longuement hésité avec "Max", qui désigne le partner in crime super cool du génie vert et poilu dans "comment le Grinch a volé Noël" de Dr. Seuss. 

Et enfin, dernier fait: Ceci n'est point un journal intime, et je ne suis pas Bridget Jones. Si vous pensez ainsi, alors vous n'avez absolument pas compris ce que vous venez de lire ou alors, vous êtes d'une stupidité remarquable. Ou peut-être bien les deux. Par ailleurs, si vous croyez sincèrement à l'histoire de cette petite blonde qui gaffe comme elle respire, je me sens dans l'obligation de vous dire que lorsqu'on ressemble à Ugly Betty, -et qu'on se pointe à une garden party en lapin playboy- le seul homme qu'on a dans sa vie s'appelle Curly et c'est un caniche royal. Eh non, pas de bel hispanique avec du poil sur le torse et une rose entre les dents donc #sorrynotsorry.

Love comes from HateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant