Tout feu tout flamme, guimauves fondues et baiser stratégique sur un toit.

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A l'écart des flammes, à la fois plus libre que jamais mais paradoxalement enfermé dans une bulle d'intimité crée par l'ambiance tamisée d'une rare rue déserte, je vivais l'une des plus belles soirées que la complexe période de mon adolescence puisse offrir. A mes côtés marchait Jenny. Ses cheveux doux qui volaient dans tous les sens, ses dents blanches et légèrement pointues, son parfum exquis né d'un parfait mélange de fruits exotiques et sûrement aussi d'un adoucissant pour vêtements, m'inspiraient un ardent désir. Celui de la tenir contre ma poitrine en permanence, afin qu'elle puisse sentir à quel point son influence était grande là-dedans. Car si mon organe vital s'emballait comme jamais et dansait la samba, c'était bel et bien par sa faute. Elle était à l'origine de mes tics nerveux, de mes mains moites et tremblantes et de mon incapacité à me concentrer sur quoi que ce soit. Il régnait à Burwell une chaleur écrasante, pourtant je me sentais plus léger que jamais. J'étais sans doute emporté par les papillons qui dansaient à l'intérieur de mon ventre et aveuglé par la tournure féérique qu'avaient pris les évènements précédents. Féérique ? Oui, je suis d'accord, c'est un drôle de qualificatif à employer pour quelqu'un qui prend plaisir à persécuter les adeptes du romantisme et du gnangnan. Et voilà que maintenant, je me mettais justement à y croire. Quiconque l'aurait un jour pensé aurait commis un sacrilège. Tout ça semblait irréel. Moi, Nathan a.k.a l'enfant terrible, partisan du non-conformisme et membre du club officiel des briseurs de cœur du 14 février, tenait ce genre de discours à la con digne d'un bouquin de Twilight. Stupide, pas vrai ? J'incarnais le rejet des normes, de la condition humaine du 21ème siècle et de la condition humaine tout court d'ailleurs, mais l'ironie avait voulu que je tombe dans le plus ancestral et vicieux piège de l'univers. Et si quand bien même je le refusais et décidais de résister jusqu'à la fin... Une partie de moi était déjà partie avec elle, même s'il était clair que je n'étais pas maître de mon destin, ni de mes émotions. Car Jenny une sorcière de la pire espèce. De celles qui sont bienveillantes mais qui vous enchantent égoïstement sans crier gare par un beau matin sur des gradins aux moyens de petits shorts verts et de tops bien trop étroits pour... Bref. Elle était envoûtante et par dessus tout: Mienne.

-Honnêtement, qu'est-ce qui t'as pris de faire un truc pareil? Soupira-t-elle pour la énième fois, pendue à mon bras et sublimée par le faible faisceau des lampadaires.

Je n'en avais toujours pas la moindre idée mais un sourire sarcastique s'inscrit presque automatiquement sur mes lèvres, figées dans la même et éternelle grimace qui m'était propre.

-En parlant de ça, tu parles du fait qu'on reparte main dans la main de la plus grosse fiesta du lycée après un baiser torride devant la foule ou bien d'autre chose?

Elle éclata d'un rire franc, sans même chercher à l'étouffer. Le même sourire que le mien habitait maintenant le ravissant visage d'Anderson.

-​Non, pas de ça. Je crois que ce "baiser torride" a parlé de lui-même. Je dirais même qu'il vallait toutes les explications possibles... Mais l'autre chose...

-​Hey, je t'interdis de le traiter de "chose". Tu n'as donc aucune once d'humanité dans ce coeur de pierre? Plaisantais-je.

-Je suis désolée de l'avoir écrasé en passant. Est-ce que tu lui feras part de mes plus sincères excuses?

-Bien sûr, mais dans ce cas je serai forcément obligé de lui avouer que je doute de ta sincérité. Ouai, tu vois... T'étais tellement fière de ta réplique ce jour là que ça porte à confusion. Et puis de toute façon je ne peux rien lui cacher.

​Jenny rit de nouveau. A croire que mon humour lui plaisait beaucoup, contrairement à ce qu'elle avait toujours affirmé...

-Mais enfin... George? Sérieusement? Qu'est-ce que ça veut dire? Pourquoi lui?

Love comes from HateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant