Britney Spears, Lindsay Lohan et Albert Camus...

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«Bonjour jeunesse de Burwell, ici Morning Radio...»

La ferme. Mon premier reflex fût de frapper à tâtons sur ma table de nuit jusqu'à ce qu'il heurte ma cible : mon foutu réveil. Je haïssais ce moment de la journée plus que personne d'autre sur cette terre. Le réveil matin, était comme un post-it désagréable qui me rappelait à chaque début de journée que le lycée n'était pas un cauchemar de mon invention. C'était l'instant où je regrettais le plus de ne pas m'être couché plus tôt la veille. Et comme à ma fâcheuse habitude, je me promettrai de le faire ce soir, et comme d'habitude, je tomberai sur un super reportage de la chaîne E !, qui m'expliquerait en détails comment Lindsay Lohan, la rouquine de "Freaky Friday" était devenue la junkie "Freaky" tout court et avait gâché sa putain de vie. Reportage qui me fascinerait tellement que je n'éteindrai la télé qu'aux environs de trois heures du matin, là où les programmes deviennent un peu plus... vicieux. J'enfilais un sweat lorsque cet horrible son qui faisait également partie de mon quotidien et accessoirement office de réveil matin de secours, me perça les tympans. Et celui-là, on ne l'arrêtait pas à coup de poings... A mon plus grand damne, ma sœur occupait la salle de bain, pièce avoisinante de ma chambre. Dans ces cas-là, ce n'était pas la peine d'espérer sécher pour gagner une heure de sommeil en plus, car Bérénice était toujours là pour vous sortir du lit à coup de « Baby hit me one more time ». Je me demandais bien si Bérénice se rendait réellement compte du sens du refrain qu'elle entonnait. Je l'entendais chantonner des airs de Britney Spears, et cela, tous les matins depuis 2009. Je soupirais bruyamment puis sortais tant bien que mal de mon si confortable, si moelleux, si regretté lit. Mes pieds glissèrent sur mon tapis à poils longs puis rencontrèrent le parquet de merisier chauffé à la parfaite température par les rayons du Soleil qui filtraient pas les carreaux. Je détestais les chaussons et marchais donc constamment pieds nus. En bas, j'entendais les portes des éléments de cuisine claquer et la machine à café ronronner comme à sa fâcheuse habitude.

La journée commençait bien. Enfin, ça c'était de l'ironie sous l'état pur. Une journée de lycée qui commençait par une chanson de Britney braillée par votre petite sœur, n'était jamais une bonne journée...

A moins que Jenny daigne en faire partie...

Nathan, reprends-toi, on dirait l'un de ces mecs qui parle tout seul dans l'une de ces conneries romantiques à la télévision ! Tu n'es pas sous le charme.

—Bonjour cafetière pourrie.

—Nathan ? A qui tu parles ? Demanda la lointaine voix de ma blonde peroxydée de belle-mère.

—A quelqu'un de plus intelligent que toi, bougonnais-je d'un ton monotone en plaçant mon mug préféré sous la machine.

—J'entends rien, me cria-t-elle du salon.

—JE DISAIS BONJOUR, hurlais-je.

—Ah, bonjour à toi aussi !

Sa bonne humeur me tuait. Comment une personne pouvait-elle être constamment joyeuse ? Je n'avais jamais vu Tania perdre son sourire, et pourtant, il y avait de quoi quand on m'avait pour beau-fils. J'avais poussé la cruauté à un niveau sportif très élevé : Ma sœur et moi lui avions achetés une poupée Barbie à son effigie pour le matin de Noël. Juste une petite piqure de rappel, histoire qu'elle se souvienne pendant encore longtemps que tout ce qu'elle avait à présent, c'était grâce au bistouri ! Enfin bref, ma cafetière venait tout juste d'exercer sa fonction et Britney Spears par intérim descendit les escaliers à son tour.

—Salut !

—Salut Brit'.

—Brit ?

—Bérénice, tu veux que je te chante une chanson ? Parce que j'en ai une qui me trotte dans la tête... Hum, attends, ça va me revenir... « Baby hit me one more time, oh baby baby! ».

Love comes from HateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant