6 - Insomnies

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La douche est rapide. Ce sera quand mon prochain bain ? Je sais bien qu'Émilie en a plus besoin que moi, mais j'aime bien aussi jouer avec la mousse, jusqu'à hier, je ne me souvenais plus que c'était si bien, j'ai trop envie de le refaire.

Elles sont toujours dans la cuisine quand j'ai fini.

- [Maman] Déjà ! Tu t'es bien lavée ?
- [Anaïs] Ce n'est pas long une douche.
- [Marina] Qui m'aide à mettre la table.
- [Émilie] Moi mais montrer à moi.
- [Anaïs] D'accord, on te montre et on le fera ensemble demain.

C'est facile mais Émilie doit apprendre où c'est rangé, et aussi à faire attention de ne rien casser. Je ferais comme Marina a fait pour moi, à chaque fois, elle me sortait ce qu'il faut du placard pour que je les pose sur la table. Émilie observe sans rien dire, pas de doute la dessus, demain elle le fera très bien.

Ce soir c'est moi qui met la serviette à Émilie puis j'attache la mienne seule.
Nous sommes servies en premier, et je ne suis plus la seule enfant. Romain m'a encore félicitée pour le repas, mais ce soir c'est surtout Marina qui a cuisiné.

- [Anaïs] C'est Marina cette fois, moi j'étais l'apprentie.
- [Marina] L'apprentie fait toujours mieux que le chef.
- [Papa] Alors félicitations à toutes les deux.
- [Maman] Tu peux utiliser tes doigts pour les haricots, Émilie. C'est déjà bien d'en manger.
- [Émilie] Anaïs et Marina savoir cuire bon haricots.

C'est un compliment, et ce n'est pas sa façon de manger qui va le démentir. Mais elle n'a pas touché sa viande.

- [Anaïs] Tu n'aimes pas la viande ?
- [Émilie] Si manger la viande, mais enfant pas utiliser couteau.
- [Papa] Donne ton assiette, je vais te la couper, mais les enfants doivent aussi apprendre à le faire.
- [Maman] Tu apprendra à le faire comme Anaïs.

Moi non plus, ça ne fait pas très longtemps que je me débrouille seule, c'était bien mieux quand les adultes coupaient ma viande. Ça m'arrive encore que la viande résiste et se sauve de mon assiette, il n'y a qu'avec les steaks hachés que c'est facile.
Cette fois, personne ne me dit de me dépêcher, Émilie est moins rapide pour manger et les parents vont lui laisser le temps de s'habituer.

Après le départ de Marina et de Romain, c'est l'heure d'aller au lit, hier déjà, je suis allée au lit de bonne heure et j'ai beaucoup dormi. C'est pour cela que ce soir je ne suis pas fatiguée. Ce n'est pas parce que je ne grandis plus que je dois me coucher comme les tout petits. Seule, je peux faire quoi avant de s'endormir ?

- [Maman] Aller mesdemoiselles, on va se laver les dents et on va se préparer pour bien dormir.

Je me brosse les dents pendant que Maman s'occupe d'Émilie. Je préfère le faire moi même, il n'est pas question que l'on touche à ma bouche.
Je suis encore obligée d'aller aux toilettes, alors que je n'ai pas envie, ça ne sert à rien et c'est trop tard, j'ai mouillé la culotte jetable depuis que j'ai pris ma douche. C'est pas grave, je vais avoir une grosse couche pour cette nuit, c'est bien prévu pour faire plusieurs fois pipi.

- [Maman] Tu m'attends dans la chambre, je couche Émilie et j'arrive.
- [Anaïs] Bonne nuit Émilie, fait de beaux rêves.
- [Émilie] Veux plus rêver, ici est mieux que rêve.

J'attends Maman sur le lit de Marina, mais c'est long. J'ai le livre que j'ai à peine commencé, c'est très bien pour patienter. Tant pis, je vais mettre la couche toute seule, Marina m'a dit de ne pas lire sur son lit sans avoir de couche.
Ce n'est pas difficile de mettre une couche, j'ai mis les adhésifs exactement comme Maman a fait hier soir. Seulement, c'est pas génial, ce soir je suis juste une grande fille qui a besoin d'une couche pour dormir. Hier j'étais une petite fille accompagnée par sa maman pour aller au lit.
Maintenant je peux lire, à la base je cherchais dans la bibliothèque de quoi lire et quand j'ai lu Napoléon Bonaparte, j'ai pensé que c'était pas mal d'en savoir plus. Mais ça n'a rien à voir, dans ce livre, Bonaparte est un policier australien qui parcourt la brousse pour résoudre ses enquêtes. Je n'aime pas beaucoup les romans policiers mais dès le début du livre, je me suis retrouvée plongée en Australie à parcourir les routes avec ce drôle de policier moitié blanc, moitié aborigène. Sans connaître ce nom, je n'aurais jamais été intéressée par ce livre, mais maintenant je veux le lire jusqu'à la dernière page.

Comme elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant