Chapitre 1

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Jamais je n'aurais pensé que ça recommencerait... Et pourtant c'est bien le cas. Le fait d'avoir pu faire une rentrée dans le lycée où tous les amis que je m'étais fait durant l'année de troisième avait été trop beau. Et pourtant nous revoilà, sur la route. Quand cela cessera-t-il ? Le mois de septembre touche presque à sa fin, alors pourquoi ? Pourquoi avoir encore décidé de déménager ? Je m'y étais fait, moi, à ce nouvel établissement, à ce nouveau lycée. Devoir changer de maison tous les ans était déjà assez agaçant. Mais devoir le faire alors que l'année scolaire venait de commencer me mettait dans un état de colère profonde. J'avais espéré, vraiment espéré que mes parents décident de rester. Seulement ce n'était qu'une question de temps. Une question de temps avant qu'ils m'annoncent, une semaine avant, que nous déménagions encore une fois.

Mon prénom ? Gwenaël Angélia. Je suis un garçon de seize ans qui commence son année de seconde. Je suis châtain aux yeux bleu clair et je mesure un mètre soixante-quinze. Je suis du genre à sourire tout le temps d'habitude mais pas aujourd'hui, pas maintenant. Mon chien, Jack, dont la présence vient de m'être rappelée par le frottement de sa queue contre ma jambe gauche, est un berger allemand. Un berger allemand qui, comme moi, en a plus qu'assez que de rester assis. La banquette arrière où je me tiens est encombrée de cartons. Quant au coffre, il est dans le même état. On ne pourrait même pas y glisser une feuille de papier. Je souffle de mécontentement. Encore ? Sérieusement ? Ma mère décide de se retourner. Je lui lance un regard mauvais avant qu'elle ne décide de renoncer à un quelconque dialogue.

Lydia Angélia, femme de quarante ans, ma mère. Je n'en reviens toujours pas d'avoir hérité de ses yeux et non pas de sa belle chevelure dorée. Quant à mon père qui se tient au volant, j'étais son portrait craché étant jeune. Maintenant ce n'est plus le cas. Il est brun quoiqu'un peu grisonnant et est aussi âgé de quarante ans, comme ma mère. Je n'arrive pas à me sortir de la tête la traîtrise de ce qu'ils m'ont fait. Me prévenir une semaine avant que nous redéménagions !

Pour en revenir à notre trajet, il nous aura fallu dix heures de route pour rejoindre notre « nouvelle » maison. Nouvelle ? Non ce n'est pas une nouvelle maison. Disons juste un bâtiment de secours pour une année. J'espère qu'ils n'ont pas trouvé un taudis ou je ne sais pas quoi encore et qu'il y aura un jardin pour Jack. Au loin se dressent les premières maisons et un panneau nous indiquant que nous étions arrivés : Destinée. Un nom de ville qui n'est pas très commun, pensais-je ironique. Est-ce qu'il doit être symbolique ? Je n'y prête pas attention et explore du regard les nouveaux bâtiments qui se dessinent devant mes yeux. Je conclus très vite que cette ville est immense et que tous les bâtiments sont blancs. A l'exception du lycée que nous venons tout juste de dépasser. Nous continuons notre chemin et arrivons vraiment très vite devant la maison qui nous est réservée. Un homme nous y attend, à moitié assis sur le capot de sa voiture. L'agent immobilier sans doute. Il est assez jeune, la trentaine peut-être, et il est habillé avec un jean bleu, un col de chemise blanche dépasse de son pull gris et vient frotter sur sa barbe brune de trois jours. La voiture s'arrête et je ne sais pas si je dois descendre ou bien alors rester dans la voiture le temps de la visite. Je réfléchis un instant tout en regardant la grande demeure qui se dresse juste devant moi, puis, sans trop de convictions, je descends de la voiture avec Jack en laisse. L'homme nous sert donc la main et me demande s'il peut caresser mon chien. Je fais oui de la tête et mon berger allemand ne bouge pas d'un centimètre lorsqu'il approche la main de sa tête.

Nous commençons sans plus tarder la visite. L'agent nous emmène d'abord sur le perron couvert par le premier étage de la maison où, de chaque côté de la porte se trouve un banc blanc. La porte est blanche elle aussi mais nous apercevons une vitre tout en hauteur à droite de celle-ci. Mon père pousse la porte et nous atterrissons dans un grand hall d'entrée. Un escalier en bois nous est offert sur le mur de gauche où une entrée se dessine. Seulement l'agent immobilier préfère commencer vers la porte de droite. C'est le salon. Il paraît plutôt grand et les deux grandes fenêtres sur le mur en face de la porte apportent beaucoup de lumière. Nous continuons avec une autre porte qui est collée au mur de gauche de cette pièce. C'est le bureau. Rien de bien extraordinaire. Une pièce rectangulaire qui n'est pas indispensable dans une maison. Nous repassons par l'entrée pour aller là où je voulais commencer : la porte de gauche. C'est la cuisine. Elle est immense avec beaucoup d'appareils électroménagers qui pourront sûrement servir à mon père lorsqu'il cuisinera. Un grand îlot est présent dans la pièce et les meubles de la cuisine sont tous répartis dans le coin de droite couvrant alors le mur de droite et le mur perpendiculaire à celui-ci jusqu'à une arcade. Le plan de travail ainsi que l'îlot sont en granite noir ce qui les fait ressortir. En face de la porte nous pouvons voir un comptoir en bois clair avec trois tabourets. Je décide de me poser là le temps que nous sommes dans cette pièce. Jack, toujours en laisse, me suit et s'assoit au même moment que moi. Je regarde par l'arcade, encore une grande pièce qui a une porte blanche. Qu'y-a-t-il derrière ? Je pense que c'est tout simplement le jardin. J'accompagne mes parents dans cette pièce et attend pendant qu'ils découvrent la chambre parentale. A ce que j'entends, il y a une salle de bains qui est reliée à la chambre. J'espère ne pas avoir à l'emprunter pour faire ma toilette.

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