chapitre 20

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CASSETTE DEUX, FACE B





« kinda hard to love a girl like me

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« kinda hard to love a girl like me. »







MA TÊTE va exploser. Je continue mon solo en piano malgré tout, sous les applaudissements des élèves. On m'avait demandé de jouer du piano pour les funérailles d'Hannah. Du jour au lendemain. J'avais composé une mélodie que je trouvais jolie, et j'me suis retrouvée sur le banc, face à un piano de riche que je ne connaissais même pas, à jouer devant des centaines de personnes. Tout le lycée y était conviés. Pour faire bonne impression, m'avait confié le proviseur.


Lorsque la dernière note résonne dans la pièce immense, je m'empresse de me lever du banc pour quitter la scène. Il y eu un silence dans la salle, puis, des applaudissements. Ils applaudissement pour mon solo, pas pour la mort d'Hannah. Mais moi, je voulais qu'il applaudisse la mort d'Hannah, pas ma performance. J'avais cette étrange impression de jouer pour mes propres funérailles. Ils applaudissaient ma mort à moi, pas la sienne.


— Carter, c'est ça?

Je me retourne brusquement dans la loge lorsqu'une voix de femme m'appelle. C'était elle. Madame Baker. Pourquoi Hannah était-elle à ses côtés, me souriant de toutes ses dents? Bordel, mes yeux devaient être rouges, brillants, dilatés.

— Merci d'avoir joué pour elle.


— J'ai joué pour moi, pas pour elle, je lance simplement.

Elle me lance un regard surpris, auquel je ne réponds pas, me contentant simplement de balayer l'air de la main. Fini la mascarade, je n'étais pas actrice.
Madame Baker savait aussi bien que moi, que personne n'était là par sincérité. À part Clay. Peut être moi, aussi.

— Je sais, Carter. Hannah m'avait parlé de toi.


— Ah.

Je m'occupe de ranger mes affaires tandis qu'elle s'assoit sur un siège de ma loge, les bras croisés.
Elle allait finir par comprendre que je ne voulais pas lui parler? Sa présence me mettait mal à l'aise. J'avais l'impression de parler avec elle, mais aussi avec Hannah.

— Merci, d'avoir été là pour elle.

— J'étais pas là pour elle.

Elle soupire, me voyant nier en bloc, mais continue quand même son discours à la con.

— Je n'ai aucunes idées de ce qui a pu se passer à Liberty pour qu'Hannah en arrive là. Mais j'ai bien l'intention de comprendre, et je suis persuadée que tu m'aidera.


Je me tourne brusquement vers elle, et mon sachet de Lsd s'écrase lourdement sur le sol, attirant le regard de la mère de famille vers le sol. Elle s'empresse de ramasser mon sachet, et le regarde avec attention.

— Vous vous trompez, madame Baker.

Je lui reprends le sachet des mains, et enfile ma veste, hissant mon sac sur mon épaule, et claque la porte de la loge pour sortir le plus rapidement du lycée.




[...]



Tyler Down. Plus communément appelé, « le pervers a l'appareil. »

Il fut un temps où, Tyler était banal. Ce garçon un peu pâle, timide, et triste. Lorsque, pour la première fois dans ma vie, je m'étais retrouvé dans la même classe que lui durant la troisièmes années de ma primaire, j'avais été intrigué. Ce type n'était pas méchant, mais étrange. J'avais toujours Tyler comme quelqu'un d'obsédé par la popularité. Il cherchait toujours à se faire remarquer en tentant d'humilier les gens grâce à ses talents de photographe. Malheureusement pour lui, il lui est arrivé tout le contraire. Tyler est devenu le pervers, l'obsédé, le violeur, la bête noire du lycée.


Il était encore moins apprécié que Hannah Baker. À vrai dire, ce mec devait avoir un mental en acier pour supporter tout ce harcèlement sans avoir envie de se jeter d'un pont.
Moi, j'me contentais de le regarder étrangement lorsqu'il me fixait, et de lui demander de supprimer les photos qu'il prenait de moi en secret. Apparemment, Tyler n'était pas aussi docile avec moi qu'avec Hannah si il était sur une cassette.

— C'est parti.

Je lance le bouton play, et me laisser bercer par la voix marquée d'un accent d'Hannah. Sa voix se brisait presque à la fin de chacune de ses phrases, et je ne cessais de m'insulter. J'avais rien vu. Rien vu du tout. J'aurais pu l'aider. En y repensant, elle m'avait tendue des tas et des tas de perches pour l'aider. Mais j'l'ai avais évité, comme tout le monde.

J'avais terminé. Tyler était encore plus tordu que ce que je pensais. Ces cassettes étaient-elles vraies? Toutes? Jusqu'à présent, Hannah avait tenue parole et n'avait raconté que la vérité, rien que la vérité. Mais je n'en étais qu'à la face B de la seconde. Il fallait que je parle à Courtney. Elle était celle qui avait tenu compagnie à Hannah cette soirée là. Cette fameuse soirée pour coincer ce stalker pervers.

Était ce Tyler?

— Carter? Ça va?


Je sursaute lorsqu'on m'enlève un écouteur, et m'écarte de l'intrus d'un mouvement brusque. La tête blonde de Scott apparaît devant moi, et je soupire en me levant, remettant par la même occasion mon deuxième écouteur.
Il attrape rapidement mon avant bras pour m'empêcher de partir, et me ramène contre lui pour poser ma tête contre son torse.


— Pourquoi tu pleures? il murmure en passant sa main sur ma joue, bébé...


— Je pleure p...


Lorsqu'il me montre son tee shirt mouillé par mes larmes, je soupire. Scott ne m'avait pas parler depuis presque trois mois, et je le regrettais beaucoup. Mais pour son bien, il devait rester éloigné de moi.

— Va-t-en, Scott.

Il me regarde, étonné, et soupire en voyant le sachet de Lsd dans ma poche de sac. Il serre les dents sans rien dire et s'éloigne de moi, les mains glissées dans ses poches. Désolée, Scott, mais c'est pour ton bien.

𝐄𝐔𝐏𝐇𝐎𝐑𝐈𝐄, thirteen rwOù les histoires vivent. Découvrez maintenant