Chapitre 23

5 0 0
                                    

Je me souviens des paroles de Lucie : « Il ne fait aucun doute que ton élément primaire est l'air, n'est-ce pas Liana ? » Je... Je... Je ne sais plus quoi dire, ni faire. Je ne me sens pas changé et pourtant c'est bien le cas. Mes ailes se déplient une nouvelle fois et je pense à tous ces t-shirts qui auront le privilège d'être étirés puis déchirés par celles-ci. Ma première pensée est... Déroutante. J'ai beaucoup trop vite accepté ma nouvelle condition. Ma magnifique chemise blanche, enfin ce qu'il en reste... La douleur m'a rendue fou et m'a poussée à l'arracher. Cette douleur qui me liquéfiait et me brûlait les entrailles. Je me réjouis que toute cette histoire soit enfin derrière moi, toute cette douleur maintenant terminée. Du moins, pour le moment, car ce n'est que la première des cinq transformations que je vais devoir subir. Je tourne en rond, tel un poisson rouge dans son bocal, depuis je ne sais plus combien de temps. Il faut aussi dire que le fait de ne pas avoir de fenêtres dans cette pièce nous fait perdre la notion du temps assez rapidement. Seulement, la boule de feu brille bien plus qu'à son habitude et dans mes souvenirs une image menaçante refait surface. Est-ce que le filtre qui nous empêche d'éprouver des émotions néfastes dans cette pièce peut être un problème ? La peur est-elle une émotion considérée comme néfaste ? Je le pense fort malheureusement. Je ne peux pas m'empêcher de sourire et pourtant... C'est bien la première chose qu'il m'est venu à l'esprit quand je me suis rendu compte qu'il fallait que j'accepte ma nouvelle condition. Et quoi de mieux que de ne pas avoir le choix que d'avoir de bons sentiments ? C'est ainsi que, dans un élan de précipitation, je me suis retrouvé dans la pièce magique afin de reprendre mes esprits et de me familiariser avec ces nouveaux pouvoirs et cette nouvelle force et puissance que je sens parcourir mes veines. Je ne me sens pas changé... Et pourtant...

La sorcellerie n'est pas un jeu. Ce sont bien les mêmes mots que Liana n'a pas arrêté de répéter que ce soit pour moi que pour Lucie qui s'amuse à utiliser ses pouvoirs pour nous analyser et qui ne fait que m'énerver. Maintenant je comprends. Cette puissance qui nous envahit, ce bonheur que nous procure l'utilisation de nos pouvoirs... Nous pourrions y succomber très rapidement et ne plus avoir d'accroche à la réalité. Succomber au pouvoir et nous autodétruire. Alors non, j'en suis conscient à présent, moi qui prenais ça à la légère. La sorcellerie n'est pas un jeu. C'est bien tentant tout ça mais... Non, très peu pour moi. Je ne suis pas si faible pour sombrer. Je ne sombrerais pas. Je veux juste voir de quoi je suis capable.

Un léger vent vient s'installer alors que je l'invoque. Parfait ! Je ne suis pas totalement incapable. Je PEUX utiliser mes pouvoirs ! Mais après tout, quels sont-ils ? C'est bien beau cette transformation, ce changement de conditions mais qu'est-ce que je peux faire ? Jouer avec la lumière ? Je dirige mes mains vers un faisceau de lumière émis par la boule de feu et le déploie, un arc-en-ciel se crée entre celles-ci.

« Pas mal ! Dis-je, joyeux. »

Je tombe à court d'idées rapidement et décide enfin de sortir, tout sourire, heureux de pouvoir enfin me désigner comme un sorcier. Et dire que j'avais peur, que j'étais terrorisé à l'idée que ma vie ne change. Je n'aurais pas dû m'emporter si facilement, je n'aurais pas dû être aussi têtu, arrogant. Après tout, c'est pour nous que Mère Nature fait ça. Me voilà donc dans ma chambre. Et dire que j'avais utilisé la clé sur la porte du foyer. Quel mystère que cette pièce et ses cinq fauteuils bordeaux tellement moelleux et confortables ! Je souris à cette pensée ce qui ne manque pas d'échapper à Lucie et Julien tous les deux assis sur mon lit.

« Qu'est-ce qui te fait rire ? Demande Julien mécontent. Tu crois vraiment que c'était quelque chose à faire juste après l'apparition de ta marque, Gwenaël ?

Les reproches qu'il me fait sont justifiées mais ne m'atteignent pas. Je ne peux pas enlever ce sourire de mes lèvres.

- Tout va bien ? Me questionne Lucie. Tu souris bêtement depuis que tu es sorti de la pièce. S'est-il passé quelque chose là-dedans ?

Hidden MysteryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant